[CRITIQUE] : Et la fête continue !

Réalisateur : Robert Guédiguian
Avec : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Lola Naymark, Robinson Stévenin, Alicia Da Luz,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français, Italien.
Durée : 1h46min

Synopsis :
A Marseille, Rosa, 60 ans a consacré sa vie à sa famille et à la politique avec le même sens du sacrifice. Tous pensent qu’elle est inébranlable d’autant que Rosa est la seule qui pourrait sceller l’union de la gauche à la veille d’une échéance électorale décisive. Elle s’accommode finalement bien de tout ça, jusqu’au jour où elle tombe amoureuse d’Henri. Pour la première fois, Rosa a peur de s’engager. Entre la pression de sa famille politique et son envie de lâcher prise, le dilemme est lourd à porter.

Critique :

Avec de belles valeurs en bandoulière, #EtLaFêteContinue ! se fait autant un subtil portrait de femme engagée, qu'une jolie dramédie chorale prônant la solidarité face à l'égoïsme, l'idéalisme face au défaitisme, la chaleur du bon vivre ensemble à la froideur de lentre-soi. pic.twitter.com/G1u8sB0ZbW
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 13, 2023

On a toujours eu, à tort comme à raison, d'associer le cinéaste Robert Guédiguian à sa ville de coeur Marseille, oubliant presque que sa caméra n'a pas toujours uniquement été vissée dans les arcanes de la cité phocéenne, d'autant que ces - légères - infidélités, lui ont parfois plutôt bien réussis.

Pour preuve, au-delà de citer le magnifique Voyage en Arménie, son excellent dernier effort en date, Twist à Bamako, petite balade humaniste et mélodramatique sur une jeunesse idéaliste et rêveuse (incarnée par le joli tandem Stéphane Bak/Alice Da Luz) confrontée à la rudesse de son continent, et la lente déliquescence de leur innocence et de leurs idéaux, dans un Mali fraîchement indépendant.
Mais, histoire de mieux nous faire mentir, c'est de retour sur son cher Vieux Port qu'il nous revient en ses dernières heures de la (très) riche année ciné 2023 avec Et la fête continue !, inspiré de la vie Michèle Rubirola, médecin de profession devenue politicienne au cœur de la cité phocéenne.

Ne dénotant absolument de ses précédents efforts (entre un désenchantement un poil mélancolique, et un optimisme enchanteur), au point même qu'il retrouve une douceur qu'il n'avait plus effleuré depuis longtemps, Guédiguian croque une belle ode à la transmission et à l'humanité, au travers du parcours de la femme courage au grand coeur Rosa, qui a littéralement sacrifié sa vie pour le bien des autres, toujours avec les valeurs du Parti Communiste vissée aux chevilles.
Proche des gens et encore plus des siens, surtout de son frère et de ses deux fils, elle va cependant nouer des liens affectifs, presque inespérés, avec le père de la compagne d'un de ses enfants, Henri, retraite désœuvré qui a bien trop négligé sa fille au fil du temps, alors qu'elle est lancée en pleine campagne des municipales...

Littéralement en famille (il retrouve ses comédiens et comédiennes fétiches, de son épouse Ariane Ascaride à Jean-Pierre Darroussin, en passant par Gérard Meylan, Lola Naymark ou encore Robinson Stévenin et Alicia Da Luz Gomes) dans une Marseille qu'il filme toujours avec le même amour, le cinéaste signe une énième odyssée chorale et follement humaine, une ode à la bienveillance et à la nostalgie face à la dureté d'un monde où tout se meurt, où tout perd de son sens.

Avec des valeurs d'un autre temps en bandoulière, Et la fête continue ! se fait autant un subtil et doux portrait de femme engagée malgré une vie qui n'a de cesse de l'user, qu'une jolie dramédie prônant la solidarité face à l'égoïsme, l'idéalisme face au défaitisme, la chaleur du bon vivre ensemble à la froideur de lentre-soi.
C'est naïf et trop utopiste pour le cynisme ambiant, mais que cela fait du bien.
Avec Guédiguian, il n'y a pas que la fête qui continue, mais bien l'amour, la beauté, la vie.

Jonathan Chevrier