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[CRITIQUE] : La fille de son père


Réalisateur : Erwan Le Duc
Acteurs : Nahuel Perez BiscayartCéleste BrunnquellMaud Wyler,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique, Drame, Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h31min.

Synopsis :
Etienne a vingt ans à peine lorsqu'il tombe amoureux de Valérie, et guère plus lorsque naît leur fille Rosa. Le jour où Valérie les abandonne, Etienne choisit de ne pas en faire un drame. Etienne et Rosa se construisent une vie heureuse. Seize ans plus tard, alors que Rosa doit partir étudier et qu’il faut se séparer pour chacun vivre sa vie, le passé ressurgit.


Critique :


Comme dans presque chaque coup de foudre, l’amour naît dans la lumière. Dans un plan d’ouverture annonçant déjà le décalage du film, Étienne (Nahuel Pérez Biscayart) se trouve dans cette incandescence visuelle s’accentuant avec la rencontre qui va déterminer le film. Les jeux de regards se font vifs, presque autant que cette poursuite incongrue dans les rues de Paris se terminant par une fuite en bateau. La couleur de la rêverie est annoncée, celle d’un souvenir qui paraît lointain mais dont la nostalgie hante la mémoire de manière fixe. L’abandon qui suivra n’en sera que plus cruel encore et la résilience de cet amoureux abandonné également père isolé se fera sans cri, sans larme, mais dans la mise en avant de cette relation familiale qui va nouer le long-métrage. En quelques minutes d’introduction, La fille de son père nous cueille avec la même délicatesse qui nous emportera tout au long de son récit.

Copyright Pyramide Distribution

Le long-métrage d’Erwan Le Duc fourmille ainsi d’idées visuelles aussi euphorisantes qu’elles ne versent jamais dans un ostentatoire facile. Tout sert à mieux exprimer le ressenti d’un homme se devant de créer son existence en dehors de son enfant, cette fameuse « fille de son père » qui cherche également sa propre identité. Le lien unissant les deux personnages profite aussi bien d’une alchimie incontestable entre le flamboyant Nahuel Pérez Biscayart et la brillante Céleste Brunnquell que d’une écriture parvenant à mieux appréhender leurs sensibilités respectives. On ne verse jamais ainsi dans une toxicité émotionnelle permanente mais dans l’inquiétude de l’avenir, à l’image de ces actions de jeunes pour l’environnement. L’incertitude ronge le récit, encore plus dans un bouleversement attendu de mi-récit qui renforce la fébrilité d’Étienne.

La comédie se nourrit alors d’une tragédie faussement douce : la peur de l’abandon suite à cette perte de début. Certains personnages secondaires renforcent cette idée d’un regard extérieur constant sur nos deux héros, une forme de narration extérieure que nos personnages vont se réapproprier autrement. Le burlesque de certaines situations, faisant d’Étienne un Buster Keaton moderne, va alors dans le sens d’une confrontation à la narration et à un réel imposé. Le tout conserve néanmoins une subtilité d’ensemble faisant de quelques ressorts comiques des moments de rires inattendus mais également de saillies émotionnelles une charge sensible vibrante.

Copyright Pyramide Distribution

Se clôturant par une scène d’un romantisme visuel absolu, La fille de son père se révèle un vrai trésor d’écriture et de mise en scène que l’on redécouvre encore et encore à chaque visionnage. Coloré dans sa forme, chargé dans son fond, le film y développe un besoin de connexion et surtout de reconnexion interrogeant sur les craintes de l’après et du changement tout en exhortant à une réappropriation de son histoire. Par sa subtilité qui suggère plus qu’il ne crie, qui visualise plus qu’il ne verbalise, c’est un long-métrage doucement indispensable ainsi qu’un autre coup de foudre se créant dans une lumière chaleureuse d’affection.


Liam Debruel