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[CRITIQUE] : Jeune Cinéma


Réalisateur : Yves-Marie Mahé
Avec : -
Distributeur : Carlotta Films
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Français.
Durée : 1h14min

Synopsis :
Jeune Cinéma retrace l’histoire passionnante du festival éponyme qui s’est tenu dans le Var (à Hyères et à Toulon) de 1965 à 1983, et qui était, après Cannes, le deuxième festival le plus important en France, programmant les premiers et deuxièmes films inédits et innovants de cinéastes français et internationaux comme Philippe Garrel, Chantal Akerman, Leos Carax ou Werner Schroeter.




Critique :


Il fut un temps, à une époque pas si lointaine où la réunion cannoise n'était pas uniquement le chef-lieu français de la cinéphilie, où un festival fait d'irréductibles gaulois cinéphiles, basé sur un vrai esprit de réflexion et de liberté, célébrait et révélait les cinéastes les plus prometteurs de la jeune génération : le Festival international du jeune cinéma de Hyères, qui aura traîné sa carcasse entre Hyères et Toulon de 1965 à 1983, période où il fut une vraie contre-proposition au sacro-saint festival de Cannes, qui se déroulait quelques jours après.

Un festival définitivement moins policé et formaté que nombreux de ses héritiers contemporains, sous l'influence de la Nouvelle Vague (Claude Lelouch, Chantal Ackerman où encore Marion Hänsel et Leos Carax, ont vus leurs films y être sélectionnés), qui servait presque de banc d'essai à un tout un pan du cinéma hexagonal - mais pas que -, un cinéma à la marge, plus indépendant et radical, plus expérimental et même provocateur.

Copyright Carlotta Films

Une singularité qui aura autant fait sa force que mener, dans une certaine mesure, à sa perte, pas aidé non plus par la politique locale.
Dans un vrai souci de devoir de mémoire et à coups d'images d'archives (surtout télévisées), Yves-Marie Mahé ressucite à l'écran ce festival fondé par l'écrivain Maurice Périsset et le romancier René Poscia, lui qui a lentement mais sûrement sombré dans l'oubli (qui en a encore connaissance aujourd'hui ?).

Construit chronologiquement et titillant gentiment la nostalgie, le documentaire Jeune Cinéma se fait une ode au temps perdu et à la contre-culture, un exercice joliment informatif sur une réunion qui évoluait selon le pouls de son époque, s'animait au gré des échanges particulièrement vivants.
Mais très vite, trop vite, la faute à une vraie réflexion derrière l'effort, le film et sa durée étriquée, ne dépasse jamais son statut de beau véhicule à (jolies) vignettes qui ne se repose que sur ses (belles) images, empilées de manière un brin élémentaire.
Souvent passionnant donc, notamment dans certains des débats pris à la volée et aux questionnements toujours actuels (comme celui de Chantal Akerman sur la nécessité de repenser le système de production hexagonal), à défaut d'être totalement complet et passionné.


Jonathan Chevrier