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[CRITIQUE] : Le Garçon et le Héron


Réalisateur : Hayao Miyazaki
Acteurs : avec les voix de : Gavril Dartevelle, Soma Santoki, Padrig Vion,...
Distributeur : Wild Bunch Distribution
Budget : -
Genre : Animation, Drame, Aventure.
Nationalité : Japonais.
Durée : 2h03min.

Synopsis :
Après la disparition de sa mère dans un incendie, Mahito, un jeune garçon de 11 ans, doit quitter Tokyo pour partir vivre à la campagne dans le village où elle a grandi. Il s’installe avec son père dans un vieux manoir situé sur un immense domaine où il rencontre un héron cendré qui devient petit à petit son guide et l’aide au fil de ses découvertes et questionnements à comprendre le monde qui l'entoure et percer les mystères de la vie.



Critique :


Alors qu'il avait promis de raccrocher la caméra passé son formidable Le Vent se Lève (après tout, il avait déjà tâté du faux départ quelques années plus tôt au moment de Princesse Mononoké), ce bon vieux Hayao Miyazaki n'en a pas encore terminé avec le cinéma - tant mieux -, et nous revient avec un énième joyau animé, Le Garçon et le Héron, une fantaisie aussi dense qu'intime et crépusculaire sensiblement logée dans l'ombre de son précédent effort, notamment dans sa manière de trouver un équilibre parfait entre réalité et imaginaire, passé (regrets) et présent (aspirations et espoirs), vie et mort.

Si l'on est très vite catapulté en terres conquises, tant la poésie et l'esthétique Miyazakienne a en elle, ce petit goût de mélancolie dans laquelle il est si facile de se perdre, ce n'est qu'une façon, habile, de la part du cinéaste de mieux bousculer les habitudes de son auditoire.

Copyright Le Studio Ghibli

Si son cinéma à toujours été hautement stratifié (pour mieux être compris par tous) et cyclique (les parallèles entre lui et son œuvre sont souvent flagrants, même s'il ne s'est jamais autant livré sur lui-même, que pour Le Vent se Lève, fausse œuvre testamentaire), il s'engage cette fois-ci vers une voie nouvelle, plus dure et mature, citant plus frontalement encore qu'auparavant, le travail de feu Isao Takahata.
Une petite bifurcation salutaire tant elle lui permet d'épouser une liberté jusqu'ici inédite, sans pour autant renier son propre passé (les citations de Chihiro, Mononoké et Totoro sont facilement perceptibles), initiée à partir de lignes volontairement imparfaites et fragiles qui dessinent magistralement le désespoir de son jeune héros, Mahito, autant que la gravité d'une réalité bientôt tourmentée par la guerre.

Car rien n'appelle vraiment à la poésie réconfortante, à la praxis imaginative Ghiblienne capable de guérir/vaincre tous les maux, tant la dureté qui se dégage du Garçon et du Héron, héritière de Takahata (impossible de ne pas penser au Tombeau des Lucioles, même si Princesse Mononoké n'est jamais vraiment loin non plus) tant l'heure (ce que l'on peut voir comme une réponse désenchantée à notre propre réalité quotidienne) n'est plus vraiment à la mise en scène féerique de la guerre, à son exorcisation par la fantaisie, ni aux avertissements pacifistes des aventures de Ashitaka, Sheeta ou même Marco.

Copyright Le Studio Ghibli

Même s'il regorge de séquences éblouissantes et imposantes, le dernier effort en date (mais pas encore ultime, attention) de Miyazaki n'a pas fondamentalement pour but de renouer, artistiquement, avec la perfection et la cohérence délicieusement picturale du passé, mais bien d'incarner un réveil brutal et total face à la dure réalité, de jouer l'irrationalité pour dévoiler le rationnel : il est désormais tant pour le cinéaste (et Ghibli ?) d'affronter les fantômes du passé et d'aujourd'hui, sans le moindre filtre.

Plus encore que pour Le Vent se Lève (qui, si l'on pense en diptyque, est clairement son complément fantastique), Miyazaki nous catapulte avec force dans une dimension historique et personnelle qu'il avait jadis toujours su colorer, embellir, transfigurer, se confrontant cette fois pleinement aux ravages de la guerre, à ses conséquences dans l'imaginaire japonais post-Seconde Guerre mondiale, et à la prise de conscience cruelle de la fin d'une époque qui, métaphoriquement, peu faire aussi écho au destin même de Ghibli.
Que ce soit par son par la chaîne japonaise Nippon Television - NTV -, où l'incapacité presque cruelle de la firme à ne pas trouver d'héritier à Miyazaki, obligeant le maître à reprendre inlassablement le chemin des plateaux, à rappeler sans cesse par sa maestria - s'il le fallait -, que dans la philosophie ghiblienne, la beauté de la forme et la richesse du contenu vont de pair.

Copyright Le Studio Ghibli

Éblouissant et dévastateur, Le Garçon et le Héron est une fable enchantée aux contours presque horrifique, qui aborde sans détour la difficulté insondable du deuil (où la douleur, jusque dans sa représentation physique, se fait la sublimation du sentiment de culpabilité), les regrets, la notion de transmission (l'héritage que l'on reçoit et que l'on se doit de préserver) et la lutte des classes, à travers la prise de conscience, de maturité - contrainte - et même d'une réappropriation de sa propre identité, d'une jeune âme tourmentée et complexe, au contact de l'altérité d'un monde où les notions du bien et du mal ne semblent plus aussi claires.

Une merveille, rien de moins.


Jonathan Chevrier


Copyright Le Studio Ghibli

Dix ans après Le Vent se lève, Miyazaki sort de sa retraite afin de nous présenter son nouveau chef-d’œuvre intitulé Le Garçon et le Héron.
J’attendais avec impatience de voir ce long-métrage. L’absence de promotion et cette affiche énigmatique, ont poussé ma curiosité et mon esprit imaginatif à son paroxysme. 
Et pourtant, la situation est des plus graves chez Ghibli, car la studio est proche de la banqueroute et que le nouveau Miyazaki est un projet très long et très coûteux.

Ce nouveau récit fantastique doit faire oublier l’échec du Vent se lève et pour ceci, Miyazaki montre une nouvelle fois qu’il est le maître de l’animation japonaise. 
Partant d’une histoire basique, Miyazaki nous emmène dans une aventure émouvante et colorée. C’est passionnant, parfois drôle, et la double lecture fait encore une fois mouche.  
Mahito, qui est le personnage principal, traverse le temps, les obstacles de la vie et ne baisse jamais les bras face à l’adversité.

Copyright Le Studio Ghibli

Il est accompagné par le Héron, drôle de personnage, croisement entre Danny De Vito et Black Jack du Bébête Show, qui ne va pas lui faciliter la vie, tout du moins au début. Une belle amitié va naître entre les deux protagonistes, et ils vont ensemble affronter les épreuves pour arriver à leur but. 
L’introduction est des plus violentes et émouvantes et nous fait directement rentrer dans le film. Le visuel du village en feu est tout simplement magnifique et terrifiant. Et la peur de Mahito est bien représentée avec les mouvements rapides de caméra.  
Tout au long du film,  Miyazaki rend un véritable hommage à un autre maître de l’animation, Paul Grimault, en parsemant subtilement des clins d’œil, à son long-métrage, Le Roi et l’oiseau.  

Enfin, l’artiste nous plonge dans un rêve, avec ses douces mélodies qui nous bercent, jusqu’à ce que les lumières se rallument. Et a-t-on véritablement envie de se réveiller ? 
Ultime chef-d’œuvre ou renaissance du maître, Le Garçon et le Héron montre une nouvelle fois que Miyazaki est en avance sur son temps et qu’il a peut-être encore des choses à raconter. 


Jason Perrono


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