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[CRITIQUE] : Ricardo et la peinture


Réalisateur : Barbet Schroeder
Avec : -
Distributeur : Les Films du Losange
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Suisse, Français.
Durée : 1h46min

Synopsis :
Ricardo et le peinture est le portrait que nous propose Barbet Schroeder de son ami le peintre Ricardo Cavallo qui consacre sa vie à la peinture. De Buenos Aires jusqu’au Finistère, en passant par Paris et le Pérou, ce film est une invitation à plonger dans l’histoire de la peinture mais aussi à découvrir la vie de cet homme qui, avec simplicité et humilité, s’est toujours engagé entièrement, jusqu’à transmettre sa passion aux enfants de son village.



Critique :


Et si Wim Wenders et Barbet Schroeder s'étaient donné le mot, pour concocter deux documentaires axés sur deux artistes qu'ils affectionnent tout particulièrement ?
En effet, Ricardo et le peinture semble, sur le papier, pas si éloigné du fantastique Anselm (Le Bruit du temps), où Wenders épousait au plus près l'œuvre du sculpteur et peintre Anselm Kiefer, la sublimait autant qu'il la complétait par le truchement de sa caméra, au coeur d'un effort protéiforme aussi généreux que dénué de tout didactisme.

Mais sur le papier uniquement, car Schroeder préfère plus simplement, entamer un fascinant dialogue avec son ami l'artiste argentin Ricardo Carvallo, dans ce qui peut se voir comme un très beau et réfléchi moment de cinéma, où un cinéaste éclaire le spectateur sur l'existence humble et naturelle d'un peintre qui lui, profite de l'exercice pour transmettre son savoir artistique.

Copyright Les Films du Losange

Doux et habile équilibre entre la célébration de la complexité d'un artiste et de son processus de création (dans une mise en perspective de son travail impressionniste et acharné, au cœur des grottes de la côte bretonne emportées par la mer), qui va totalement à rebours avec la simplicité presque extrême de son quotidien (notamment son régime exclusivement à base de riz et de quelques légumes), Schroeder - qui apparaît également à l'écran - arrive à épouser le pouls de son ami, la passion qu'il a pour l'art et encore plus pour sa transmission.
D'autant que Carvallo n'est jamais distant face à la caméra, il répond sans hésitation aux questions, s'intéresse aux autres, observe et absorbe tout ce qui l'entoure, dans un processus d'échange aussi rafraîchissant qu'enrichissant.

Un homme simple et modeste, qui ne veut se soucier que de son besoin de créer (une simplicité qui lui a permis de vivre dans une petite chambre de bonne parisienne à peine meublé, pendant de nombreuses années), que Barbet Schroeder suit avec un mélange de sincérité et d'estime qui transpire de tous les bords du cadre, dans ce qui peut se voir à la fois comme une masterclass artistique passionnante, et un portrait touchant et inspirant d'un artiste qui a les doigts qui démangent chaque jour que Dieu fait, et qui ne demande qu'à peindre.


Jonathan Chevrier