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[CRITIQUE] : Le Règne Animal


Réalisateur : Thomas Cailley
Avec : Romain Duris, Paul Kircher, Adèle Exarchopoulos, Tom Mercier,…
Distributeur : StudioCanal
Budget : -
Genre : Drame, Aventure, Fantastique
Nationalité : Français
Durée : 2h08min

Synopsis :
Dans un monde en proie à une vague de mutations qui transforment peu à peu certains humains en animaux, François fait tout pour sauver sa femme, touchée par ce phénomène mystérieux. Alors que la région se peuple de créatures d'un nouveau genre, il embarque Émile, leur fils de 16 ans, dans une quête qui bouleversera à jamais leur existence.


Critique :


Neuf ans après Les Combattants, Thomas Cailley revient en grande pompe. Le Règne Animal a fait sensation en ouverture de la section Un Certain Regard à Cannes cette année et s’apprête à sortir dans nos salles hexagonales.

Le film de genre français, encore trop rare, s’est-il trouvé un visage de marque sous les traits de Romain Duris ? Après Dans la Brume (de Daniel Roby, 2018) et Coupez ! (de Michel Hazanavicius, 2022), l’acteur se perd dans les forêts du sud-ouest de la France, à la recherche de sa femme atteinte d’une curieuse maladie. Une maladie qui touche une grande partie de la population et qui, à l’image du Coronavirus, change considérablement les infrastructures. De nouveaux centres voient le jour pour contrer la propagation et pour éviter toute agressivité. Car cette maladie transforme les humains en animaux. Du loup au hibou, de la pieuvre au lézard, la peau se durcit, les ongles se font griffes et le comportement devient plus instinctif que conscient.

Copyright 2023 NORD-OUEST FILMS - STUDIOCANAL - FRANCE 2 CINÉMA - ARTÉMIS PRODUCTIONS

Au cinéma, les catastrophes surviennent souvent lors d’un bouchon. C’est comme cela que Le Règne Animal commence, dans un bouchon, alors que François (Romain Duris) et Émile (Paul Kircher), son fils, se disputent gentiment dans l’habitacle du véhicule. La caméra passe du visage de l’un, provocateur, à l’autre, exaspéré. Va-t-on voir les prémisses du virus, comme on peut le voir dans l’incipit de films de zombie ? Il n’en est rien, le chaos étant déjà là, tapi dans le quotidien, dans l’ombre. Le semblant de normalité explose, métaphoriquement, ainsi que dans l’action. Une porte d’ambulance s’ouvre et avec elle s’ouvre un nouveau monde, celui que nous propose Thomas Cailley : le règne de l’inconnu, de la méfiance, du rejet.

À partir de là, le film plonge la tête la première dans le fantastique et place, par petites touches judicieuses, une atmosphère pesante. Le problème du virus est constamment mis dans l’implicite. Un tag sur un mur, des petites phrases assassines, une présence policière (avec la sous-exploitée Adèle Exarchopoulos dans le rôle d’une brigadière). L’hostilité diffuse un sentiment de mal-être. Et quand le corps d’Émile commence à manifester des signes de transformation animale, le mal-être se propage et se métamorphose en peur.

Copyright 2023 NORD-OUEST FILMS - STUDIOCANAL - FRANCE 2 CINÉMA - ARTÉMIS PRODUCTIONS

À la question “Le Règne Animal est-il un bon film ?”, il sera difficile d’y répondre sans penser à la rareté de ce genre de proposition à grande échelle nationale dans le cinéma français. Bourré de bonnes idées de mise en scène, avec une caméra à l’affût du moindre mouvement (comme un animal), le film est sur un équilibre fragile entre le coming of age (la transformation du corps d’Émile, encore adolescent), le film social, le film de genre et le drame familial. Arrive-t-il à tout concilier avec brio ? Hélas, non. Après une tension quasi insoutenable, le récit perd de sa splendeur en milieu de film, pour mieux rebondir sur la fin. Seulement voilà, Thomas Cailley n’est pas un mauvais conteur et arrive à cueillir l’émotion de son public dans plusieurs scènes déchirantes, notamment quand le père et le fils crient le nom de la femme/mère disparue dans le secret de la nuit.

Que l’on adhère ou non à la proposition de genre de ce Règne Animal, une chose est sûre, le film fera son petit effet.


Laura Enjolvy


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