[CRITIQUE] : Une Femme sur le toit
Réalisatrice : Anna Jadowska
Avec : Dorota Pomykala, Bogdan Koca, Adam Bobik,...
Distributeur : La Vingt-Cinquième Heure
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Polonais, Français, Suédois.
Durée : 1h35min.
Synopsis :
Mirka, sage-femme d'une soixantaine d'années, mène une vie irréprochable auprès de son mari et de leur fils. Pourtant un matin, quelque chose change. Après s'être levée tôt, avoir étendu le linge et acheté de la nourriture pour ses poissons, elle tente de braquer une banque armée d'un couteau de cuisine. Son geste désespéré échoue mais l'oblige à reconsidérer sa vie.
Critique :
L'histoire, librement inspirée de faits réels donc, de Mirka, et de son geste désespérée qui sert de toile de fonds au long-métrage d'Anna Jadowska, Une Femme du toit, pourrait se dérouler au-delà des frontières polonaises que cela ne choquerait pas plus que cela, tant la morosité qui touche le Vieux Continent (le monde), tout comme le poids et les injonctions de la société sur les femmes, ne s'arrêtent pas à une seule et unique nation.
Sur un coup de tête qui n'en est finalement pas un, plus la résultante d'une vie de résilience et de souffrance qui se devait d'être extérioriser sous peine d'imposer, sa vie de sage-femme sexagenaire rangée, vivant tranquillement auprès de son mari et de son fils, va basculer - et pas pour le meilleur, évidemment.
Après avoir étendue son linge au cœur d'un appartement qui n'est qu'une pièce d'un puzzle de béton d'un blanc aussi anxiogène qu'étouffant (plus pâle qu'un sanatorium), et intérieurement peser les avantages comme les inconvénients, de simplement sauter du toit de ce même immeuble, paradoxalement le seul lieu où elle semble pouvoir respirer (parce qu'il peut, littéralement, lui permettre de s'échapper de sa propre existence), elle se laisse aller, impulsivement, à commettre l'irréparable.
L'irréparable, c'est tenter de braquer une banque, avec un couteau de cuisine (sans n'avoir aucune réelle idée de comment l'utiliser), sur le retour à la maison après une petite course, une tentative aussi pathétiquement absurde - qui échouera lamentablement - qu'elle est d'une tristesse insondable.
Peu après, la police puis les institutions locales s'en mêlent, et c'est le long portrait, couche après couche, à la fois personnel et touchant d'une femme littéralement à bout (moralement, physiquement, sentimentalement, sexuellement) depuis trop longtemps soumises et contrainte au silence, que celui plus politique de toute une nation, que brosse Anna Jadowska avec une finesse et subtilité étonnante.
Tout prend encore plus de puissance au travers de la performance imposante de Dorota Pomykala, qui capture à merveille le mal qui ronge une (sage) femme qui ne désire qu'à se reconnecter avec sa propre existence, qu'à ne plus crouler sous le poids d'une vie frustrante et insatisfaisante, dans laquelle elle est prisonnière.
À la fois chronique sociale à la lisière du documentaire, et drame pudique et douloureusement poétique, Une Femme sur le toit met en lumière le combat invisible et universel, d'une pluie de femmes tentant de conjurer la violence brutale d'une existence qu'elles ne peuvent plus supporter.
Jonathan Chevrier
Avec : Dorota Pomykala, Bogdan Koca, Adam Bobik,...
Distributeur : La Vingt-Cinquième Heure
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Polonais, Français, Suédois.
Durée : 1h35min.
Synopsis :
Mirka, sage-femme d'une soixantaine d'années, mène une vie irréprochable auprès de son mari et de leur fils. Pourtant un matin, quelque chose change. Après s'être levée tôt, avoir étendu le linge et acheté de la nourriture pour ses poissons, elle tente de braquer une banque armée d'un couteau de cuisine. Son geste désespéré échoue mais l'oblige à reconsidérer sa vie.
Critique :
À la fois chronique sociale à la lisière du documentaire, et drame pudique et douloureusement poétique, #UneFemmeSurLeToit met en lumière le combat invisible (et universelle) d'une femme tentant de conjurer la violence brutale d'une existence qu'elle ne peut plus supporter. pic.twitter.com/BD8ZdJjA7g
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 19, 2023
L'histoire, librement inspirée de faits réels donc, de Mirka, et de son geste désespérée qui sert de toile de fonds au long-métrage d'Anna Jadowska, Une Femme du toit, pourrait se dérouler au-delà des frontières polonaises que cela ne choquerait pas plus que cela, tant la morosité qui touche le Vieux Continent (le monde), tout comme le poids et les injonctions de la société sur les femmes, ne s'arrêtent pas à une seule et unique nation.
Sur un coup de tête qui n'en est finalement pas un, plus la résultante d'une vie de résilience et de souffrance qui se devait d'être extérioriser sous peine d'imposer, sa vie de sage-femme sexagenaire rangée, vivant tranquillement auprès de son mari et de son fils, va basculer - et pas pour le meilleur, évidemment.
Copyright La Vingt-Cinquième Heure |
Après avoir étendue son linge au cœur d'un appartement qui n'est qu'une pièce d'un puzzle de béton d'un blanc aussi anxiogène qu'étouffant (plus pâle qu'un sanatorium), et intérieurement peser les avantages comme les inconvénients, de simplement sauter du toit de ce même immeuble, paradoxalement le seul lieu où elle semble pouvoir respirer (parce qu'il peut, littéralement, lui permettre de s'échapper de sa propre existence), elle se laisse aller, impulsivement, à commettre l'irréparable.
L'irréparable, c'est tenter de braquer une banque, avec un couteau de cuisine (sans n'avoir aucune réelle idée de comment l'utiliser), sur le retour à la maison après une petite course, une tentative aussi pathétiquement absurde - qui échouera lamentablement - qu'elle est d'une tristesse insondable.
Peu après, la police puis les institutions locales s'en mêlent, et c'est le long portrait, couche après couche, à la fois personnel et touchant d'une femme littéralement à bout (moralement, physiquement, sentimentalement, sexuellement) depuis trop longtemps soumises et contrainte au silence, que celui plus politique de toute une nation, que brosse Anna Jadowska avec une finesse et subtilité étonnante.
Copyright La Vingt-Cinquième Heure |
Tout prend encore plus de puissance au travers de la performance imposante de Dorota Pomykala, qui capture à merveille le mal qui ronge une (sage) femme qui ne désire qu'à se reconnecter avec sa propre existence, qu'à ne plus crouler sous le poids d'une vie frustrante et insatisfaisante, dans laquelle elle est prisonnière.
À la fois chronique sociale à la lisière du documentaire, et drame pudique et douloureusement poétique, Une Femme sur le toit met en lumière le combat invisible et universel, d'une pluie de femmes tentant de conjurer la violence brutale d'une existence qu'elles ne peuvent plus supporter.
Jonathan Chevrier