[CRITIQUE] : Avant que les flammes ne s'éteignent
Réalisateur : Mehdi Fikri
Avec : Camélia Jordana, Sofiane Zermani, Sofian Khammes, Samir Guesmi, Satya Dusaugey,...
Distributeur : BAC Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h34min
Synopsis :
Suite à la mort de son petit frère lors d’une interpellation de police, Malika se lance dans un combat judiciaire afin qu’un procès ait lieu. Mais sa quête de vérité met en péril l’équilibre de sa famille.
Critique :
Il y a des films qui, volontairement où non, collent à la peau de l'actualité, des œuvres qui nous ramènent à des histoires que nous avons bien trop souvent vues, pour être à l'aise face à elles.
Le puissant Avant que les flammes ne s'éteignent, estampillé premier long-métrage du wannabe cinéaste Mehdi Fikri, sort quasiment un an jour pour jour après Nos Frangins de Rachid Bouchareb (qui revenait sur la double tragédie des assassinats par la police de Malik Oussekine et Abdel Benyahia dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, en marge de la contestation étudiante contre le projet de réforme universitaire Devaquet), et partage quasiment le même prisme : celui d'une violence sourde et impunie, d'une police qui peut tuer et des ravages qu'une perte aussi brutale peut faire au cœur d'une famille, totalement consciente des vérités (le racisme, aussi simpliste que peut paraître cette conclusion) de cette culture de la méfiance face à l'autorité, silencieusement infiltrée au coeur des communautés musulmanes depuis plusieurs décennies.
Un mal national - et loin d'être étranger à notre actualité récente - capturé au travers d'une poignée d'âmes devant accepter que leur deuil devienne un événement politique tout autant qu'un véritable cirque médiatique.
C'est cette expérience, insondable et viscérale, qui sert de toile de fond méthodique au long-métrage, vissé sur la quête de justice face au mensonge et à la dissimulation, d'une famille de la banlieue de Strasbourg dont l'un des fils, Karim, est mort lors d'une interpellation de police.
Entre le drame social frontal et direct, et le thriller politique à visée intimiste sous forte influence Lumetienne, le cinéaste, rompu au sujet (il a été journaliste à L'Humanité, et à couvert de nombreux événements) nous catapulte dans une bulle de rage, d'angoisse et de douleur, alors que l'aînée de la famille, Malika, se doit de tenir le rôle de porte-parole, de pilier malgré les divergences d'opinions, dans une lutte intense, épuisante et dangereuse face à l'opacité et l'insensibilité de tout un système.
Un personnage fascinant dans toute sa complexité et sa densité, qui voit dans ce combat l'hypothétique outil d'une rédemption impossible, quitte à mettre en péril sa propre existence, à la fois personnelle et professionnelle.
Fictif mais d'une authenticité rare dans sa manière de caler au plus près de la tragédie qu'endure une famille de victime (le symbole de tant d'autres, et qui se voient ici offrir une tribune nécessaire), tout en démontant quelques clichés faciles (sur les banlieues, la communauté musulmane), autant porté par une mise en scène nerveuse et alerte, que par une direction d'acteurs affûtée (Camélia Jordana y est absolument formidable et magnétique); Avant que les flammes ne s'éteignent se fait un drame social sec et percutant, certes pas exempts de quelques scories (notamment un découpage qui laisse un brin à désiré), mais d'une nécessité évidente.
Un effort puissant dont l'introduction dit tout ou presque : une mèche qui s'allume à rebours, symbole d'une révolte, d'un feu social qui éclate en un éclair (une tragédie souvent évitable), mais aussi du feu de la lutte politique, du militantisme, de ce combat naissant de la tragédie et de l'injustice (sociale, économique, culturelle) que l'on doit mener envers et contre tout.
Jonathan Chevrier
Avec : Camélia Jordana, Sofiane Zermani, Sofian Khammes, Samir Guesmi, Satya Dusaugey,...
Distributeur : BAC Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h34min
Synopsis :
Suite à la mort de son petit frère lors d’une interpellation de police, Malika se lance dans un combat judiciaire afin qu’un procès ait lieu. Mais sa quête de vérité met en péril l’équilibre de sa famille.
Critique :
Fictif mais d'une authenticité rare dans sa manière de caler au plus près de la tragédie qu'endure une famille de victime (tout en démontant les clichés faciles),#AvantQueLesFlammesNeSéteignent se fait un drame social sec et percutant, pas exempt de quelques scories mais puissant pic.twitter.com/MOgyRMxDAx
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 12, 2023
Il y a des films qui, volontairement où non, collent à la peau de l'actualité, des œuvres qui nous ramènent à des histoires que nous avons bien trop souvent vues, pour être à l'aise face à elles.
Le puissant Avant que les flammes ne s'éteignent, estampillé premier long-métrage du wannabe cinéaste Mehdi Fikri, sort quasiment un an jour pour jour après Nos Frangins de Rachid Bouchareb (qui revenait sur la double tragédie des assassinats par la police de Malik Oussekine et Abdel Benyahia dans la nuit du 5 au 6 décembre 1986, en marge de la contestation étudiante contre le projet de réforme universitaire Devaquet), et partage quasiment le même prisme : celui d'une violence sourde et impunie, d'une police qui peut tuer et des ravages qu'une perte aussi brutale peut faire au cœur d'une famille, totalement consciente des vérités (le racisme, aussi simpliste que peut paraître cette conclusion) de cette culture de la méfiance face à l'autorité, silencieusement infiltrée au coeur des communautés musulmanes depuis plusieurs décennies.
Copyright Bac Films |
Un mal national - et loin d'être étranger à notre actualité récente - capturé au travers d'une poignée d'âmes devant accepter que leur deuil devienne un événement politique tout autant qu'un véritable cirque médiatique.
C'est cette expérience, insondable et viscérale, qui sert de toile de fond méthodique au long-métrage, vissé sur la quête de justice face au mensonge et à la dissimulation, d'une famille de la banlieue de Strasbourg dont l'un des fils, Karim, est mort lors d'une interpellation de police.
Entre le drame social frontal et direct, et le thriller politique à visée intimiste sous forte influence Lumetienne, le cinéaste, rompu au sujet (il a été journaliste à L'Humanité, et à couvert de nombreux événements) nous catapulte dans une bulle de rage, d'angoisse et de douleur, alors que l'aînée de la famille, Malika, se doit de tenir le rôle de porte-parole, de pilier malgré les divergences d'opinions, dans une lutte intense, épuisante et dangereuse face à l'opacité et l'insensibilité de tout un système.
Un personnage fascinant dans toute sa complexité et sa densité, qui voit dans ce combat l'hypothétique outil d'une rédemption impossible, quitte à mettre en péril sa propre existence, à la fois personnelle et professionnelle.
Copyright Bac Films |
Fictif mais d'une authenticité rare dans sa manière de caler au plus près de la tragédie qu'endure une famille de victime (le symbole de tant d'autres, et qui se voient ici offrir une tribune nécessaire), tout en démontant quelques clichés faciles (sur les banlieues, la communauté musulmane), autant porté par une mise en scène nerveuse et alerte, que par une direction d'acteurs affûtée (Camélia Jordana y est absolument formidable et magnétique); Avant que les flammes ne s'éteignent se fait un drame social sec et percutant, certes pas exempts de quelques scories (notamment un découpage qui laisse un brin à désiré), mais d'une nécessité évidente.
Un effort puissant dont l'introduction dit tout ou presque : une mèche qui s'allume à rebours, symbole d'une révolte, d'un feu social qui éclate en un éclair (une tragédie souvent évitable), mais aussi du feu de la lutte politique, du militantisme, de ce combat naissant de la tragédie et de l'injustice (sociale, économique, culturelle) que l'on doit mener envers et contre tout.
Jonathan Chevrier