[CRITIQUE/RESSORTIE] : Le Magnifique

Réalisateur : Philippe de Broca
Avec : Jean-Paul Belmondo, Jacqueline Bisset, Vittorio Caprioli, Raymond Gérome,…
Distributeur : Carlotta Films
Budget : -
Genre : Comédie, Aventure.
Nationalité : Français, Italien.
Durée : 1h33min

Date de sortie : 23 novembre 1973
Date de ressortie : 18 octobre 2023

Synopsis :
L'agent secret Bob Saint-Clar est envoyé en mission au Mexique où il va tomber sous le charme de son contact, la séduisante Tatiana. Voilà le point de départ du quarante-troisième roman d’espionnage de François Merlin, écrivain endetté à tendance apathique. Double inversé de celui-ci, l’extravagant et viril Saint-Clar vit les aventures et les amours rêvées de son créateur. En effet, Merlin s’amuse à transformer les gens de son quotidien en personnages de son histoire, comme sa jolie voisine Christine ou son odieux éditeur Charron...

Critique :

50 ans après, #LeMagnifique n'a strictement rien perdu de sa superbe, petite pépite de divertissement populaire façon parodie satirico-cocasse et inspirée du film d'espionnage et des romans S.A.S., une comédie tout en absurdité et en auto-dérision dominé par un flamboyant Bebel. pic.twitter.com/hcYquV5gbJ
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 22, 2023

On dit toujours que les légendes sont éternelles, un proverbe facile mais qui ne l'empêche pas pourtant d'être vrai, puisque la majorité des légendes du septième art qui ont le malheur de nous quitter, survivent par la puissance de leurs plus grandes - mais pas que - interprétations.
Reste que vrai ou non, lorsque certaines de ces icônes abandonnent les planches du plus grand des théâtres, ce n'est pas un simple proverbe qui viendra nous reconforter, loin de là.

Légende parmi les légendes, comédien d'exception sans qui le cinéma français n'aurait pas la même saveur et encore moins la même richesse, Jean-Paul Belmondo s'en est allé il y a déjà deux ans déjà, notre Bébel, notre Marginal, notre Pierrot le Fou n'est plus, et non, ce dit proverbe ne viendra pas réconforter une pluie de cinéphiles en deuil.
Il est donc de bon ton depuis, de se perdre avec nostalgie et mélancolie dans sa riche filmographie, de la célébrer sans doute plus que l'on aurait dû le faire de son vivant.

De loin l'un de ses efforts les plus emblématiques, de ceux que l'on a poncé avec gourmandise en VHS, Le Magnifique de Philippe de Broca, s'offre une ressortie toute pimpante dans nos salles obscures - pile poil pour son cinquantième anniversaire -, merveille de divertissement populaire façon parodie satirico-cocasse et inspirée du film d'espionnage et des romans S.A.S. (mais aussi du film d'aventure à l'américaine), où la plume enlevée de Francis Veber (qui, il est vrai, reniera le projet par la suite, la faute à quelques menues réécritures) épouse merveilleusement le charisme et le charme viril d'un Bebel des grands jours - mais aussi celui d'une Jacqueline Bisset littéralement à tomber -, tout en étant tout du long vissé sur les atermoiements d'un petit écrivain de livres d'espionnage, qui se projette dans les aventures de son héros, l’invincible et séducteur Bob Saint-Clar (son antithèse, le fantasme littéraire de l'homme qu'il rêverait d'être).

Tout en absurdité et en auto-dérision, Le Magnifique développe avec humour noir le thème de la double vie (avec ses joies et ses inconvénients), via une mise en abîme aussi ludique qu'enlevée, rythmée par la bande originale emballante de Claude Bolling et la mise en scène d'un de Broca appuyant avec malice le surjeu cocasse de Bebel, autant qu'il sublime ses luxueux décors.
Une pépite, rien de moins.

Jonathan Chevrier