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[CRITIQUE] : Saw X



Réalisateur : Kevin Greutert
Acteurs : Tobin BellShawnee SmithSynnøve Macody Lund,...
Distributeur : Metropolitan FilmExport
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h58min

Synopsis :
John Kramer, le tueur au puzzle, est de retour dans le volet le plus perturbant de la franchise SAW. Les événements se situent entre SAW I et II, on y retrouve un John, malade et désespéré, qui se rend au Mexique afin de subir une opération expérimentale capable de guérir son cancer, mais il découvre que tout ceci n’est qu’une escroquerie visant des malades vulnérables et affligés. Animé d'un nouveau but, le célèbre tueur en série retourne à son œuvre, et va prendre sa revanche sur ces escrocs dans un terrible « jeu » dont il a le secret, à travers des pièges toujours plus machiavéliques et ingénieux les uns que les autres.



Critique :


Il y a dix-neuf ans tout rond - ou presque -, deux jeunes australiens ambitieux et pétris de talent, James Wan et Leigh Whannell, frappaient furieusement à la grande porte d'Hollywood avec une péloche savamment burnée, qui allait autant révolutionner le cinéma de genre de l'époque (qui allait peu de temps après aligner en masse les tortures flicks à la qualité diverse) que faire de Lionsgate l'un des nouveaux nababs du business - statut amplifié par la suite avec la saga Hunger Games.

Véritable oeuvre phare des années 2000, Saw était surtout un choc tétanisant, une expérience unique basée sur un script étonnement simple (un psycho killer barré se la joue justicier/bourreau d'une poignée de pêcheurs) mais à l'exécution maline et jubilatoire (les nombreuses tortures infligées aux protagonistes), sublimé par un twist final franchement surprenant (ah Tobin Bell...), qui aura trituré plus d'un cerveau au moment de sa sortie.
Un brillant petit moment de terreur modeste, hommage sincère aux giallos chers au duo (ils n'auront de cesse de continuer leur révérence au genre au fil des péloches), aussi généreux et inventif qu'il est gore et sadique.

Copyright Metropolitan FilmExport

Un hit dans tous les sens du terme, qui allait très voir se franchiser (gangbangiser est un terme plus juste) à outrance par son studio qui en produira six suites dans la foulée, au rythme d'une péloche par an (pour les fêtes d'Halloween).
Six séquelles écrites avec les pieds, misant tout ou presque sur la surenchère de tripailles avec une pléthore de pièges improbables, des interprétations outrancières de comédiens en bout de course depuis plus de dix ans (Sean Patrick Flanery, Costas Mandylor,...) et des twists WTF comme ce n'est pas permis (Jigsaw allait bientôt avoir autant de disciples que de victimes...).

Stoppée au sommet de sa gloire en 2010 avec Saw 3D - Chapitre Final (mais pas si final donc), de loin le pire film de la saga, avant de renaître sept ans plus tard avec Jigsaw (pas le plus manchot des opus déclinés, mais pas le meilleur film des frangins Spierig non plus) puis de (re)connaître une nouvelle vie sous l'impulsion combinée de Chris Rock et de Darren Lynn Bousman - papa des opus deux à quatre - avec un difficilement défendable Spirale : L'héritage de Saw, une fusion bâtarde entre Se7en et le premier Saw de Wan.
Un vrai polar urbain so 90s à la ramasse, dégainant sans enthousiasme un jeu de pistes sommaire et périmé, shooté avec un académisme confondant, et qui n'osait même pas glisser vers le fun pervers le plus primaire, avec ses envolées Jigsaw-esque dévitalisées et laborieuses.

Copyright Metropolitan FilmExport

Retour à la case départ pour ce dixième film - sobrement intitulé Saw X -, et le mot est faible puisqu'il joue plus où moins la carte populaire du requel, en s'implantant directement dans la timeline entre les premier et second opus de la saga, histoire de faire renaître de ces cendres un Jigsaw qui était déjà trop vieux pour ces conneries à l'époque.
Mais contre toute attente, cette énième monture, chapeautée par l'habitué Kevin Greutert (les immondes saucisses/Saw VI et Saw 3D - Chapitre Final), incarne ce que la franchise a offert de plus convaincant depuis la première suite au film original (même si l'on retient le déluge de gore craspec et décomplexé de Saw III).

Corrigeant juste ce qu'il faut les péchés et les mauvaises habitudes de tous ses aînés, en expurgeant sa narration de toute divagation superflue et incohérente, la péloche se concentre uniquement à l'essentiel : quelques pièges vraiment ingénieux (oui, les intestins peuvent servir de corde), des mises à mort plutôt cool et, le plus important, donner suffisamment de mou (et de liens émotionnels) à Tobin Bell et Shawnee Smith, dans ce qui peut - littéralement - se voir comme une renaissance de leurs personnages, John Kramer/Jigsaw et Amanda Young.
C'est tout bête, mais en donnant un petit peu plus de corps à leurs personnages, et en limitant les ficelles putassières du récit, même les punitions extrêmes qu'ils adjugent semble résolument plus cohérentes et " justes ", là où la saga, au fil des épisodes, distillait ridiculeusement l'idée que tout être traversant en-dehors du passage piéton dans la rue, pouvait venir grossir la liste des âmes à châtier.

Copyright Metropolitan FilmExport

Articulé autour de trois actes bien précis, d'un Kramer apprenant son diagnostic mortel (et la difficile acceptation de celui-ci), à la possibilité d'un remède miracle (qui l'emmène à découvrir l'escroquerie inhumaine orchestrée par le Dr. Cecilia Pederson au Mexique), avant d'arriver à sa vengeance sanglante (" crime as a disease, meet the cure ", les vrais savent), la narration expose de manière claire et limpide - rare dans la saga - ses enjeux, met sensiblement le frein sur son action et permet de facto, un meilleur investissement de son auditoire, qui arriverait même presque à ressentir de l'empathie pour ce taré de Kramer (syndrome de Stockholm totalement assumé).

Comme si, après deux étrons, Greutert avait enfin compris ce qu'il fallait pour faire fonctionner un film Saw, et ce dont il avait besoin pour revenir à l'essentiel - les codes instaurés par Wan et Whannell.
Avec intelligence, Saw X ramène John Kramer aux fondamentaux de son odyssée punitive dans un revenge movie aussi simple qu'efficace, tout en jetant quelques membres à la gueule de la caméra.
Pas de quoi sabrer le champagne donc, mais une belle surprise que l'on attendait plus, au point - presque - d'en redemander un peu de rab.


Jonathan Chevrier


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