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[CRITIQUE] : Simple comme Sylvain


Réalisatrice : Monia Chokri
Avec : Magalie Lépine-Blondeau, Pierre-Yves Cardinal, Francis-William Rhéaume, Monia Chokri,…
Distributeur : Memento Distribution
Budget : -
Genre : Comédie, Romance.
Nationalité : Canadien, Français.
Durée : 1h50min

Synopsis :
Sophia est professeure de philosophie à Montréal et vit en couple avec Xavier depuis 10 ans. Sylvain est charpentier dans les Laurentides et doit rénover leur maison de campagne. Quand Sophia rencontre Sylvain pour la première fois, c’est le coup de foudre. Les opposés s'attirent, mais cela peut-il durer ?



Critique :


Simple comme Sylvain, estampillé troisième long-métrage de la précieuse cinéaste québécoise Monoa Chokri, c'est avant toute chose la mise en images tendre et simple d'une histoire aussi vieille que le monde : un homme et une femme se rencontrent, et c'est le coup de foudre entre les deux, de ceux dont naisse une attraction aussi puissante qu'écrasante.
Soit Sophia et Sylvain, une professeur de philosophie et un robuste maçon qui travaille sur la résidence d'été de la première, deux personnes qui ne semblent jamais réellement à l'aise dans leur condition.

Le hic, c'est que cette union est adultérine, puisque Sophia est déjà en couple avec Xavier, lui aussi intellectuel, avec qui elle traîne une relation de dix ans, à la fois sans véritable amour ni passion.

Copyright Fred Gervais

Mais le véritable plot twist, plus évident pour qui a déjà pu découvrir les deux précédents efforts de Monia Chokri - Babysitter et La Femme de mon frère -, se loge totalement dans la manière dont la cinéaste s'attaque de manière tranchante au genre codifié de la comédie romantique et dramatique, pour lui apporter sa patte à la fois savoureusement hilarante, mais surtout infiniment crue et réfléchie.

Car, une nouvelle fois, si le film peut se voir comme un nouveau portrait vibrant et émancipateur d'une femme forte et en feu (à qui l'on rappelle trop souvent son âge où même sa condition), il se fait tout autant une exploration Rohmerienne et sensuelle de l'amour, au travers de l'opposition entre sentiment et conflit de classes.
Ou quand la communion et la complicité charnelle entre deux âmes se voient percuter par les limites de l'intellect et des a priori (les deux côtés laissent poindre des notes de mépris, de racisme et même de misogynie gentiment décomplexée), où quand l'électricité de la passion s'oppose à la rhétorique philosophique et analytique de l'amour.

Copyright Fred Gervais

Amèrement drôle, émouvant et percutant, la finesse de l'écriture de Chokri établit tout de suite son intelligence cynique et sa légèreté d'apparence, à travers ses dialogues ciselés qui se font le constat criant d'une société déchirée par les hiérarchies sociales, incapable de se (ré)unir dans la pureté et la spontanéité du sentiment amoureux (ici presque digne d'une passion juvénile).

Ajouté à ça une alchimie folle entre Magalie Lépine-Blondeau et Pierre-Yves Cardinal, ainsi qu'un sens du cadre et du rythme toujours aussi percutant (le tout embaumé dans une photographie sépia savoureusement 70s), et Simple comme Sylvain se fait une nouvelle chronique humaine et précise sur comment épouser qu'il l'on est vraiment, est à la fois une victoire et une défaite.


Jonathan Chevrier


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