[FUCKING SERIES] : Scott Pilgrim prend son envol : Ramona vs. The World
(Critique - avec spoilers - de la saison 1)
Du " pourquoi " au " pourquoi pas ", il n'y a souvent - littéralement - qu'un pas.
C'est bateau certes, mais c'est une vérité qui caractérise pleinement la vision de la série animée Scott Pilgrim Takes Off/Scott Pilgrim prend son envol, dont on attendait beaucoup, sans doute trop pour son bien.
Le " pourquoi " s'imposait déjà à la création même du projet, par une Netflix qui avait flairé le bon coup pour capitaliser sur un petit monument du culte de la pop-culture fan base solide, tant rien ne légitimait réellement (aussi fidèle puisse t-elle être) l'idée d'adapter à nouveau un matériau d'origine - celui de Bryan Lee O'Malley - qui se suffit toujours amplement à lui-même, ni de lorgner sur sa merveilleuse retranscription ciné (l'un des meilleurs blockbusters de ses vingt dernières années).
Un " pourquoi " qui émergeait de nouveau après le virage du premier épisode, dont les répliques autant que les gags visuels sont quasiment identiques où presque, au Scott Pilgrim vs. The World d'Edgar Wright, jusqu'à la présence au casting vocal de toute sa distribution.
Mais très vite, au gré d'un final se démarquant gentiment des attentes (et qui, au fond, n'a rien à voir avec les autres épisodes du show), la série prend, tout comme l'indique le titre, son " envol " et ainsi, le " pourquoi pas " s'impose et ce, même si toutes les pièces de ce pas totalement nouveau puzzle, ne s'emboîtent pas aussi parfaitement qu'elles le devraient.
Car ce qui s'apparentait à un pâle remake avec le premier épisode, n'est en fait qu'un appât élaboré pour nous amener vers une tournure complètement différente d'une histoire que l'on connaît pourtant, sur le bout des ongles.
De Scott Pilgrim vs. The World, le show se transforme tout naturellement en un Ramona Flowers vs. The World, où Ramona conclut par elle-même sa propre histoire avec ses sept ex maléfiques, tandis que la narration offre plus de profondeurs à des personnages secondaires jusqu'ici - presque - fonctionnels : Knives Chau n'est plus qu'une ado caractérisée uniquement par son amour béat pour Scott (on revient même sur la dynamique de pouvoir douteuse, Roxy a une importance plus prononcé (et même un vrai arc émotionnel),...
Profondément introspective, mature mais surtout moderne (Ramona, qui affronte son passé parfois sordide et se réconcilie même avec certains de ses ex, n'est plus l'objet passif des aspirations de Scott : elle est désormais en quête de sa propre identité), cette réinvention qui n'en est pas totalement une, ne renonce pourtant pas pour autant au sel de ses deux figures tutélaires, d'une splendide animation - signée Abel Góngora - qui renoue avec l'expressivité fantasque de la bande dessinée autant qu'elle épouse toutes ses influences (notamment du côté des shōnen, même si la folie des Looney Tunes n'est jamais loin), à son humour charmeur et complice, en passant par une action majoritairement ludique et extravagante (aussi cinétique que dans le long-métrage).
Tout juste pourra t-on, in fine, reprocher à cette nouvelle itération un petit manque de caractère et de personnalité plus affirmée, tant ses envolées spectaculaires s'avèrent parfois aussi superflues (car plus un gadget " Pilgrimien " qu'une vraie nécessité s'intégrant naturellement à l'histoire) que sa narration, un brin brouillonne et obscure, a tout d'un exposé à la fois grisant dans sa manière de converser autant avec l'œuvre de O'Malley et le film de Wright, mais laborieux sur les bordures.
Léger et entraînante évolution d'une œuvre résolument plus dense qu'elle n'y paraît, intelligemment vissée, dans un mélange de confort nostalgique et de vraie conscience de soi (justifiant totalement sa vision contemporaine, savamment expurgé de tous les oripeaux putassiers de la fan-fiction mal dégrossie), sur le personnage le plus complexe de son histoire, Scott Pilgrim prend son envol ne triomphe pas de tous ses combats, mais elle nous donne pleinement l'envie d'appuyer sur " Continue ", pour une seconde saison deja teasée et potentiellement pleine de promesses...
Jonathan Chevrier
Du " pourquoi " au " pourquoi pas ", il n'y a souvent - littéralement - qu'un pas.
C'est bateau certes, mais c'est une vérité qui caractérise pleinement la vision de la série animée Scott Pilgrim Takes Off/Scott Pilgrim prend son envol, dont on attendait beaucoup, sans doute trop pour son bien.
Le " pourquoi " s'imposait déjà à la création même du projet, par une Netflix qui avait flairé le bon coup pour capitaliser sur un petit monument du culte de la pop-culture fan base solide, tant rien ne légitimait réellement (aussi fidèle puisse t-elle être) l'idée d'adapter à nouveau un matériau d'origine - celui de Bryan Lee O'Malley - qui se suffit toujours amplement à lui-même, ni de lorgner sur sa merveilleuse retranscription ciné (l'un des meilleurs blockbusters de ses vingt dernières années).
Un " pourquoi " qui émergeait de nouveau après le virage du premier épisode, dont les répliques autant que les gags visuels sont quasiment identiques où presque, au Scott Pilgrim vs. The World d'Edgar Wright, jusqu'à la présence au casting vocal de toute sa distribution.
Copyright Netflix |
Mais très vite, au gré d'un final se démarquant gentiment des attentes (et qui, au fond, n'a rien à voir avec les autres épisodes du show), la série prend, tout comme l'indique le titre, son " envol " et ainsi, le " pourquoi pas " s'impose et ce, même si toutes les pièces de ce pas totalement nouveau puzzle, ne s'emboîtent pas aussi parfaitement qu'elles le devraient.
Car ce qui s'apparentait à un pâle remake avec le premier épisode, n'est en fait qu'un appât élaboré pour nous amener vers une tournure complètement différente d'une histoire que l'on connaît pourtant, sur le bout des ongles.
De Scott Pilgrim vs. The World, le show se transforme tout naturellement en un Ramona Flowers vs. The World, où Ramona conclut par elle-même sa propre histoire avec ses sept ex maléfiques, tandis que la narration offre plus de profondeurs à des personnages secondaires jusqu'ici - presque - fonctionnels : Knives Chau n'est plus qu'une ado caractérisée uniquement par son amour béat pour Scott (on revient même sur la dynamique de pouvoir douteuse, Roxy a une importance plus prononcé (et même un vrai arc émotionnel),...
Copyright Netflix |
Profondément introspective, mature mais surtout moderne (Ramona, qui affronte son passé parfois sordide et se réconcilie même avec certains de ses ex, n'est plus l'objet passif des aspirations de Scott : elle est désormais en quête de sa propre identité), cette réinvention qui n'en est pas totalement une, ne renonce pourtant pas pour autant au sel de ses deux figures tutélaires, d'une splendide animation - signée Abel Góngora - qui renoue avec l'expressivité fantasque de la bande dessinée autant qu'elle épouse toutes ses influences (notamment du côté des shōnen, même si la folie des Looney Tunes n'est jamais loin), à son humour charmeur et complice, en passant par une action majoritairement ludique et extravagante (aussi cinétique que dans le long-métrage).
Tout juste pourra t-on, in fine, reprocher à cette nouvelle itération un petit manque de caractère et de personnalité plus affirmée, tant ses envolées spectaculaires s'avèrent parfois aussi superflues (car plus un gadget " Pilgrimien " qu'une vraie nécessité s'intégrant naturellement à l'histoire) que sa narration, un brin brouillonne et obscure, a tout d'un exposé à la fois grisant dans sa manière de converser autant avec l'œuvre de O'Malley et le film de Wright, mais laborieux sur les bordures.
Copyright Netflix |
Léger et entraînante évolution d'une œuvre résolument plus dense qu'elle n'y paraît, intelligemment vissée, dans un mélange de confort nostalgique et de vraie conscience de soi (justifiant totalement sa vision contemporaine, savamment expurgé de tous les oripeaux putassiers de la fan-fiction mal dégrossie), sur le personnage le plus complexe de son histoire, Scott Pilgrim prend son envol ne triomphe pas de tous ses combats, mais elle nous donne pleinement l'envie d'appuyer sur " Continue ", pour une seconde saison deja teasée et potentiellement pleine de promesses...
Jonathan Chevrier