[CRITIQUE] : Le Comte
Réalisateur : Pablo Larraín
Acteurs : Jaime Vadell, Gloria Münchmeyer, Alfredo Castro, Paula Luchsinger,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Comédie, Epouvante-horreur.
Nationalité : Chilien, Américain.
Durée : 1h50min
Synopsis :
Augusto Pinochet est un vampire prêt à mourir, mais les vautours de son entourage ne le laisseront pas partir aussi facilement. Une satire sombre de Pablo Larraín.
Critique :
Après trois fantastiques et complexes portraits de femmes - Jackie, Ema et Spencer -, Pablo Larraín revient, d'une certaine manière, aux sources de son cinéma avec El Conde - Le Comte -, en s'attaquant une nouvelle fois à l'une des figures fondamentales de sa filmographie, Augusto Pinochet, dont le spectre omniprésent de sa dictature militaire avait déjà hanté Tony Manero, Santiago 73, post mortem ou encore No.
Cette fois, il ne pointe plus indirectement les effets du fascisme et de son règne brutal et sanguinaire, sur les citoyens et la société chilienne des 70s jusqu'au 90s, puisqu'il l'aborde frontalement, faisant du dictateur le héros d'une simili-comédie horrifique sombre et grotesque, dans laquelle il est un vampire d'environ 250 ans, qui a simulé sa propre mort en 2006, pour échapper aux conséquences de ses méfaits.
Un - véritable - monstre né dans notre bonne chère France sous le règne de Louis XVI, actif dans les rangs de la contre-révolution (comprendre : de la violence, de l'injustice et de la répression la plus absolue) de différentes époques et nations du monde depuis lors, et qui aspire désormais, presque avec mélancolie, à mettre fin à ses jours, alors que sa famille (menée par une épouse de ne pas avoir été choisie pour l'éternité) se déchire pour empocher son héritage, malhonnêtement amassé au fil du temps.
Un choix osé de la part de Larraín (d'autant qu'il abandonne sa sobriété habituelle pour une facture résolument plus... pop), qui ne vient pas tant nourrir une réflexion complexe et réfléchie sur le totalitarisme d'hier et d'aujourd'hui, mais bien une réinterprétation étrange, étonnament peu sérieuse et au didactisme un brin fastidieux, qui n'a au fond que pour seul but de faire rire - sans véritablement y parvenir, tout en dégainant des clins d'œil cinéphiles plus où moins bien digérés (de La Passion de Jeanne d'Arc de Dreyer aux envolées gothiques de la Hammer, en passant par des cadres brumeux - filmés en grand-angle - tout droit sortie du cinéma de Béla Tarr).
Embaumé, il est vrai, dans un noir et blanc léché (superbe photographie d'Ed Lachman) et fort d'une mise en scène élégante - vissée sur une quête constante du plan parfait -, El Conde pêche sensiblement dans son fond, modeste satire surréaliste plus alambiquée que pertinente, qui s'enlise dans sa réinterprétation fantasmagorique et (très) volubile du parcours sanglant de Pinochet (devenu presque sympathique, en anti-héros Dracula-esque), de sa banalisation du fascisme (puisque fruit d'un mal surnaturel, même s'il se montre une nouvelle fois virulent envers l'institution catholique, soulignant sa connivence - toujours actuelle - avec les régimes totalitaires et facistes) à son traitement artificiel de l’histoire politique chilienne.
Un vraie déconvenue, même prise sous le prisme de l'absurde (Larraín étant, assez logiquement, plus à l'aise avec les codes de la comédie que du fantastique), pour un cinéaste qui avait su si brillamment et intimement retranscrire, par le passé, la cruauté d'une vie au cœur dictature fasciste.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Jaime Vadell, Gloria Münchmeyer, Alfredo Castro, Paula Luchsinger,...
Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Comédie, Epouvante-horreur.
Nationalité : Chilien, Américain.
Durée : 1h50min
Synopsis :
Augusto Pinochet est un vampire prêt à mourir, mais les vautours de son entourage ne le laisseront pas partir aussi facilement. Une satire sombre de Pablo Larraín.
Critique :
Élégant dans sa forme, #ElConde pêche dans son fond, satire surréaliste alambiquée qui s'enlise dans sa réinterprétation fantasmagorique et volubile du parcours sanglant de Pinochet, de sa banalisation du fascisme à son traitement artificiel de l’histoire politique chilienne. pic.twitter.com/fU8VuWS9L0
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) September 15, 2023
Après trois fantastiques et complexes portraits de femmes - Jackie, Ema et Spencer -, Pablo Larraín revient, d'une certaine manière, aux sources de son cinéma avec El Conde - Le Comte -, en s'attaquant une nouvelle fois à l'une des figures fondamentales de sa filmographie, Augusto Pinochet, dont le spectre omniprésent de sa dictature militaire avait déjà hanté Tony Manero, Santiago 73, post mortem ou encore No.
Cette fois, il ne pointe plus indirectement les effets du fascisme et de son règne brutal et sanguinaire, sur les citoyens et la société chilienne des 70s jusqu'au 90s, puisqu'il l'aborde frontalement, faisant du dictateur le héros d'une simili-comédie horrifique sombre et grotesque, dans laquelle il est un vampire d'environ 250 ans, qui a simulé sa propre mort en 2006, pour échapper aux conséquences de ses méfaits.
Copyright Pablo Larrain / Netflix |
Un - véritable - monstre né dans notre bonne chère France sous le règne de Louis XVI, actif dans les rangs de la contre-révolution (comprendre : de la violence, de l'injustice et de la répression la plus absolue) de différentes époques et nations du monde depuis lors, et qui aspire désormais, presque avec mélancolie, à mettre fin à ses jours, alors que sa famille (menée par une épouse de ne pas avoir été choisie pour l'éternité) se déchire pour empocher son héritage, malhonnêtement amassé au fil du temps.
Un choix osé de la part de Larraín (d'autant qu'il abandonne sa sobriété habituelle pour une facture résolument plus... pop), qui ne vient pas tant nourrir une réflexion complexe et réfléchie sur le totalitarisme d'hier et d'aujourd'hui, mais bien une réinterprétation étrange, étonnament peu sérieuse et au didactisme un brin fastidieux, qui n'a au fond que pour seul but de faire rire - sans véritablement y parvenir, tout en dégainant des clins d'œil cinéphiles plus où moins bien digérés (de La Passion de Jeanne d'Arc de Dreyer aux envolées gothiques de la Hammer, en passant par des cadres brumeux - filmés en grand-angle - tout droit sortie du cinéma de Béla Tarr).
Copyright Pablo Larrain / Netflix |
Embaumé, il est vrai, dans un noir et blanc léché (superbe photographie d'Ed Lachman) et fort d'une mise en scène élégante - vissée sur une quête constante du plan parfait -, El Conde pêche sensiblement dans son fond, modeste satire surréaliste plus alambiquée que pertinente, qui s'enlise dans sa réinterprétation fantasmagorique et (très) volubile du parcours sanglant de Pinochet (devenu presque sympathique, en anti-héros Dracula-esque), de sa banalisation du fascisme (puisque fruit d'un mal surnaturel, même s'il se montre une nouvelle fois virulent envers l'institution catholique, soulignant sa connivence - toujours actuelle - avec les régimes totalitaires et facistes) à son traitement artificiel de l’histoire politique chilienne.
Un vraie déconvenue, même prise sous le prisme de l'absurde (Larraín étant, assez logiquement, plus à l'aise avec les codes de la comédie que du fantastique), pour un cinéaste qui avait su si brillamment et intimement retranscrire, par le passé, la cruauté d'une vie au cœur dictature fasciste.
Jonathan Chevrier