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[CRITIQUE] : Lost in the night


Réalisateur : Amat Escalante
Acteurs : Juan Daniel García TreviñoEster Expósito Bárbara Mori, Fernando Bonilla,...
Distributeur : Paname Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Thriller.
Nationalité : Mexicain, Allemand, Hollandais, Danois.
Durée : 2h00min.

Synopsis :
Dans une petite ville du Mexique, Emiliano recherche les responsables de la disparition de sa mère. Activiste écologiste, elle s’opposait à l’industrie minière locale. Ne recevant aucune aide de la police ou du système judiciaire, ses recherches le mènent à la riche famille Aldama.



Critique :


Ce n'est point les aventures de John Rambo (oui, Rambo : Last Blood est excellent) ou, moins vulgairement (et jouissivement), nos diverses expériences cinématographiques et télévisuels qui nous auront assurés de la dangerosité, d'un Mexique où il ne fait décemment pas bon vivre, nation ou de plus en plus d'âmes disparaissent chaque jour, que ce soit par le bras armé d'une criminalité galopante, d'une police corrompu où même des cartels en place.

Une réalité ou la vie humaine perd totalement de sa valeur, symbole d'une société torturée par sa propre perversité, que le cinéaste Amat Escalante avait toujours su retranscrire avec sécheresse et brutalité, au coeur d'une filmographie gentiment incendiaire.

Copyright Paname Distribution

Lost in the Night (Perdidos en la Noche en V.O, dont on ne comprend absolument pas le choix de l'usage, par chez nous, du titre international), son dernier effort en date, aurait presque des allures d'anomalie dans son cinéma, tant son approche des codes du thriller apparaît cette fois plus conventionnel, moins radicale et minimaliste dans sa mise en scène, moins violente sans pour autant être moins pertinente.
Une vision purgé de sa brutalité excessive, mais qui conserve son contrat pessimiste (comprendre : réaliste) du Mexique d'aujourd'hui.
L'œuvre de la maturité ?
Sans aucun doute, même si elle peut générer parfois autant de confusion que d'attente chez son auditoire.

Passé un prologue tendu, qui vient introduire les bases cruelles de son histoire (la disparition d’une femme, une activiste écologiste et humaniste qui tente de faire fermer l'exploitation minière locale, avant d'être arrêtée par la police avec plusieurs de ses camarades, et de définitivement disparaître de la surface de la terre), suivi d'une ellipse il est vrai résolument plus décousue, Escalante déroule l'enquête plus ou moins tortueuse d'Emiliano, fils de la femme disparue, lancé dans une recherche désespérée - mais point naïve - de sa mère, quête qui l'emmènera à être - assez facilement, pour le coup - au service d'une riche famille, flanquée dans un manoir au milieu de nulle part et intimement liée au crime.

Copyright Paname Distribution

Du velours pour que le cinéaste tricote un thriller psychologique et chaotique sous fond de lutte/revanche des classes âpre et réaliste, à la lisière du néo-western, qui s'appuie moins sur la frontalité et la rigueur de sa mise en scène (qui distille néanmoins un vrai sentiment de malaise croissant et presque claustrophobique, tout au long du long-métrage), que sur la subtilité de son écriture, intelligemment expurgée de tout manichéisme putassier dans sa foisonnante et complexe galerie de personnages, quand bien même elle s'adjuge quelques errances thématiques superflues, étirant plus que de raison sa durée autant que son efficacité.

Pas la pièce la plus mémorable à l'édifice de la carrière d'Amat Escalante mais, peut-être, l'avènement d'une nouvelle direction moins violente et provocante (quoique), plus suggestive et réfléchie, qui pourrait à terme, marquer autant que ses débuts imprévisibles et furieux.


Jonathan Chevrier


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