[CRITIQUE] : Bayard Rustin
Réalisateur : George C. Wolfe
Acteurs : Colman Domingo, Chris Rock, Glynn Turman, Audra McDonald, Jeffrey Wright, CCH Pounder,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Biopic, Historique, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h46min
Synopsis :
Déterminé à bouleverser l'histoire des droits civiques aux États-Unis, le militant Bayard Rustin affronte racisme et homophobie en orchestrant la marche sur Washington de 1963.
Critique :
Dans un paysage cinématographique populaire majoritairement dominé/gangrenné par des projets simplistes (pour être poli) usant inlassablement de la même formule établie et éprouvée, le biopic estampillé moderne se sent parfois comme la proposition la plus cheap et déclinable du marché et, paradoxalement, la plus usée parce qu'elle est justement l'incarnation parfaite de la facilité, pour peu que la figure choisie ait une existence un minimum remplie (quoique).
Rares sont alors les cinéastes à essayer un tant soit peu de se démarquer de cette popote familière et redondante de l'hagiographie Wikipedia-esque, avec des histoires ambitieuses, pensées autant pour divertir que pour instruire leur auditoire.
En ce sens, Rustin - Bayard Rustin par chez nous - de George C. Wolfe (l'excellent Le Blues de Ma Rainey), déjoue un peu plus les attentes en incarnant un biopic ciblé certes conventionnel mais à l'importance salutaire : mettre (enfin) en lumière limportance de l'un des leaders méconnus du mouvement des droits civiques aux États-Unis, Bayard Rustin, un activiste afro-américain et ouvertement homosexuel (à une époque où l'être était encore un crime), à travers son parcours du combattant pour organiser la marche historique sur Washington, pour l'emploi et la liberté, du 28 août 1963.
Reconnu pour avoir initié Martin Luther King au concept de résistance non-violente et pour avoir orchestré la marche de 1963 sur Washington, Rustin était autant une pièce maîtresse du mouvement qu'un membre ostracisé, un paria, statut dû autant à sa sexualité affirmée et, pour l'époque hors des " normes ", qu'à ses liens passés avec le communisme.
Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que cette figure passionnante et importante, quand bien même un seul film ne semble pas suffir pour la caractériser complètement, attire un septième art ayant (très) souvent posé ses caméras sur des personnalités bien moins fascinante.
Tout, au fond, n'est qu'une question de prisme et celui choisit par le trio Wolfe, Julian Breece (la merveilleuse Dans leur regard) et Dustin Lance Black (Milk), s'inscrit dans l'ombre de ceux opérés par Ava DuVernay (Selma) et de Steven Spielberg (Lincoln) à savoir une manière presque procédurale, de célébrer autant que de décortiquer certaines facettes de la personnalité de sa figure titre, à travers les obstacles et les personnalités qui ont pu jalonner son parcours au coeur d'un événement bien précis.
Mais à la différence de leurs aînés, le film laisse un léger goût de frustration sur la rétine, tant leur examen semble mieux servir et célébrer les actes de l’homme, que l’homme lui-même, malgré une prestation absolument grandiose et savoureusement excentrique d'un Colman Domingo charismatique as hell.
Joliment jazzy - comme sa B.O. - et frénétique lorsqu'il se penche sur la démonstration de force et d'abnégation d'un effort à la fois solitaire et collectif, pour organiser un tel événement (avec une opposition équilibré entre la détermination de Rustin, et l'hostilité frontale de ses opposante comme de ses supposés alliés), le film change de note lorsqu'il s'attarde plus minutieusement sur son sujet, dans un portrait plutôt tiède de la personnalité complexe d'un homme qui, justement, l'affirmait avec assurance.
La petite (bon, assez grosse) mouche dans le lait d'un biopic manquant de verve et d'étincelles mais ô combien nécessaire (et ils ne sont pas tant que cela chaque année), sur une figure qui mérite amplement d'être un peu plus reconnu dans la mémoire collective populaire.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Colman Domingo, Chris Rock, Glynn Turman, Audra McDonald, Jeffrey Wright, CCH Pounder,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Biopic, Historique, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h46min
Synopsis :
Déterminé à bouleverser l'histoire des droits civiques aux États-Unis, le militant Bayard Rustin affronte racisme et homophobie en orchestrant la marche sur Washington de 1963.
Critique :
Joliment jazzy lorsqu'il se penche sur la démonstration d'abnégation d'un effort à la fois solidaire et collectif, moins quand il s'attarde sur son sujet titre,#BayardRustin se fait un biopic ciblé conventionnel mais prenant sur un artisan méconnu du mouvement des droits civiques pic.twitter.com/EvS79MXsk6
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) November 17, 2023
Dans un paysage cinématographique populaire majoritairement dominé/gangrenné par des projets simplistes (pour être poli) usant inlassablement de la même formule établie et éprouvée, le biopic estampillé moderne se sent parfois comme la proposition la plus cheap et déclinable du marché et, paradoxalement, la plus usée parce qu'elle est justement l'incarnation parfaite de la facilité, pour peu que la figure choisie ait une existence un minimum remplie (quoique).
Rares sont alors les cinéastes à essayer un tant soit peu de se démarquer de cette popote familière et redondante de l'hagiographie Wikipedia-esque, avec des histoires ambitieuses, pensées autant pour divertir que pour instruire leur auditoire.
En ce sens, Rustin - Bayard Rustin par chez nous - de George C. Wolfe (l'excellent Le Blues de Ma Rainey), déjoue un peu plus les attentes en incarnant un biopic ciblé certes conventionnel mais à l'importance salutaire : mettre (enfin) en lumière limportance de l'un des leaders méconnus du mouvement des droits civiques aux États-Unis, Bayard Rustin, un activiste afro-américain et ouvertement homosexuel (à une époque où l'être était encore un crime), à travers son parcours du combattant pour organiser la marche historique sur Washington, pour l'emploi et la liberté, du 28 août 1963.
Copyright David Lee/Netflix |
Reconnu pour avoir initié Martin Luther King au concept de résistance non-violente et pour avoir orchestré la marche de 1963 sur Washington, Rustin était autant une pièce maîtresse du mouvement qu'un membre ostracisé, un paria, statut dû autant à sa sexualité affirmée et, pour l'époque hors des " normes ", qu'à ses liens passés avec le communisme.
Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que cette figure passionnante et importante, quand bien même un seul film ne semble pas suffir pour la caractériser complètement, attire un septième art ayant (très) souvent posé ses caméras sur des personnalités bien moins fascinante.
Tout, au fond, n'est qu'une question de prisme et celui choisit par le trio Wolfe, Julian Breece (la merveilleuse Dans leur regard) et Dustin Lance Black (Milk), s'inscrit dans l'ombre de ceux opérés par Ava DuVernay (Selma) et de Steven Spielberg (Lincoln) à savoir une manière presque procédurale, de célébrer autant que de décortiquer certaines facettes de la personnalité de sa figure titre, à travers les obstacles et les personnalités qui ont pu jalonner son parcours au coeur d'un événement bien précis.
Mais à la différence de leurs aînés, le film laisse un léger goût de frustration sur la rétine, tant leur examen semble mieux servir et célébrer les actes de l’homme, que l’homme lui-même, malgré une prestation absolument grandiose et savoureusement excentrique d'un Colman Domingo charismatique as hell.
Copyright David Lee/Netflix |
Joliment jazzy - comme sa B.O. - et frénétique lorsqu'il se penche sur la démonstration de force et d'abnégation d'un effort à la fois solitaire et collectif, pour organiser un tel événement (avec une opposition équilibré entre la détermination de Rustin, et l'hostilité frontale de ses opposante comme de ses supposés alliés), le film change de note lorsqu'il s'attarde plus minutieusement sur son sujet, dans un portrait plutôt tiède de la personnalité complexe d'un homme qui, justement, l'affirmait avec assurance.
La petite (bon, assez grosse) mouche dans le lait d'un biopic manquant de verve et d'étincelles mais ô combien nécessaire (et ils ne sont pas tant que cela chaque année), sur une figure qui mérite amplement d'être un peu plus reconnu dans la mémoire collective populaire.
Jonathan Chevrier