[CRITIQUE] : Pierre Feuille Pistolet

Réalisateur : Maciek Hamela
Avec : -
Distributeur : New Story
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Polonais, Français, Ukrainien.
Durée : 1h24min

Synopsis :
Un van polonais sillonne les routes d’Ukraine. A son bord, Maciek Hamela évacue des habitants qui fuient leur pays depuis l’invasion russe. Le véhicule devient alors un refuge éphémère, une zone de confiance et de confidences pour des gens qui laissent tout derrière eux et n’ont plus qu’un seul objectif : retrouver une possibilité de vie pour eux et leurs enfants.

Critique :

D'une simplicité à toute épreuve, #PierreFeuillePistolet rappelle intimement les road movies de Jafar Panahi dans sa volonté, toute en humilité, de donner un visage mais surtout une parole aux victimes de la guerre en Ukraine, dont on écoute avec attention les histoires. pic.twitter.com/cxEenSCXUN
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 8, 2023

Quand bien même elle n'occupe plus trop la une des médias, qui ne se concentrent finalement que sur l'immédiateté (tout du moins, celle qui les arrange et leur permet de faire vendre et/où de faire de l'audimat), la guerre en Ukraine continue de battre son plein, premier conflit d'envergure à une ère du numérique ou tout est filmé et peut être suivi - avec toute la perversité et la tragédie que se la comporte -, d'une manière inimaginablement plus glaciale : rien de moins qu'en direct.

Il n'est pas si étonnant dès lors, qu'une poignée de cinéastes s'engouffrent dans cette brèche pour y raconter leur histoire où même, plus simplement, celles de ceux pour qui le quotidien est de lutter pour survivre.

S'il n'est pas le premier conflit à être couvert (et, bêtise des hommes et des gouvernants oblige, il ne sera certainement pas le dernier) tout en ayant son horreur encore en cours, plusieurs titres atteignent les salles et les festivals depuis quelques mois, (souvent pour le pire, coucou BHL et Sean Penn).
Pierre Feuille Pistolet de Maciek Hamela est de ceux-là mais s'avère, sans aucun doute, le plus fascinant et bouleversant du lot.

Né de l'implication humanitaire - réel - du cinéaste polonais, le film a entièrement été tourné dans le cadre aussi exiguë que chaleureux d'un mini-van, que celui-ci conduisait pour transporter des réfugiés ukrainiens des zones dangereuses, en lieu sûr, chaque passager ayant sa propre histoire, avec la liberté de la raconter ou de la garder pour lui.
D'une simplicité à toute épreuve, la mécanique opérée par Hamela, jamais ostentatoire et rappelant joliment les road movies en voitures de Jafar Panahi (qui, lui aussi, usait de l'humour et de l'ironie pour combattre la dureté du réel), ne peut pas plus efficace ni vraie malgré sa rigidité évidente, intimement logée qu'elle est entre l'ordinaire (une conversation banale lors d'un voyage en voiture) et l'extraordinaire (le contexte de la guerre et des paysages dévastés, où tout peut tragiquement déraper en un claquement de doigts).

Expurgé de tout pathos et/où commentaires putassiers, Pierre Feuille Pistolet suit plusieurs figures différentes comme toutes les pièces ou presque d’une société multidimensionnelle, où peut importe les origines et les classes, tout le monde est confronté au même cataclysme dévastateur, à la même absurdité qui ravage tout.

Tout en humilité et en sobriété, il leur donne la parole, les écoute avec l'espoir, même au coeur du chaos, d'un lendemain meilleur.
L'éclaircit vient toujours après la pluie...

Jonathan Chevrier