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[CRITIQUE] : Gueules Noires


Réalisateur : Mathieu Turi
Avec : Samuel Le Bihan, Amir El Kacem, Jean-Hugues Anglade, Thomas Solivérès,…
Distributeur : Alba Films
Budget : -
Genre : Aventure, Fantastique
Nationalité : Français
Durée : 1h43min

Synopsis :
1956, dans le nord de la France. Une bande de mineurs de fond se voit obligée de conduire un professeur faire des prélèvements à mille mètres sous terre. Après un éboulement qui les empêche de remonter, ils découvrent une crypte d’un autre temps, et réveillent sans le savoir quelque chose qui aurait dû rester endormi…


Critique :

Troisième long métrage pour Mathieu Turi avec Gueules Noires, nouvel exercice horrifique qui nous embarque dans le labyrinthe des mines du nord de la France. Dans le paysage d’épouvante-horreur, nous pouvons compter sur Mathieu Turi qui, depuis 2017, s’empare du genre afin de lui rendre ses lettres de noblesse à la française.

Une noblesse toute littéraire car le décor a été en partie emprunté à la série Germinal, adaptation du célèbre roman de Zola. Contrairement à ce récit, il n’est pas question de grève dans Gueules Noires. Énorme machine, la mine tourne à plein régime. Le film s’inscrit dans un contexte historique et il le restitue d’une manière précise. La main-d'œuvre venant du Maghreb, le racisme latent, les conditions effroyables des mines, le danger constant… Quand un scientifique demande à descendre à plus de mille mètres dans une des parties les plus dangereuses de la mine, il ne met pas bien longtemps à convaincre le directeur, une enveloppe bourrée de billets aidant. Faisant fi de la prudence, Bertier (le scientifique) envoie l’équipe de mineurs qui lui sert de guide dans la gueule du loup.

Copyright 2023 – Full Time Studios et Marcel Films

Le public le sait avant même que cela se produise, un éboulement va empêcher ces hommes de remonter à la surface, les gardant dans l’antre d’un mal qui s'avère mortifère. Gueules Noires n’a pas vocation de nous étonner dans sa proposition horrifique. Le scénario enchaîne les poncifs du genre et ne s’embarrasse pas de personnages complexes. Que ce soit le professeur Bertier, Roland le chef d’équipe ou l’ensemble des mineurs, tous se caractérisent par leur comportement dans l’action pure. Un dialogue expédie vite et bien le passé valeureux de Roland qui prend la sécurité de ses hommes au sérieux. Mais un petit bonus ne se refuse jamais. Il accepte donc et signe, sans le savoir, la mort de son équipe.

Dans une continuité littéraire, Mathieu Turi cite Lovecraft, s’inspirant de son univers mystique qui place l’humanité à un niveau inférieur. Le lien fait sens, dans un monde où l’on envoie les hommes d’une classe sociale inférieure au charbon (d’où l’expression !), sans se soucier de leur santé ou de leur sécurité. Les corps humains ne sont que de la chair malléable, interchangeable quand celle-ci casse ou pourrit de l’intérieur. Hélas, cette descente aux enfers n’est pas aussi horrifique que nous l’espérions. Le savoir-faire du réalisateur limite la casse mais le résultat est là. Gueules Noires refuse le hors-champ et de ce fait, refuse à son public l’espoir d’un véritable sursaut d’horreur. La mise en scène enchaîne la facilité des codes horrifiques (l’arrêt brutal de musique, le faux jumpscare avant le vrai, etc …) et nous dévoile l’intégralité de la créature (très réussie au demeurant) trop vite, trop tôt. Une petite touche vintage apparaît dans les quelques scènes où le cinéaste fait référence à d’autres films. On pense notamment à Indiana Jones dans ce gros plan des deux protagonistes qui découvrent le monstre pour la première fois. On pense aussi à Fenêtre sur Cours avec l’utilisation de l’appareil photo comme révélateur de la menace imminente.

Copyright Florent Grosnom

On ne peut nier à Mathieu Turi son amour du travail bien fait. La reconstitution de la mine et des conditions des mineurs fait son petit effet, avec une maîtrise de l’espace confiné pour tout univers. Cependant, Gueules Noires trouve vite sa limite, celle d’empêcher les spectateur⋅ices de faire jouer leur imagination. La frustration n’en est que plus grande.


Laura Enjolvy



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