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[CRITIQUE] : Tropic



Réalisateur : Edouard Salier
Acteurs : Pablo Cobo, Louis Peres, Marta Nieto,...
Distributeur : Rezo Films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h50min

Synopsis :
Lázaro et Tristán, jumeaux, font partie d’un programme militaire qui vise à former les meilleurs astronautes de demain. Leur mère a tout sacrifié pour les porter vers cet objectif. Mais leur rêve se brise et la cellule familiale explose lorsque Tristán est contaminé par un résidu toxique qui le transforme physiquement et mentalement…



Critique :


Il y a une sorte de douce union improbable mais surtout incroyablement fascinante, une sorte de fusion délicate entre Bienvenue à Gattaca et Faux-Semblants, qui se dégage du premier long-métrage ambitieux d'Edouard Salier, Tropic.

Un premier effort qui incarne moins une bande SF un brin dystopique - avec un doigt de body horror et de film de monstre - qu'un vrai tren movie matinée de drame humain et familial, où les liens indéfectibles de deux jumeaux vont peu à peu s'étioler lorsque l'imprévisible et l'inexplicable frappe l'un d'entre eux, et que leur rapport de force se voit bousculé, nourrissant encore une rivalité fraternelle déjà écrasante.

Copyright Rezo productions/Pictanovo/BNP Paribas/Pictures Digital District

Soit Lázaro et Tristán Guerrero, qui participent à incarner l'élite, celle d'une école militaire dont le programme extrême, vise à former les meilleurs astronautes de demain.
Espagnols vivant en Guyane, alors que leur mère célibataire Mayra, à littéralement sacrifiée sa vie pour qu'ils aient l'avenir dont ils rêvent tous les deux, les deux frangins sont déjà comme des étrangers sur une terre qui n'est pas la leur, mais aussi dans un monde où ils sont le seul - ou presque - ancrage l'un pour l'autre.
Si Tristán est sensiblement en avance sur son frère, que ce soit dans ses capacités physiques où même dans son rapport aux autres (il a une petite amie, pas Lázaro), il le pousse toujours plus où moins brutalement, pour qu'il suive la cadence.

Tourmenté depuis le départ de leur père, les deux ont peur d'être abandonné, aucun d'eux ne peut vraiment imaginer une vie sans l'autre, aucun d'eux ne veut véritablement quitter l'autre.
Mais tout bascule avec un accident incompréhensible et irrationnel : une substance verte qui vient s'écraser du ciel dans la rivière où Tristán s'entraîne la nuit.
Loin d'en faire un wannabe super-héros, cette toxine extraterrestre, presque comme une punition divine, laisse le jeune homme grotesquement défiguré et atteint de troubles mentaux.
Et alors que celui-ci est méconnaissable, qu'il ne se reconnaît plus lui-même devant un miroir, et que Lázaro ne peut plus se voir en lui, ce dernier prend sa place, fait des progrès fulgurants et s'élève sans forcer au-dessus de la mêlée...

Copyright Rezo productions/Pictanovo/BNP Paribas/Pictures Digital District

Touchant et puissant drame familial sous fond de solitude, de dualité et de résilience, pas si éloigné des productions alarmistes des 60s/70s avec sa société future (à la temporalité intelligemment trouble) tellement hantée par sa propre extinction, qu'elle prépare une élite à conquérir les étoiles et le cosmos, le film est surtout emprunt une mélancolie et d'une ironie douce-amère terriblement dévastatrice, tant c'est du lieu dont ils rêvent le plus - l'espace et le cosmos -, que la tragédie frappe Tristán et Lázaro.

Gattaca-esque dans sa manière de prolonger le mythe de l'accomplissement personnel par le rendement exceptionnel, le culte du corps et de la perfection, au travers de la quête chimérique et douloureuse des étoiles, s'attachant joliment à ses personnages pour nous les rendre, justement, encore plus attachant; Tropic, certes pas dénué de quelques longueurs, mais embaumé dans un score entêtant de SebastiAn, est une grisante découverte, hybride et suintant l'amour du septième art de tous les pores de sa pellicule 16mm.


Jonathan Chevrier


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