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[FUCKING SERIES] : La Chute de la maison Usher : Flanagan à la mort dans la Poe


(Critique - avec spoilers - de la mini-série)


Qu'on se le dise, Mike Flanagan et son " Flanagan-verse " n'a finalement jamais été aussi captivant que lorsqu'il s'inscrivait dans l'ombre d'une figure littéraire solide - Stephen King en tête, évidemment -, terrain de jeu familier (pour lui comme pour le spectateur) et réconfortant où il pouvait tranquillement dégainer des cauchemars aussi émotionnellement dévastateur que précis commz une horlogerie suisse et ce, sans jamais avoir peur de la moindre sortie de route.

The Midnight Club laissait déjà poindre cette idée perverse que le bonhomme, laissé sans kit de survie en terres inconnues, pouvait très vite vaciller dans sa propension à vouloir englober tous ses thèmes et marottes, au cœur d'une seule et même création un peu plus " originale ".
Des soucis jusqu'ici perceptible déjà au cœur de ses explorations cinématographique.

Copyright Eike Schroter/Netflix

Il n'y a donc rien d'étonnant, à l'heure de son ultime collaboration du côté de la firme au Tudum (il est parti rejoindre la concurrence Amazon l'année dernière, pour y concocter ses nouveaux projets), de voir qu'il rejoue une nouvelle fois la carte de la sécurité, en s'appuyant sur un matériau d'origine éprouvé et en béton armé : La Chute de la maison Usher, qui lui fait aborder frontalement l'univers gothique et noir d'Edgar Allan Poe, terreau propice à toutes les caractéristiques de sa " méthode ", et de sa manière d'aborder l'horreur avec un point de vue profondément humain, où les fantômes et le surnaturel ne sont finalement que le miroir déformé de ses personnages brisés.

Contre toute attente, et sans pour autant que le résultat dénote complètement de ses précédents efforts, la réinvention par Flanagan du corpus gothico-désespéré de l'œuvre de Poe (dont il lisse un peu les bords, en laissant de côté quelques éléments pourtant essentiels) se fait comme une sorte de proto-Succession sous-influences et matinée d'horreur, où il explore les dérives du capitalisme (sans pour autant renier son approche humaine et sincère) à travers une famille littéralement déconnectée de la réalité, qui s'est empressé de mettre en pièce le monde car elle était, elle-même, incapable de se réparer.

Copyright Eike Schroter/Netflix

Exit les hantises liées au chagrin, à la dépendance ou même à la religion et à la foi, Flanagan se montre ici résolument plus léger dans son approche mais aussi et surtout furieusement cynique : son nouveau cauchemar est une douloureuse et universelle fable morale, et c'est bel et bien le karma qui vient rééquilibrer les débats, et emporter avec lui les âmes de monstres toxiquement complémentaires - chaque épisode est consacré à un descendant appelé à périr.

Une véritable tragédie (une " Chute ", tout est dans le titre) où l'inéluctable dette karmique ne peut être payée autrement que par le sang.
Simpliste donc, mais d'une efficacité redoutable entre une bonne plume comme celle du bonhomme, même si elle laisse cette fois un petit arrière goût d'inachevé en bouche.
Si l'œuvre Netflixienne de Flanagan nous avait toujours habitué à plus qu'un unique exercice horrifique, avec des histoires au plus près de l'intimité et de la catharsis émotionnelle de ses personnages, pour mieux laisser poindre leur vulnérabilité (et, de facto, susciter notre empathie); La Chute de la maison Usher et son rythme en dents de scie ne s'embarrasse jamais d'une telle volonté, se complaisant même franchement dans une horreur plus traditionnelle et binaire, à la morale gentiment frelatée.

Copyright Eike Schroter/Netflix

Puisque les Usher ont fait des choses horribles, punissons-les plus encore.
Pourquoi pas, mais venant du papa de The Haunting of Hill House, on était en droit à attendre un peu plus de substances, de subtilité voire même encore plus simplement, de passion.


Jonathan Chevrier



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