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[CRITIQUE] : Visions


Réalisateur : Yann Gozlan
Avec : Diane Kruger, Mathieu Kassovitz, Marta Nieto,...
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Thriller.
Nationalité : Français.
Durée : 2h03min

Synopsis :
Pilote de ligne confirmée, Estelle mène, entre deux vols long-courriers, une vie parfaite avec Guillaume, son mari aimant et protecteur. Un jour, par hasard, dans un couloir d’aéroport, elle recroise la route d’Ana, photographe avec qui elle a eu une aventure passionnée vingt ans plus tôt. Estelle est alors loin d’imaginer que ces retrouvailles vont l’entraîner dans une spirale cauchemardesque et faire basculer sa vie dans l’irrationnel…



Critique :


Au rayon des jeunes cinéastes qui envoie gentiment du pâté dans l'hexagone, Yann Gozlan caracole sans trop forcer en tête de la liste, fier d'un triplé gagnant Un Homme IdéalBurn Out et Boîte Noire, qui en a clairement fait l'un des spécialistes récents, du thriller psychologique et atmosphérique.
Un cinéaste capable d'épouser avec habileté les tropes du genre pour mieux leur offrir une carapace un poil plus moderne (même si, il est vrai, emprunt d'un classicisme américain très marqué), tout en ne sapant jamais l'intelligence de son auditoire au passage.

Copyright SND

Pour son cinquième passage derrière la caméra, le bonhomme persiste et signe dans le thriller avec Visions, belle promesse de séance sensuelo-tortueuse voire Hitchcockienne (comme Un Homme Idéal et Boîte Noire), vissée sur la relation double et trouble qu'entretien une commandant de bord long courrier avec son mari chirurgien (avec qui elle cherche désespérément à tomber enceinte, même si son corps, tout comme son sommeil, est perturbé par la rudesse de son métier) ainsi qu'avec une ancienne amante, photographe de renom qu'elle a connu vingt ans plus tôt, et avec qui elle a vécue une liaison passionnée.

Une vie jusqu'ici vécu sous le poids de la rigueur et du contrôle, trop bien réglée pour ne pas débordée, mais qui va lentement mais sûrement, sous les courbes vénéneuses du désir, se laisser glisser dans une spirale infernale jusqu'au bord de l'irrationnel.
Constamment enlacé entre rêves et réalité, alors que les premiers commencent à dangereusement se concrétiser dans la vérité de la seconde, le film trouble volontairement, interroge tout en laissant soigneusement ses questions sans réponses, comme pour mieux nous perdre dans les méandres de la psyché d'une femme torturée, doublement victime de relations malsaines et toxiques où l'emprise est le maître-mot.

Copyright SND

Psychologiquement dense et tendu, riche en fulgurances et n'usant d'aucun artifice autre que la densité de sa narration cyclique (dont on pourra cela dit, tiquer un poil sur ses quelques longueurs, ses rebondissements plus ou moins prévisibles, l'écriture stéréotypée du personnage d'Ana, ou encore des flashbacks pas toujours bien amenés), son rythme intelligemment lancinant et la crédibilité de la caractérisation de ses personnages, tous brillamment incarnés (que ce soit les incandescentes Marta Nieto et Diane Kruger en tête).

Expérience aussi sensorielle que Boîte Noire, avec qui il partage la même élégance esthétique (mais un peu moins la même rigueur/subtilité scénaristique), nouée autour de la manipulation (devant comme derrière la caméra) et de l'ambiguïté; Visions imprime sans doute moins la rétine que les précédents efforts de Yann Gozlan, mais vaut néanmoins chèrement son pesant de pop-corn.


Jonathan Chevrier


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