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[CRITIQUE] : La Petite


Réalisateur : Guillaume Nicloux
Acteurs : Fabrice LuchiniMara TaquinMaud Wyler, Veerle Baetens,...
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Belge.
Durée : 1h33min.

Synopsis :
Joseph apprend que son fils et le compagnon de celui-ci viennent de périr dans un accident. Ils attendaient un enfant via une mère porteuse en Belgique. Que va devenir leur futur bébé ? Joseph en est-il le grand-père légitime ? Porté par la promesse de cette naissance qui va prolonger l’existence de son fils, le sexagénaire part à la rencontre de la jeune flamande au caractère farouche et indomptable…



Critique :


La dernière vraie réussite fictionnelle de Guillaume Nicloux (il a réalisé entre-temps le documentaire fascinant Les Rois de l'Arnaque du côté de la plateforme au Toudoum) reste sans aucun doute le merveilleux Les Confins du Monde (quand bien même Thalasso reste divertissant), trip halluciné et hallucinant sur fond de revenge movie viscéral, une auscultation contemplative et brutale d'un conflit qui le fut encore plus, qui rappellait instinctivement son Valley of Love dans ses thématiques - aussi bien dans son rapport intime à la grande faucheuse que son obsession pour le désagrégement de l'âme humaine -, d'autant qu'il jouait tout du long la carte la perte de repère (temporel, physique et psychologique) pour mieux déstabiliser son auditoire au sein d'un cauchemar sans nom sondant la noirceur macabre et cannibale de l'âme humaine, pervertie par ses excès de violence et ses angoisses.

Copyright THIBAULT GRABHERR / Les Films du Kiosque / SND

Plus imprévisible que jamais, dans le bon comme (surtout) le mauvais sens du terme, on l'avait laissé en février dernier avec une sacrée déconvenue, La Tour, une fresque glauque et décadente sur la déchéance humaine au rythme furieusement décousu, tuant dans l'oeuf et dans une accumulation de massacres toute idée de multiculturalisme et du (chimérique, il est vrai) concept de bon vibre ensemble, au profit d'un portrait navrant de notre société confinée, tant il se laisse aller à une violence sauvage voire profondément gênante et complaisante, pour exprimer avec de gros sabots sa pensée nihiliste sur comment nous nous dirigeons tous lentement mais sûrement, vers un déclin inéluctable, une autodestruction collective faites de sang, de haine et de larmes.

Heureusement, pour lui comme pour son auditoire, la sortie de route semble passagère avec la sortie - déjà - de son nouvel effort, La Petite (une adaptation du roman Le Berceau de Fanny Chesnel), où il aborde une nouvelle fois, plus ou moins directement, le thème du deuil au travers d'un mélodrame sobre et doux-amer sur le quotidien bouleversé d'un ébéniste veuf qui, au décès accidentel de son fils et de son compagnon (dans un crash d'avion), s'en va en Belgique rencontrer la mère porteuse qui attendait leur enfant, dans le but de la convaincre qu'il peut pleinement s'occuper du bébé, lui qui était destiné à être son grand-père.

Copyright THIBAULT GRABHERR / Les Films du Kiosque / SND

Noué autour d'une opposition des contraires et d'un choc générationnel (solide tandem Fabrice Luchini/Mara Taquin), tout en croquant une étonnante ode à la vie et à la résilience qui joue admirablement bien sur notre corde sensible, La Petite aborde avec justesse un thème d'actualité (la question du statut juridique flou de la GPA, ici transplantée du côté du plat pays), dans un petit bout de cinéma humaniste certes prévisible et aux bons sentiments un brin forcé, mais à l'honnêteté difficilement discutable.


Jonathan Chevrier