[CRITIQUE] : Les Grands enfants

Réalisateur : Dustin Guy Defa
Acteurs : Michael Cera, Hannah Gross et Sophia Lillis,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique, Comédie, Drame.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h31min.

Synopsis :
Trois frères et sœurs se réunissent après la mort de leur mère.

Critique :

À la fois tendre et impitoyablement brut dans sa manière d'explorer l'éloignement familial, #LesGrandsEnfants se fait un drame authentique et poignant, sur des êtres décalés et perdus, que la narration à le bon ton de ne pas diriger facilement vers la voie de la réconciliation. pic.twitter.com/NDdEBnfKkV
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 5, 2023

Si les comédies dramatiques vissées sur les histoires familiales et leurs dynamiques complexes, ne semblent jamais avoir quelque chose d'original à apporter dans la balance d'un genre usé jusqu'à la moelle, quelques films plutôt inspirés, viennent un brin rompre cette formule définitivement trop familière, pour lui apporter sa propre sonorité, sa propre singularité.

S'il ne pète évidemment pas dans la soie de l'originalité, The Adults - Les Grands enfants par chez nous - écrit et mis en boîte par Dustin Guy Defa (le sympathique Manhattan Stories, déjà avec Michael Cera), bazardé un brin à l'aveugle et en catimini en VOD, swingue sur son propre groove à la fois chaleureux et furieusement ironique, vissé sur trois frères et sœurs (magnifique trio Cera, Hannah Gross et Sophia Lillis) aux âmes agitées et à la relation dysfonctionnelle, qui tentent tant bien que mal d'avancer dans l'âge adulte, tout en n'ayant de cesse de se chamailler.

Aussi crue qu'elle est rafraîchissante et cathartique, l'histoire, sinueuse mais étonnament parsemée de touches humoristiques salvatrices, suit le come-back à la fois mélancolique que pétri de gêne d'Eric, de retour dans sa ville natale pour voir le bébé d'un vieil ami et retrouver ses deux sœurs, Rachel et Maggie.
Un retour difficile, dont les émotions nostalgiques et contradictoires viennent se heurter à un constat douloureux du temps qui passe, et du chemin parcourut depuis son départ.

Entre une anxiété latente dans un monde aussi réconfortant qu'étouffant, une pluie de ressentiments lancinants et un deuil de sa mère jamais réellement digéré, couplé à une pratique du poker compulsive gentiment ravivée (ou il en dit finalement plus à travers lui-même par le jeu, que dans de longues conversations avec ses proches), les retrouvailles ne se feront pas sans casse ni sans part d'ombre, même si chacun cherche authentiquement et désespérément, à renouer les liens forts du passé et à donner un trop plein d'amour dont ils ne semblent jamais avoir les bons outils, pour le transmettre à l'autre.

À la fois doux et impitoyablement vrai dans sa manière d'explorer sans artifices, l'éloignement familial - ici fraternel - au travers des petites maladresses et autres crudités (plus fruit d'une insécurité et d'une méfiance réelle, que d'une méchanceté consentie) que se lancent trois frères et sœurs, que la narration à le bon ton de ne pas diriger facilement vers la voie de la réconciliation; The Adults se fait un drame sensible et poignant, sur des êtres décalés et perdus dans leur obligation d'embrasser à la fois un âge adulte ingrat, et retrouver une harmonie commune - presque - impossible.

Une étude de personnage brute et tendre, nuancée et subtile, qui a tout d'une nouvelle filmée, totalement transportée par son fantastique trio vedette.
Une (très) jolie découverte.

Jonathan Chevrier