[FUCKING SERIES] : Loki saison 2 : Panique à la TVA (le MCU ?)
(Critique - avec spoilers - de la saison 2)
Et si la plus grande erreur du MCU post-Avengers : Endgame, n'était pas tant de s'être foiré dans les grandes largeurs pour tenter de concocter un nouvel univers partagé aussi cohérent (manqué) qu'attrayant (encore manqué, malgré la carte du multiverse), mais d'avoir oublier l'essentiel : le plus important dans la volonté de raconter une histoire, super-héroïque où non, c'est bel et bien de se focaliser sur son (où ses) personnage, et de ne jamais le perdre de vue en cours de route.
C'est le plus gros piège qu'il avait su plus ou moins bien éviter jusqu'ici, quand bien même plusieurs de leurs suites laissaient sensiblement à désirer, mais depuis l'avènement de la Phase IV, Marvel a commis l'erreur (fatale ?) de vouloir rendre son univers, devenu multiple, plus important que les " histoires " qu'elle a cherché à nous raconter, d'autant que la paresse volontaire derrière la manière dont elle l'a fait, ne fait qu'accentuer encore un petit peu plus la sensation de foutage de gueule général.
Si la première saison du show, incarnait ce que la firme avait offert de mieux sur les quatre dernières années - avec WandaVision -, la seconde saison (et visiblement la dernière) de Loki enterre pourtant très vite tous les jolis efforts passés, au cœur d'une salve d'épisodes au propos terriblement méta : contrecarrer un chaos qui semble inévitable.
Sur le papier, la série a tout du bac à sable géant profondément jouissif, d'un casting totalement voué à sa cause (quel bonheur de pouvoir retrouver Tom Hiddleston, et même un Owen Wilson totalement impliqué dans un rôle, au-delà de ses apparitions fugaces et régulières chez Wes Anderson) à un MacGuffin scénaristique - le voyage dans le temps - qui a tout de l'excuse parfaite pour tout oser.
Mais dans son exécution, quelque chose cloche, et même si l'on se plonge avec un certain plaisir dans la logistique d'expansion et de l'effondrement colossal du multivers, plus encore que n'importe quelle proposition du MCU, le désastre introduit dans le final de la saison 1 n'arrive jamais réellement à être ancrer dans l'écriture de cette suite directe, n'arrive jamais à impliquer son auditoire, et encore moins émotionnellement, quand bien même l'ultime épisode se veut comme la conclusion du parcours de Loki et de ses quelques absurdités temporelles.
Comme si la série avait perdu son mojo dès le virage - encore plus fragile que le précédent - de la Phase V, comme si la série n'était plus devenu qu'une pièce douloureusement interchangeable, une singularité perdant justement sa singularité, pour devenir une simple pièce du maintien d'une continuité vampirisante.
Et pourtant, il est impossible de ne pas admettre que le Dieu de la Malice n'est pas ressorti grandit de cette aventure parallèle et canon à la fois, tant auprès de l’autorité institutionnelle de la TVA, il a embrassé encore un peu plus son statut d'anti-héros, un personnage rebelle mais sur qui compter malgré tout (il est a pris la place de Celui Qui Demeure), un Dieu qui se sacrifie, plus encore que son demi-frère, pour sauver l'univers - un vrai super-héros de l'ombre, une sacrée belle évolution.
Mais l'écriture de cette seconde saison reste trop en surface, surnage beaucoup trop dans les eaux abstraites d'un concept qui semble de plus en plus la dépasser, pour ne pas s'empêcher de nombreuses incohérences qui fissurent son édifice jusqu'ici, en apparence, solide.
Le pire faux-pas réside certainement dans le fait que ces nouveaux épisodes, à la différence de leurs aînés, ne confèrent jamais assez de substance, de profondeur à ses personnages (sauf Don/Mobius, de manière expéditive dans le dernier épisode) devenus des fonctions de l'intrigue plus qu'autre chose; un comble quant on sait que le pivot majeur de cette seconde saison, est idéologique (la notion de libre arbitre, qui résidait justement dans le choix de Sylvie de tuer Celui Qui Demeure dans le final de la saison 1, et ainsi se libérer de l'ingérence de la TVA).
Même le personnage de Victor Temly, dont la présence a certainement dû être retravaillé en amont (en attendant le recast de Jonathan Majors ?), n'a pas réellement d'impact et est, tout au mieux, un obstacle visant à rappeler le visage de Kang, à ceux qui auraient oublié le carnage Ant-Man et la Guêpe : Quantumania de février dernier.
L'ironie est dès lors de voir que le nouveau personnage le plus " important " de la saison s'appelle Ouroboros (campé par le toujours aussi attachant Ke Huy Quan), le symbole même d'un show qui s'est lui-même mordu la queue, symbole lui-même d'un MCU qui n'a eu de cesse de le faire depuis Avengers : Endgame (voire même avant).
S'il reste à voir quel impact cette seconde saison pourrait avoir sur le reste d'un univers cinématographique finalement tout aussi chaotique (la TVA sera de retour pour Deadpool 3, et aura logiquement sa place dans les futures guerres contre les Kangs), la déception n'en reste pas moins de mise tant si jadis, Loki avait su être son propre (et excellent) théâtre des merveilles, elle est devenue aujourd'hui la glue bon marché tenant comme elle le peut et ensemble, les fils narratifs d'un MCU à la dérive...
Jonathan Chevrier
Et si la plus grande erreur du MCU post-Avengers : Endgame, n'était pas tant de s'être foiré dans les grandes largeurs pour tenter de concocter un nouvel univers partagé aussi cohérent (manqué) qu'attrayant (encore manqué, malgré la carte du multiverse), mais d'avoir oublier l'essentiel : le plus important dans la volonté de raconter une histoire, super-héroïque où non, c'est bel et bien de se focaliser sur son (où ses) personnage, et de ne jamais le perdre de vue en cours de route.
C'est le plus gros piège qu'il avait su plus ou moins bien éviter jusqu'ici, quand bien même plusieurs de leurs suites laissaient sensiblement à désirer, mais depuis l'avènement de la Phase IV, Marvel a commis l'erreur (fatale ?) de vouloir rendre son univers, devenu multiple, plus important que les " histoires " qu'elle a cherché à nous raconter, d'autant que la paresse volontaire derrière la manière dont elle l'a fait, ne fait qu'accentuer encore un petit peu plus la sensation de foutage de gueule général.
Copyright Disney+ |
Si la première saison du show, incarnait ce que la firme avait offert de mieux sur les quatre dernières années - avec WandaVision -, la seconde saison (et visiblement la dernière) de Loki enterre pourtant très vite tous les jolis efforts passés, au cœur d'une salve d'épisodes au propos terriblement méta : contrecarrer un chaos qui semble inévitable.
Sur le papier, la série a tout du bac à sable géant profondément jouissif, d'un casting totalement voué à sa cause (quel bonheur de pouvoir retrouver Tom Hiddleston, et même un Owen Wilson totalement impliqué dans un rôle, au-delà de ses apparitions fugaces et régulières chez Wes Anderson) à un MacGuffin scénaristique - le voyage dans le temps - qui a tout de l'excuse parfaite pour tout oser.
Mais dans son exécution, quelque chose cloche, et même si l'on se plonge avec un certain plaisir dans la logistique d'expansion et de l'effondrement colossal du multivers, plus encore que n'importe quelle proposition du MCU, le désastre introduit dans le final de la saison 1 n'arrive jamais réellement à être ancrer dans l'écriture de cette suite directe, n'arrive jamais à impliquer son auditoire, et encore moins émotionnellement, quand bien même l'ultime épisode se veut comme la conclusion du parcours de Loki et de ses quelques absurdités temporelles.
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Comme si la série avait perdu son mojo dès le virage - encore plus fragile que le précédent - de la Phase V, comme si la série n'était plus devenu qu'une pièce douloureusement interchangeable, une singularité perdant justement sa singularité, pour devenir une simple pièce du maintien d'une continuité vampirisante.
Et pourtant, il est impossible de ne pas admettre que le Dieu de la Malice n'est pas ressorti grandit de cette aventure parallèle et canon à la fois, tant auprès de l’autorité institutionnelle de la TVA, il a embrassé encore un peu plus son statut d'anti-héros, un personnage rebelle mais sur qui compter malgré tout (il est a pris la place de Celui Qui Demeure), un Dieu qui se sacrifie, plus encore que son demi-frère, pour sauver l'univers - un vrai super-héros de l'ombre, une sacrée belle évolution.
Mais l'écriture de cette seconde saison reste trop en surface, surnage beaucoup trop dans les eaux abstraites d'un concept qui semble de plus en plus la dépasser, pour ne pas s'empêcher de nombreuses incohérences qui fissurent son édifice jusqu'ici, en apparence, solide.
Le pire faux-pas réside certainement dans le fait que ces nouveaux épisodes, à la différence de leurs aînés, ne confèrent jamais assez de substance, de profondeur à ses personnages (sauf Don/Mobius, de manière expéditive dans le dernier épisode) devenus des fonctions de l'intrigue plus qu'autre chose; un comble quant on sait que le pivot majeur de cette seconde saison, est idéologique (la notion de libre arbitre, qui résidait justement dans le choix de Sylvie de tuer Celui Qui Demeure dans le final de la saison 1, et ainsi se libérer de l'ingérence de la TVA).
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Même le personnage de Victor Temly, dont la présence a certainement dû être retravaillé en amont (en attendant le recast de Jonathan Majors ?), n'a pas réellement d'impact et est, tout au mieux, un obstacle visant à rappeler le visage de Kang, à ceux qui auraient oublié le carnage Ant-Man et la Guêpe : Quantumania de février dernier.
L'ironie est dès lors de voir que le nouveau personnage le plus " important " de la saison s'appelle Ouroboros (campé par le toujours aussi attachant Ke Huy Quan), le symbole même d'un show qui s'est lui-même mordu la queue, symbole lui-même d'un MCU qui n'a eu de cesse de le faire depuis Avengers : Endgame (voire même avant).
S'il reste à voir quel impact cette seconde saison pourrait avoir sur le reste d'un univers cinématographique finalement tout aussi chaotique (la TVA sera de retour pour Deadpool 3, et aura logiquement sa place dans les futures guerres contre les Kangs), la déception n'en reste pas moins de mise tant si jadis, Loki avait su être son propre (et excellent) théâtre des merveilles, elle est devenue aujourd'hui la glue bon marché tenant comme elle le peut et ensemble, les fils narratifs d'un MCU à la dérive...
Jonathan Chevrier