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[CRITIQUE] : La Nonne : La Malédiction de Sainte Lucie


Réalisateur : Michael Chaves
Acteurs : Taissa Farmiga, Storm Reid, Jonas Bloquet, Katelyn Rose Downey, Bonnie Aarons,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Epouvante-Horreur.
Nationalité : Américain
Durée : 1h49min

Synopsis :
Le mal n’a jamais été aussi proche : Valak, la nonne démoniaque de Conjuring revient… Dans le sud de la France.



Critique :


Puisqu'on ne peut plus lutter, il faut désormais se rendre à l'évidence : alors qu'elles touchent le fond en matière d'ineptie narrative et de qualité cinématographique, les réalisations du Conjuring-verse remplissent de manière totalement inexplicable, des salles définitivement pas assez obscures.
Prenant de plus en plus son temps pour raconter de moins en moins de choses - et surtout de plus en plus d'aberrances -, les voilà de retour dans des salles jamais trop obscures, pour contenter des spectateurs amateurs de frissons faciles (ou inexistants, ça marche aussi), avec l'une des figures de proue de l'univers partagé : Valak aka La Nonne, le sosie fatigué d'Alice Cooper, définitivement moins flippant que le chanteur...

Passé un premier opus au fond pas si dégueulasse signé Corin Hardy (si, narrativement et horrifiquement parlant, ça reniflait fort le pâté, l'esthétique léchée - jolie photo de Maxime Alexandre - et l'ambiance 50s, faisaient leur office), tente donc de régler son casier judiciairo-cinéphile avec un second opus opportuniste, La Malédiction de Sainte Lucie, chapeauté par le nouvel astre du désastre de la saga, Michael Chaves, déjà derrière les daubés La Malédiction de la Dame Blanche et Conjuring : Sous l'emprise du Diable.

Copyright 2022 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.

Sans surprise, le bonhomme ne fait pas de miracles, s'attache douloureusement à la franchise mère (quelques brèves révélations concernant les origines de Valek et ce qu'elle veut réellement, juste pour la forme) et en bon alchimiste du pauvre, il ne transforme pas la pisse en Chardonnay et croque un opus bigger and louder qui mériterait d'être jeté au bûcher pour ses trop nombreux péchés, tant il n'est au fond qu'une énième extension paresseuse (qui peine, une fois encore, à justifier son existence) d'une franchise qui n'a plus rien à dire, ni à donner, depuis trop longtemps maintenant.

Écrit sans inspiration (Richard " The Autopsy of Jane Doe " Naing  et Akela " Malignant " Cooper, quand-même) et réalisé sans conviction - l'inverse fonctionne aussi -, faisant directement suite aux événements (enfin, quatre ans après) de l'opus original, tout en prenant cette fois pour cadre notre chère France (pas cocorico, non), cette suite s'appuie sur un intrigue lessivée et au rythme fastidieux, dénuée de tout rebondissement significatif pour alimenter son " suspense ".
Pire, elle semble tourner en rond à peine son premier tiers franchit (la narration n'a évidemment aucun commentaire clair et réfléchi sur l'église - ou même plus largement la religion -, autre qu'un sempiternel et binaire sur l'opposition entre le bien - c'est doux - et le mal - c'est caca -, à la superficialité toujours aussi éclatante), attendant tant bien que mal, tout comme ses personnages (croqués à la serpe et à qui on ne donne presque rien à faire), l'inévitable et chaotique confrontation finale, pour sortir un brin de sa torpeur.

Entre-temps, Chaves cède sans résister à la formule horrifique facile de la franchise, qu'il souille désormais avec une gourmandise déconcertante, en accumulant les jumps scares harrassants et autres effets de montage ridicules, tout droit sortie d'un cahier des charges rompu à uniquement satisfaire le spectateur au frisson fragile.
Il augmente même gentiment le body count de Valak, tout en lui offrant, paradoxalement, un temps de présence plus limité, preuve criante si besoin était, de prouver son incapacité à capturer ce qui l'a rendu si effrayante, dans le peu de temps de présence qu'elle avait dans la suite de Conjuring.

Copyright 2022 Warner Bros. Entertainment Inc. All Rights Reserved.

Le cinéaste, tout comme la saga, n'exorcisera pas ici ses mauvaises habitudes, ni ne dynamitera son sujet de l'intérieur (pas aujourd'hui qu'on aura droit à un jouissif et foutraque cousin au génial Le Couvent de Mike Mendez) pour pleinement marquer un auditoire qui hésitera entre l'ennui poli et une satisfaction partielle.
Force est de constater que même prier pour mirer un film Conjuring un tant soit peu effrayant après neuf aventures cinématographiques (et ce n'est pas terminé), c'est devenu beaucoup trop demander aujourd'hui...


Jonathan Chevrier