Breaking News

[FUCKING SERIES] : Sex Education saison 4 : This is the end


(Critique - avec spoilers - de la quatrième et dernière saison de la série)


À la différence de nombreux shows made in Netflix, il y a quelque chose d'étonnament réconfortant à l'idée de voir comment Sex Education a su garder son (bon) cap durant la majorité de sa courte existence, même passé le difficile virage de la troisième saison, s'extirpant gentiment de son (faux) statut de sitcom régressive et torride pour adolescents qu'il menaçait d'être à l'origine, à quelque chose de plus juste dramatique, prêt à aborder des thèmes épineux avec pragmatisme sans pour autant dénigrer sa désinvolture.

Et c'est peut-être ce qui en fait toute sa saveur finalement, cet esprit de " normalisation " des traumas de l'adolescence - quitte à épouser certains clichés faciles des teen shows US -, se savoir révolutionnaire sans forcément marqué plus que de raison ses efforts, aborder des sujets aussi épineux que futiles, sans sermonner ni assommer son auditoire.

Copyright SAMUEL TAYLOR/NETFLIX

Il n'y a donc rien de mal alors, dans un sens et aussi frustrant que cela puisse paraître, que la formule s'étiole un peu (juste un peu), devienne moins précise et laisse moins de vie à certains ses personnages pour en introduire d'autres, justement dans l'idée d'élargir le trait et les sujets à aborder, subvertissant un brin les attentes sur ce point là, assumant pleinement son statut de pièce d'ensemble, alternant les perspectives de manière fluide dans des épisodes presque indépendants des autres.

Après tout, Sex Education, que ce soit dans sa manière à la fois accrue et thérapeutique d'aborder la question de la sexualité adolescente, de défendre l'inclusivité et de prôner la tolérance (la représentation, aussi large et plurielle possible, a toujours été LE des point fort de la série), a toujours incarné une célébration rafraîchissante et rare de la génération Z, a mille lieux d'une proposition - globalement - abrutissante et cynique.
Quelle tristesse dès lors, de voir que tous les principaux écueils qu'elle avait su subtilement évité jusqu'alors (le trop plein de personnages, déjà perceptible il est vrai, durant la saison 3, le cynisme inadéquat,...), en s'inscrivant pleinement dans l'air du temps, viennent s'inviter à la fête de ce qui devait être des adieux réconfortants.

Copyright SAMUEL TAYLOR/NETFLIX

Le déménagement forcé entre Moordale et l'établissement encore plus progressiste qu'est le Cavendish Sixth Form College, ne se fait donc pas sans heurts pour le spectateur et les personnages (notamment pour un Otis devant cohabiter avec un autre étudiant sexologue/rival - O -, mais également gérer sa relation longue distance avec Maeve, et voir sa mère sombrer dans une dépression post-natale), obligés de fréquenter de nouveaux personnages à la caractérisation taillée à la serpe (même si Abbi et Roman ont le temps de s'exprimer, difficile de s'attacher à de nouveaux visages lorsque le glas du final approche à grands pas), et de se perdre dans une énième succession d'intrigues secondaires que viennent, sporadiquement, relever quelques coups de fouet émotionnels.

Et c'est pleinement de subtilité et d'implication que manque cette ultime salve d'épisodes, au point qu'elle ressemblerait presque à une parodie des précédentes, plus concises et radicales, où l'on suivrait un enchaînement intense de bonnes cases/symboles à cocher avant le gong final, ne se laissant jamais réellement le temps de respirer.
Certes, si sa sensibilité est toujours palpable et que l'importance de ces thématiques plus ou moins graves, est toujours adoucis par par l'humour, tout apparaît ici moins naturel, moins facile, moins touchant.

Copyright SAMUEL TAYLOR/NETFLIX

Si son optimisme inébranlable envers la nature humaine est toujours aussi intact également, au point même que l'on donnerait toujours une possibilité de rédemption à n'importe quel des personnages joliment imparfaits, mais quelque chose cloche au sein de Cavendish - et même au-delà de ses murs, du côté de Maeve ou des adultes -, laissant un sacré goût amer en bouche.

Contre toute attente, si cette quatrième et dernière saison de Sex Education peut nous laisser gentiment nostalgique, les adieux sont moins déchirants que prévus et à l'instar de nos personnages favoris, nous n'auront peut-être pas autant de mal que cela, à oublier Moordale...


Jonathan Chevrier


Aucun commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.