[CRITIQUE] : The Old Oak
Réalisateur : Ken Loach
Acteurs : Dave Turner, Jen Patterson, Ebla Mari,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Britannique, Français.
Durée : 1h53min
Synopsis :
TJ Ballantyne est le propriétaire du "Old Oak", un pub situé dans une petite bourgade du nord de l’Angleterre. Il y sert quotidiennement les mêmes habitués désœuvrés pour qui l’endroit est devenu le dernier lieu où se retrouver. L’arrivée de réfugiés syriens va créer des tensions dans le village. TJ va cependant se lier d’amitié avec Yara, une jeune migrante passionnée par la photographie. Ensemble, ils vont tenter de redonner vie à la communauté locale en développant une cantine pour les plus démunis, quelles que soient leurs origines.
Critique :
Au coeur d'une Europe où les vestiges de la gauche et de ses valeurs, semblent lentement mais sûrement se diluer sous le joug d'une politique répressive asphyxiant toute opposition (humanité ?) à la naphtaline, il y a encore quelque chose de réconfortant à l'idée de voir un cinéma de résistance tel que celui de Ken Loach (et Paul Laverty), prôné une société forgée par la solidarité et le respect de l'autre, seuls remparts face à l'égoïsme d'un capitalisme ayant assombrit les âmes, au moins autant qu'il les a catapulté dans une précarité sans nom.
Par la force de son regard au réalisme brut de ses bonnes intentions, il arrive à vaincre, naïvement certes, sur la pellicule la croissance de plus en plus insistante d'une extrême-droite radicale, ramenant sur la table une certaine idée d'utopie nostalgique, de celle où le concept de communauté n'était pas agité pour nous séparer mais bien nous unir.
Mais au fond, est-ce que The Old Oak n'est-il pas aussi, un ultime tour de passe-passe paresseux de la part d'un cinéaste nous catapultant volontairement sur un territoire de revendications et de valeurs difficilement blâmables, tout en ayant conscience que son discours cinématographique binaire - le bien contre le mal, rien de plus -, se limite à embrasser des stéréotypes faciles et ne proposer aucune nuance dans sa vision.
Comme si, pour ce qui pourrait être légitimement considéré comme un film testamentaire, Loach ne privilégiait plus que le fond simpliste à un tout plus grisant et complexe, à la différence de ses discours critiques vibrants et puissants passés.
La vérité se situe peut-être entre les deux, l'importance de modestement véhiculer un message/discours politique (important), par l'émotion sincère que son essence suscite et une certaine sobriété, au détriment d'une forme plus critique, voire même plus réflexive.
Croire à défaut d'être réellement emporter en somme, même s'il est parfois aisé de voir un véritable lien de parenté entre cet ultime effort et le bouillant (mais surtout définitivement moins didactique) RMN de Cristian Mungiu, dans ce pessimisme de fond et cette analyse - plus où moins - profonde du genre humain; mais également avec l'autre œuvre testamentaire de la dernière réunion cannoise, Vers un avenir radieux de Nanni Moretti (particulièrement dans son final).
Mais, au travers de cette radiographie lucide liant émigration, lutte des classes et solidarité, c'est bien la narration qui pèche le plus, surchargée par des dialogues inutilement explicatifs (ce qui, encore une fois, dénote avec sa mise en scène plus épurée que jamais) et maladroite dans sa manière de révéler une catharsis collective non pas comme la récompense d'une lutte intense et juste, mais comme la résultante d'un évènement tragique; rebondissement tronqué d'une écriture dont les postulats combatifs sont alors annihilés par une exploitation émotionnelle qui sonne faux.
Et pourtant, comme dit une nouvelle fois plus haut, impossible de totalement nier la sincérité qui se dégage de The Old Oak, dans sa volonté optimiste même si maladroite, de prôner un avenir meilleur par la solidarité, l'entraide et l'acceptation de l'autre, tout en embaumant sa bobine d'un désenchantement cruellement vraie.
Le chant du cygne (?) d'un vieux chêne du septième art qui aura sur, au fil des décennies sombres qui nous servent de passé récent, nous offrir de précieuses manifestations de beauté et d'humanité dans des salles obscures qui ne l'étaient, de facto, plus autant.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Dave Turner, Jen Patterson, Ebla Mari,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Britannique, Français.
Durée : 1h53min
Synopsis :
TJ Ballantyne est le propriétaire du "Old Oak", un pub situé dans une petite bourgade du nord de l’Angleterre. Il y sert quotidiennement les mêmes habitués désœuvrés pour qui l’endroit est devenu le dernier lieu où se retrouver. L’arrivée de réfugiés syriens va créer des tensions dans le village. TJ va cependant se lier d’amitié avec Yara, une jeune migrante passionnée par la photographie. Ensemble, ils vont tenter de redonner vie à la communauté locale en développant une cantine pour les plus démunis, quelles que soient leurs origines.
Critique :
Expérience mi-figue, mi-raisin pour #TheOldOak, modeste œuvre testamentaire (ou pas loin) pour Ken Loach, façon radiographie lucide liant émigration, lutte des classes et solidarité, mais qui pèche par une narration maladroite qui ampoule la catharsis collective qu'elle véhicule. pic.twitter.com/GdM25GkUBU
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 23, 2023
Au coeur d'une Europe où les vestiges de la gauche et de ses valeurs, semblent lentement mais sûrement se diluer sous le joug d'une politique répressive asphyxiant toute opposition (humanité ?) à la naphtaline, il y a encore quelque chose de réconfortant à l'idée de voir un cinéma de résistance tel que celui de Ken Loach (et Paul Laverty), prôné une société forgée par la solidarité et le respect de l'autre, seuls remparts face à l'égoïsme d'un capitalisme ayant assombrit les âmes, au moins autant qu'il les a catapulté dans une précarité sans nom.
Par la force de son regard au réalisme brut de ses bonnes intentions, il arrive à vaincre, naïvement certes, sur la pellicule la croissance de plus en plus insistante d'une extrême-droite radicale, ramenant sur la table une certaine idée d'utopie nostalgique, de celle où le concept de communauté n'était pas agité pour nous séparer mais bien nous unir.
Copyright Wild Bunch Germany 2023 |
Mais au fond, est-ce que The Old Oak n'est-il pas aussi, un ultime tour de passe-passe paresseux de la part d'un cinéaste nous catapultant volontairement sur un territoire de revendications et de valeurs difficilement blâmables, tout en ayant conscience que son discours cinématographique binaire - le bien contre le mal, rien de plus -, se limite à embrasser des stéréotypes faciles et ne proposer aucune nuance dans sa vision.
Comme si, pour ce qui pourrait être légitimement considéré comme un film testamentaire, Loach ne privilégiait plus que le fond simpliste à un tout plus grisant et complexe, à la différence de ses discours critiques vibrants et puissants passés.
La vérité se situe peut-être entre les deux, l'importance de modestement véhiculer un message/discours politique (important), par l'émotion sincère que son essence suscite et une certaine sobriété, au détriment d'une forme plus critique, voire même plus réflexive.
Croire à défaut d'être réellement emporter en somme, même s'il est parfois aisé de voir un véritable lien de parenté entre cet ultime effort et le bouillant (mais surtout définitivement moins didactique) RMN de Cristian Mungiu, dans ce pessimisme de fond et cette analyse - plus où moins - profonde du genre humain; mais également avec l'autre œuvre testamentaire de la dernière réunion cannoise, Vers un avenir radieux de Nanni Moretti (particulièrement dans son final).
Copyright Wild Bunch Germany 2023 |
Mais, au travers de cette radiographie lucide liant émigration, lutte des classes et solidarité, c'est bien la narration qui pèche le plus, surchargée par des dialogues inutilement explicatifs (ce qui, encore une fois, dénote avec sa mise en scène plus épurée que jamais) et maladroite dans sa manière de révéler une catharsis collective non pas comme la récompense d'une lutte intense et juste, mais comme la résultante d'un évènement tragique; rebondissement tronqué d'une écriture dont les postulats combatifs sont alors annihilés par une exploitation émotionnelle qui sonne faux.
Et pourtant, comme dit une nouvelle fois plus haut, impossible de totalement nier la sincérité qui se dégage de The Old Oak, dans sa volonté optimiste même si maladroite, de prôner un avenir meilleur par la solidarité, l'entraide et l'acceptation de l'autre, tout en embaumant sa bobine d'un désenchantement cruellement vraie.
Le chant du cygne (?) d'un vieux chêne du septième art qui aura sur, au fil des décennies sombres qui nous servent de passé récent, nous offrir de précieuses manifestations de beauté et d'humanité dans des salles obscures qui ne l'étaient, de facto, plus autant.
Jonathan Chevrier