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[CRITIQUE] : Portraits Fantômes


Réalisateur : Kleber Mendonça Filho
Avec : Kleber Mendonça Filho.
Distributeur : Urban Distribution / Dean Medias
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Brésilien.
Durée : 1h33min

Synopsis :
Portraits fantômes est un voyage multidimensionnel dans la ville de Recife, capitale brésilienne de Pernambuco, à travers le temps, le cinéma, le son, l’architecture et l’urbanisme. Cette visite impressionniste qui associe l’archive, la fiction, l’extrait de film, les souvenirs personnels est à la fois une cartographie de la ville et un hommage à la salle de cinéma qui tout au long du XXème siècle a été ce lieu de convivialité, réceptacle des rêves, des espoirs et des émotions. Dans cette déambulation ludique, les individus se confondent avec les personnages, les lieux avec les décors, les paroles avec les dialogues.



Critique :


Il y a quelque chose de naturel dans le fait que Kleber Mendonça Filho, qui en avait fait le cadre de plusieurs de ses efforts (courts-métrages comme longs-métrages) par le passé, consacre une bonne partie de son documentaire Portraits Fantômes, à sa ville natale Recife, dans un portrait qui se transforme, tout aussi naturellement au fond, à un autoportrait, tant il parle de lui-même et de sa propre histoire pour mieux sublimer sa cité de cœur, sa muse.

Copyright Cinemascopio

Une déclaration d'amour affirmée où par le truchement de sa propre caméra, par le voile cotonneux de la fiction, par l'auscultation des ruines - physiques comme spirituelles et métaphoriques - d'hier et d'aujourd'hui, Filho fait revivre les fantômes de Recife, au moins autant que ses propres fantômes.

Avec sincérité, le cinéaste nous parle, à coups d'archives personnelles et historiques, de la maison que sa défunte mère a achetée lorsqu'elle a divorcé de son père en 1981 - une demeure qui est désormais sienne -, de son quartier d'enfance où même des cinémas du centre-ville qui ont formé son éducation cinématographique (mais ont cruellement fermés les uns derrière les autres, de transformant peu à peu en églises), lieux de savoir et d'ouverture au monde qui, symboliquement avec la montée de l'évangélisme politique au Brésil, ont perdues leur pouvoir fédérateur et rassembleur.

Copyright Joao Carlos Lacerda

C'est dans les vestiges d'un centre-ville désormais abandonné à la précarité, que Filho, formidable conteur et guide avisé, nous raconte sa ville par le lien extraordinaire qui le lie à elle, par la poésie du souvenir et des émotions qu'ils véhiculent, nous raconte sa propre histoire par la manière tendre qu'il a d'habiter ses ruines comme pour mieux leur insuffler un second souffle, une nouvelle vie grâce a la force d'un cinéma qui se fait autant le véhicule mélancolique et sentimentale des souvenirs du passé, qu'un vrai acte de résistance social et politique.

Une merveille d'odyssée délicate et fascinante, rien de moins.


Jonathan Chevrier


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