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[CRITIQUE] : On dirait la planète Mars


Réalisateur : Stéphane Lafleur
Acteurs : Steve LaplanteLarissa CorriveauFabiola N. Aladin,...
Distributeur : UFO Distribution
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Canadien.
Durée : 1h44min

Synopsis :
La première mission habitée sur Mars est en péril. Pas de panique : une branche canadienne de l’agence spatiale envoie dans une base en plein désert cinq anonymes sélectionnés pour leurs profils psychologiques quasi identiques à ceux des astronautes. Ils doivent vivre comme eux, penser comme eux, être comme eux, pour anticiper et résoudre les conflits. Mais ici ce n’est pas tout à fait la planète Mars. Et ce ne sont pas vraiment des astronautes.



Critique :


Il est étonnant comment la course aux étoiles, semblent avoir imprimé ce dense début de mois d'août dans les salles obscures, tant deux œuvres, diamétralement opposées, traitent d'un espace que l'on désire arpenter, pour des aspirations différentes.
Que ce soit l'excellent premier effort d'Edouard Salier, Tropic donc, où le nouveau long-métrage de Stéphane Lafleur, On dirait la planète Mars (et même un nanar " cosmique ", En Eaux très troubles de Ben Wheatley... la vanne est pourrie, mais ça passe), à l'écriture toujours aussi ciselée même si le bonhomme était absent des plateaux depuis près d'une décennie, et son Tu dors Nicole - passé par la réunion cannoise en 2014.

Car d'espace il est question ici, où plutôt pas totalement, car si le titre annonce fièrement l'importance de la Planète Rouge dans son histoire, la narration elle, reste bien figée sur Terre, et c'est bien tout ce qui fait le sel de cette comédie conceptuelle au moins autant savamment exotique et barrée qu'elle est esthétiquement léchée, où une équipe de faux astronautes/personnes lambda est catapulté dans un no man's land, pour jouer un jeu de rôles bigger than life, où ils devront reproduire et vivre les conflits insolubles vécus par des astronautes présents sur Mars.

Copyright UFO Distribution

Car oui, la première mission habitée sur notre planète voisine est menacée, ce qui motive la création d'une mission, elle bien terrestre, chapeautée par la branche canadienne Viking, où cinq candidats triés sur le volet pour la similarité de leurs profils psychologiques avec les astronautes, sont envoyés dans le désert pour y coexister dans les mêmes conditions (mais aussi sous leurs identités), et ainsi tenter de résoudre à distance, les conflits interpersonnels entre les membres de l'équipe...

Merveille de fusion insolite entre le survival spatialo-terrestre (embaumé dans une esthétique rétro-futuriste rappellant l'ère folle de la course à l'espace) et la comédie singulière et chorale, sorte de plongée dans l'isolement total et l'intimité banale - mais d'une importance capitale - d'une coloc science-fictionnelle à l'absurdité totalement assumée (et avec une distribution au diapason), où cinq personnes travaillent dur pour prétendre être des individus qu'ils n'ont jamais rencontrés, tout en rendant de plus en plus béantes les fissures de leur cohabitation; avec On dirait la planète Mars, Lafleur sonde avec malice la dualité de l'humanité, les notions d'humanité de groupe (à une heure où l'individualisme prôné par le capitalisme, à pris le pas sur la solidarité, l'idée de collectivité et même les émotions) dans un délire à la fois désopilant et doux-amer, ludique et émouvant.
Une vraie merveille.


Jonathan Chevrier