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[CRITIQUE] : La Fiancée du poète


Réalisatrice : Yolande Moreau
Acteurs : Yolande Moreau, Sergi Lopez, Gregory Gadebois, Esteban, Thomas Guy, Anne Benoît, William Sheller, François Morel, Aissatou Diallo Sagna, Philippe Duquesne,...
Distributeur : Le Pacte
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h43min.

Synopsis :
Amoureuse de peinture et de poésie, Mireille s'accommode de son travail de serveuse à la cafétéria des Beaux-Arts de Charleville tout en vivant de petits larcins et de trafic de cartouches de cigarettes. N'ayant pas les moyens d'entretenir la grande maison familiale des bords de Meuse dont elle hérite, Mireille décide de prendre trois locataires. Trois hommes qui vont bouleverser sa routine et la préparer, sans le savoir, au retour du quatrième : son grand amour de jeunesse, le poète.



Critique :


Au panthéon des comédiennes francophones les plus douées encore en activité, force est d'admettre que l'on ne cite jamais assez la formidable Yolande Moreau, dont le parcours exceptionnel né sur la chaîne cryptée - Les Deschiens - à une époque où l'humour singulier avait encore sa place, l'a menée à côtoyer les cinémas renommés d'Etienne Chatillez, Coline Serreau, Jean-Pierre Jeunet, Costa-Gavras, Albert Dupontel, Benoit Delépine/Gustave Kervern, Agnès Varda où même François Ozon et Stéphane Brizé.

Une grande dame, aussi à l'aise dans la comédie - même la plus décalée - comme le drame, quand bien même elle a fait des propositions atypiques et radicales (celles financés au forceps par un paysage cinématographique hexagonal qui a encore un peu - beaucoup - de mal à soutenir ce qui est volontairement dans la marge), celles qu'elle affectionne le plus, et où elle s'exprime le plus librement.

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Et de liberté, il en est évidemment question avec La Fiancée du poète, son troisième long-métrage (après les excellents Quand la mer monte et Henri), co-écrit avec la scénariste Frédérique Moreau, véritable bulle de légèreté tendre et bohème, une ode à la rêverie, à la nécessité de redessiner les contours d'une vie monotone et insatisfaisante au travers du parcours (des)enchanté d'une femme fantasque qui a toujours vu et espérer sa vie, comme tout droit sorti d'un poème - logique dans un sens, quand on vient de Charleville-Mézières, ville de naissance d'Arthur Rimbaud.

Amoureuse de poésie et de peinture, elle rafraîchit les contours sombres de son existence, passant de serveuse d'une petite cafétéria, survivant grâce à de petits trafics - avant que la réalité ne la rattrape -, à propriétaire d'une grande demeure familiale s'improvisant faussaire avec une petite bande de vrais/faux voyous (les excellents Esteban, Sergi Lopez, Gregory Gadebois et le petit nouveau William Sheller), pour subvenir à ses besoins et à l'entretien de son domaine.

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Avec une empathie qui n'a d'égale que l'authenticité qu'elle donne à ses personnages, même dans leurs contradictions, Yolande Moreau capture la renaissance, par la tromperie, d'une femme naïve et généreuse, cabossée par la vie mais qui n'a jamais cessé de rêver, au sein d'une foutraque et burlesque évasion, théorisant autant sur la dureté de la solitude que les affres (parfois trompeur) de l'amour, tout en embaumant ses images d'une mélancolie enchanteresse.

La beauté d'une illusion qui vient contredire la frustration du réel, un thème qui, bien qu'à l'approche diamétralement opposée, n'est pas si étranger au résolument plus tragique et désespéré Le Ravissement de Iris Kaltenbäck, également en salles dès ce mercredi.


Jonathan Chevrier

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