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[CRITIQUE] : Les tournesols sauvages


Réalisateur : Jaime Rosales
Avec : Anna Castillo, Oriol Pla, Quim Ávila, Lluís Marquès, …
Distributeur : Condor Distribution
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Espagnol, Français
Durée : 1h46min

Synopsis :
À Barcelone, Julia, 22 ans, élevant seule ses deux enfants, rêve de liberté et d'émancipation. Comme un tournesol suivant sans relâche la lumière, elle part chercher le soleil sous d'autres horizons. Lorsque le hasard remet sur son chemin deux hommes qu'elle a connus par le passé, la voilà confrontée à des émotions contraires.


Critique :


Comment concilier sa maternité et ses relations amoureuses ? La question n’a pas de réponse toute trouvée, n’en déplaise aux livres de développement personnel. Fasciné par un reportage photographique sur une jeune maman célibataire américaine, issue d’une classe populaire, Jaime Rosales transpose en Espagne ce parcours romantique semé d’embûches dans son nouveau long métrage Les tournesols sauvages. Anna Castillo y interprète Julia, vingt-deux ans, mère de deux enfants, qui n’a pas abandonné l’idée de vivre une belle et heureuse histoire d’amour avec un homme.

Copyright Condor Distribution


À l’heure où l’on se pose mille questions sur les rapports romantiques hétérosexuels, sur les dynamiques déséquilibrées du couple et sur la charge mentale et émotionnelle des femmes, Julia cherche encore l’homme parfait, à savoir un compagnon fidèle, aimant, un père de famille présent et responsable. Ce qui semble être la norme se révèle difficile à obtenir pour cette jeune femme, peut-être un peu naïve, mais qui refuse pourtant de s’enfermer dans une figure sacrificielle. Le personnage doit jongler entre ses désirs et la réalité. Comment concilier une vision traditionnelle du couple hétérosexuel et son besoin de liberté ? La tâche est peut-être impossible à atteindre, sans y laisser des plumes en tout cas. Les tournesols sauvages montre cette quête difficile, comme un apprentissage de l’amour à l’heure moderne, une sorte d’éducation sentimentale flaubertienne, féminine et contemporaine, comme le souligne le réalisateur lui-même. Le film évite même l'écueil d'une vision de mère égoïste parce qu'elle recherche un épanouissement personnel. Julia arrive à concilier les deux et voue un amour inconditionnel à ses enfants, qui le lui rendent bien.

Jaime Rosales nous propose trois parties distinctes, portant le nom des hommes que rencontre Julia. Entre le père démissionnaire, le compagnon violent et la charge mentale que lui propose le troisième alors qu’elle est en pleine dépression post-partum suite à l’arrivée de son troisième enfant, la quête du personnage semble être un échec cuisant. Aucun des hommes rencontrés n’est en adéquation avec ses désirs et tous lui prennent une part d’elle-même. L'insouciance, la confiance, une carrière. Il est clair que Les tournesols sauvages ne vous donnera pas envie de faire des enfants avec des hommes. Le ton n’est pas à la déprime toutefois, ni à la résignation mais plutôt au constat. Un constat amère de voir que Julia n’obtiendra pas exactement ce qu’elle cherche et qu’elle devra se contenter du “moins pire”, faute de mieux. Une amertume qu’adoucit la photographie lumineuse de Hélène Louvart et la mise en scène ponctuée de panoramique. Si l’évolution du personnage n’a pas l’intention d’être fataliste, le récit possède un goût d’inachevé. Son évolution est certes empirique mais reste assez pessimiste en faisant exploser la figure du père de famille idéal. L’idéal existe, le père de Julia qui renvoie, par effet de miroir, toute la médiocrité des hommes qu’elle rencontre. Le goût d’inachevé vient aussi du point de vue extérieur que le film nous oblige à prendre. Avec sa mise en scène panoramique, la caméra se borne à tourner autour du personnage sans jamais l’approcher. Tout comme son idéal, Julia nous semble inaccessible émotionnellement et le film nous offre une perspective peu engageante sur son récit. L’interprétation solaire d’Anna Castillo sauve le film d’un total désintérêt du spectateur. On peut toutefois se réjouir d'une représentation d'un personnage féminin qui, même si elle tourne autour d'hommes, met l'accent sur ses désirs.

Copyright Condor Distribution


Portrait d’une femme qui rêve d’une vie de couple épanouie, Les tournesols sauvages se révèle plus sombre que sa photographie lumineuse et son titre, solaire et poétique, le présageaient.


Laura Enjolvy

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