[CRITIQUE] : Entre les lignes
Réalisatrice : Eva Husson
Acteurs : Odessa Young, Josh O'Connor, Olivia Colman, Colin Firth, Sope Dirisu,...
Distributeur : Condor Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Historique, Romance.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h44min.
Synopsis :
Angleterre, 1924. Femme de chambre chez un couple d'aristocrates, Jane fréquente secrètement Paul, le fils des propriétaires du manoir voisin. Instinctivement, Jane sait que leur différence de milieu, et le futur mariage de Paul avec une autre, vouent leur liaison passionnée à l'échec. Elle se raccroche alors à ces étreintes dérobées comme à autant de futurs souvenirs destinés à nourrir sa plume d'écrivaine en devenir.
Critique :
Force est d'admettre que nous n'avons pas été marqué plus que cela par les débuts derrière la caméra, de la cinéaste française Eva Husson, que ce soit via le sulfureux et très inégal Bang Gang, où le difficilement défendable Les Filles du Soleil, pamphlet artificiel et maladroit, voire même furieusement complaisant.
Un long-métrage né de sa volonté à mettre en lumière le terrible sort des Yézidis, une communauté kurdophone à la religion monothéïste (elle fait du soleil une entité sacrée), persécutée par les mouvements terroristes de l'Etat Islamiste; une poignée de femmes luttant contre un ennemi aux idéaux et actions radicales.
Et même si l'adage assure toujours que " jamais deux sans trois ", l'enthousiasme restait tout de même de mise à la découverte de son troisième effort, Entre les lignes (dont on préférera infiniment plus son titre original, Mothering Sunday, qui correspondait au jour que les riches propriétaires terriens britanniques, accordaient à leurs serviteurs pour aller rendre visite à leurs mères), adaptation du roman Le Dimanche des mères de Graham Swift - avec Alice " Normal People " Birch au scénario -, catapulté au cœur de l'Angleterre d'après-guerre et vissé sur les atermoiements sentimentaux, entre passé et présent, d'une jeune servante aux origines modestes (qui va peu à peu se trouver une vocation avec la littérature), et de son amant issu d'une famille aisée, promis à une femme de son rang social.
Pétillant sur le papier (les cœurs d'artichauts que nous sommes, n'ont pas forcément besoin de plus que la campagne anglaise et deux âmes amoureuses, pour chavirer), le film démontre une nouvelle fois, malgré son charme indéniable, combien ce qui peut fonctionner dans la littérature, perd cruellement de sa substance et de sa pertinence une fois le mur du septième art franchi.
Charpenté autour d'un récit fragmenté et non-linéaire, jouant avec la notion de temporalité autant en jonglant entre passé et présent dans un va-et-vient continu, qu'avec ce qui est vécu, conté voire même (ré)imaginé, Entre les lignes (ironiquement de plus en plus nébuleuses) provoque très vite la confusion là où son histoire apparaît pourtant, in fine, furieusement conventionnelle.
Un choix narratif qui apparaît plus comme une excentricité discutable qu'une réelle nécessité narrative, autour duquel l'écriture elle-même à la fâcheuse habitude à se disperser (comme tout son arc au cœur des années 40 et sa romance " secondaire "), voire même à ne jamais donner assez de corps à des personnages gentiment caricaturaux.
Dommage, car c'est par eux que toute histoire aussi classique que celle d'un amour impossible prend toute sa puissance, que chacun des éphémères instants de bonheur trouvent leur intérêt et leur grâce.
Alors certes, si ce que recherche Birch derrière la romance, c'est pousser à la réflexion sur la versatilité du temps, la guérison lente de blessures profondes (littéralement la perte tragique d'un amour) et la nature intrinsèquement littéraire de la notion de souvenir, que l'on peut récrire/revivre à foison par l'écriture (qui servira ici d'outil libérateur et thérapeutique pour son héroïne), tout reste douloureusement trop en surface, et ne suscite jamais assez un chamboulement émotionnel.
Et ce n'est pas la mise en scène, au demeurant élégante et au plus près des corps/coeurs, d'Eva Husson, qui vient booster ce qui semble inéluctablement figé et (presque) artificiel, puisqu'elle s'offre elle-même quelques errances hédonistes superflues.
Reste un vrai travail raffiné sur la lumière et les décors, ainsi qu'une performance générale aussi intense qu'inspirée - Odessa Young mais surtout Josh O'Connor, en tête.
Acteurs : Odessa Young, Josh O'Connor, Olivia Colman, Colin Firth, Sope Dirisu,...
Distributeur : Condor Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Historique, Romance.
Nationalité : Britannique.
Durée : 1h44min.
Synopsis :
Angleterre, 1924. Femme de chambre chez un couple d'aristocrates, Jane fréquente secrètement Paul, le fils des propriétaires du manoir voisin. Instinctivement, Jane sait que leur différence de milieu, et le futur mariage de Paul avec une autre, vouent leur liaison passionnée à l'échec. Elle se raccroche alors à ces étreintes dérobées comme à autant de futurs souvenirs destinés à nourrir sa plume d'écrivaine en devenir.
Critique :
Charpenté autour d'un récit fragmenté et non-linéaire, jonglant entre passé et présent dans un va-et-vient continu, l'élégant #EntreLesLignes provoque vite la confusion là où son histoire apparaît au final furieusement conventionnelle. Passionné certes, mais pas assez passionnant pic.twitter.com/6dMZ0bnTo5
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) October 2, 2023
Force est d'admettre que nous n'avons pas été marqué plus que cela par les débuts derrière la caméra, de la cinéaste française Eva Husson, que ce soit via le sulfureux et très inégal Bang Gang, où le difficilement défendable Les Filles du Soleil, pamphlet artificiel et maladroit, voire même furieusement complaisant.
Un long-métrage né de sa volonté à mettre en lumière le terrible sort des Yézidis, une communauté kurdophone à la religion monothéïste (elle fait du soleil une entité sacrée), persécutée par les mouvements terroristes de l'Etat Islamiste; une poignée de femmes luttant contre un ennemi aux idéaux et actions radicales.
Copyright Condor Distribution |
Et même si l'adage assure toujours que " jamais deux sans trois ", l'enthousiasme restait tout de même de mise à la découverte de son troisième effort, Entre les lignes (dont on préférera infiniment plus son titre original, Mothering Sunday, qui correspondait au jour que les riches propriétaires terriens britanniques, accordaient à leurs serviteurs pour aller rendre visite à leurs mères), adaptation du roman Le Dimanche des mères de Graham Swift - avec Alice " Normal People " Birch au scénario -, catapulté au cœur de l'Angleterre d'après-guerre et vissé sur les atermoiements sentimentaux, entre passé et présent, d'une jeune servante aux origines modestes (qui va peu à peu se trouver une vocation avec la littérature), et de son amant issu d'une famille aisée, promis à une femme de son rang social.
Pétillant sur le papier (les cœurs d'artichauts que nous sommes, n'ont pas forcément besoin de plus que la campagne anglaise et deux âmes amoureuses, pour chavirer), le film démontre une nouvelle fois, malgré son charme indéniable, combien ce qui peut fonctionner dans la littérature, perd cruellement de sa substance et de sa pertinence une fois le mur du septième art franchi.
Charpenté autour d'un récit fragmenté et non-linéaire, jouant avec la notion de temporalité autant en jonglant entre passé et présent dans un va-et-vient continu, qu'avec ce qui est vécu, conté voire même (ré)imaginé, Entre les lignes (ironiquement de plus en plus nébuleuses) provoque très vite la confusion là où son histoire apparaît pourtant, in fine, furieusement conventionnelle.
Copyright Condor Distribution |
Un choix narratif qui apparaît plus comme une excentricité discutable qu'une réelle nécessité narrative, autour duquel l'écriture elle-même à la fâcheuse habitude à se disperser (comme tout son arc au cœur des années 40 et sa romance " secondaire "), voire même à ne jamais donner assez de corps à des personnages gentiment caricaturaux.
Dommage, car c'est par eux que toute histoire aussi classique que celle d'un amour impossible prend toute sa puissance, que chacun des éphémères instants de bonheur trouvent leur intérêt et leur grâce.
Alors certes, si ce que recherche Birch derrière la romance, c'est pousser à la réflexion sur la versatilité du temps, la guérison lente de blessures profondes (littéralement la perte tragique d'un amour) et la nature intrinsèquement littéraire de la notion de souvenir, que l'on peut récrire/revivre à foison par l'écriture (qui servira ici d'outil libérateur et thérapeutique pour son héroïne), tout reste douloureusement trop en surface, et ne suscite jamais assez un chamboulement émotionnel.
Et ce n'est pas la mise en scène, au demeurant élégante et au plus près des corps/coeurs, d'Eva Husson, qui vient booster ce qui semble inéluctablement figé et (presque) artificiel, puisqu'elle s'offre elle-même quelques errances hédonistes superflues.
Copyright Condor Distribution |
Reste un vrai travail raffiné sur la lumière et les décors, ainsi qu'une performance générale aussi intense qu'inspirée - Odessa Young mais surtout Josh O'Connor, en tête.
Trop peu pour contrebalancer avec la relative mais tenace, impression de frustration à la vision d'un film qui en montre paradoxalement beaucoup et trop peu à la fois, d'un film prenant mais pas aussi passionné et bouleversant qu'espéré.
Jonathan Chevrier
Jonathan Chevrier