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[FUCKING SERIES] : Toute la lumière que nous ne pouvons voir : World War Banal


(Critique - avec spoilers - de la mini-série)


Sans démagogie aucune (on ne parle pas de Prime Vidéo, mais quand-même), il est désormais difficile, à une heure où la plateforme semble bazarder la moindre de ses productions - feuilletonesque comme cinématographique -, de dégager plus d'une série vraiment qualitative chaque année du côté de Netflix, et cette pourtant prolifique année 2023, ne déroge absolument pas à cette règle.

Si la géniale Beef, voire The Diplomat (notre nostalgie rajouterait bien That'90's show, mais c'est un leurre), ont su tirer leur épingle du jeu, le reste du catalogue des séries TV oscille entre le sympathique et le férocement oubliable.

Copyright Netflix

Toute la lumière que nous ne pouvons voir elle, grimpe - où plutôt régresse, c'est selon - d'un cran dans ce qui peut se voir comme un fascinant ratage, un cocktail mélodramatico-artificiel presque épique d'adaptation amorphe d'un best-seller au lyrisme plutôt accrocheur (le roman éponyme d'Anthony Doerr, dont de nombreux points ne se prêtent absolument pas à une adaptation), de direction d'acteurs boiteuse (malgré un Hugh Laurie irréprochable) et d'une accumulation dangereusement gourmande de clichés/stéréotypes éculés.

Porté par des personnages sous-developpés et taillés à la serpe, l'histoire se déroule majoritairement à Saint-Malo, à l'heure de l'occupation nazis, vissée sur les destinées de deux adolescents et de leurs proches : la jeune française aveugle Marie-Laure LeBlanc (Aria Mia Loberti, la seule vraie lumière du show), réfugiée chez son oncle, et Werner Pfennig, un orphelin allemand véritable génie des transmissions radio.
Et d'une manière plus ou moins subtile, imbriquée entre ces deux histoires se retrouve celle de Reinhold von Rumpel, un nazi atteint d'une maladie en phase terminale et à la recherche d'un joyau appelé la Mer de Flammes, dont il est convaincu qu'il est en possession des LeBlanc, à cause de ses prétendues qualités curatives.

Dit comme ça, le show semble en avoir suffisamment dans les bobines pour divertir mais le tandem Knight/Levy atténue scrupuleusement épisode après épisode, le peu de lumière qui jaillis de toutes les personnes impliquées, la faute à une écriture redondante chargée en expositions maladroites et en dialogues bien trop fleuris pour paraître naturels, auquel vient répondre une " production value " typiquement américaine : faire jouer des personnages français et/où étrangers, par des comédiens américains et/où britanniques parlant uniquement anglais où presque - accents bancals à la clé. 

Copyright Netflix

Techniquement accomplit tout autant qu'elle est dénuée de toute subtilité, de réflexion et encore plus d'émotions, Toute la lumière que nous ne pouvons voir , qui réussit la prouesse de faire paraître ses quatre heures de bobines pour - au moins - le double, transforme un fascinant pavé littéraire à la morale nuancée, en un vaudeville friquée et ridiculeusement trop sérieux pour son bien.
La parfaite définition douloureuse d'une expérience télévisée superficielle, désordonnée et furieusement oubliable. 


Jonathan Chevrier


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