[CRITIQUE] : Suro
Réalisateur : Mikel Gurrea
Acteurs : Vicky Luengo, Pol López, Ilyass El Ouahdani,...
Distributeur : Tamasa Distribution
Genre : Drame.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 1h56min
Synopsis :
Elena et Ivan s’apprêtent à entrer dans une nouvelle phase de leur vie. Ils quittent la métropole de Barcelone pour s’installer dans la campagne de Catalogne, où ils reprennent une plantation de chêne-liège. Le commerce du liège devra non seulement leur permettre d’assurer leur existence, mais ils comptent également exploiter la plantation de manière équitable et durable. Malgré leurs idéaux, Elena et Ivan doivent faire face à la dure réalité et se retrouveront bientôt dans une crise qui mettra non seulement en danger leur projet commun, mais aussi leur relation.
Critique :
À l'instar des nouvelles voix d'un cinéma espagnol à la fraîcheur retrouvée (Carla Simón, Elena Lopez Riera, Pablo Agüero,...), Mikel Gurrea fait de son premier long-métrage, Suro, un instantané de notre époque contemporaine, un effort si furieusement attaché à notre temps qu'il est très facile de rapprocher aux récents Nos Soleils de Carla Simón justement, mais egalement au As Bestas de Rodrigo Sorogoyen, au-delà même de la dialectique de l'apprentissage de la vie à la campagne, d'un couple/d'une famille ayant voulu s'éloigner de la vie urbaine.
Si tous ont choisis des prismes diamétralement opposés (la chronique dramatico-familiale pour le premier, le thriller viscéral pour le second et enfin le drame conjugal pour Suro), chacun arbore les mêmes thématiques très actuelles : le risque croissant, face au réchauffement climatique, d'incendies menaçant les forêts, l'exploitation des émigrés, le racisme ordinaire, l'idéalisme de la bourgeoisie progressiste concernant l'écologie et le rapport à la nature, la difficulté d'intégration face aux exigences et aux servitudes de la vie rurale...
Là où Gurrea tire sa force et son - infime - singularité, c'est en supplantant toutes ses thématiques dans l'auscultation à la fois intime, nuancée et naturelle d'un jeune couple attachant (superbe tandem Vicky Luengo et Pol López), en passe d'être parents et qui se lance dans l'exploitation de chênes-lièges, le cinéaste scrutant la moindre des fêlures qui les déchirent au fur et à mesure de leur dur apprentissage d'une réalité bien moins idéaliste (les affres du capitalisme) et d'une nature in fine plus hostile que prévu (qui ne fait qu'accentuer le stress et la tension au quotidien..
Gurrea frappe tout du long juste et fort, que ce soit en terme de ton et de rythme (malgré un penchant contemplatif un poil trop prononcé), parle de l'amour avec une maturité rugueuse et brutale, sans la moindre idealisation romantico-sirupeuse, tant tout ici n'est un regard honnête, jamais inquisiteur, sur la lente paralysie d'une relation brisée par ses contradictions et vouée à s'embraser, laissant ses personnages empoisonnés par leur choix, tiraillés par un dilemme incroyablement dévastateur et humain (doit-on vraiment tenter de défendre une maison en flamme - un mariage -, alors que les fondations ne sont plus que des cendres ?).
Sans manichéisme ni moralisme facile (d'autant qu'il ne prend jamais parti pour l'un où pour l'autre), Suro confronte son auditoire - et ses personnages - aux contradictions et aux dérives de la société contemporaine, dans un drame aussi tendu et authentique que profondément amer, qui grate durement sous l'écorce apparente d'un amour loin d'être parfait, pour laisser poindre sa sève vénéneuse dans une Catalogne bouillonnante.
Un sacré premier effort.
Jonathan Chevrier
Acteurs : Vicky Luengo, Pol López, Ilyass El Ouahdani,...
Distributeur : Tamasa Distribution
Genre : Drame.
Nationalité : Espagnol.
Durée : 1h56min
Synopsis :
Elena et Ivan s’apprêtent à entrer dans une nouvelle phase de leur vie. Ils quittent la métropole de Barcelone pour s’installer dans la campagne de Catalogne, où ils reprennent une plantation de chêne-liège. Le commerce du liège devra non seulement leur permettre d’assurer leur existence, mais ils comptent également exploiter la plantation de manière équitable et durable. Malgré leurs idéaux, Elena et Ivan doivent faire face à la dure réalité et se retrouveront bientôt dans une crise qui mettra non seulement en danger leur projet commun, mais aussi leur relation.
Critique :
Sans manichéisme ni moralisme facile, #Suro incarne un premier long-métrage aussi tendu et authentique que profondément amer, qui grate durement sous l'écorce apparente d'un amour loin d'être parfait, pour rn laisser poindre sa sève vénéneuse dans une Catalogne bouillonnante. pic.twitter.com/WAt6ISBiai
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) August 2, 2023
À l'instar des nouvelles voix d'un cinéma espagnol à la fraîcheur retrouvée (Carla Simón, Elena Lopez Riera, Pablo Agüero,...), Mikel Gurrea fait de son premier long-métrage, Suro, un instantané de notre époque contemporaine, un effort si furieusement attaché à notre temps qu'il est très facile de rapprocher aux récents Nos Soleils de Carla Simón justement, mais egalement au As Bestas de Rodrigo Sorogoyen, au-delà même de la dialectique de l'apprentissage de la vie à la campagne, d'un couple/d'une famille ayant voulu s'éloigner de la vie urbaine.
Si tous ont choisis des prismes diamétralement opposés (la chronique dramatico-familiale pour le premier, le thriller viscéral pour le second et enfin le drame conjugal pour Suro), chacun arbore les mêmes thématiques très actuelles : le risque croissant, face au réchauffement climatique, d'incendies menaçant les forêts, l'exploitation des émigrés, le racisme ordinaire, l'idéalisme de la bourgeoisie progressiste concernant l'écologie et le rapport à la nature, la difficulté d'intégration face aux exigences et aux servitudes de la vie rurale...
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Là où Gurrea tire sa force et son - infime - singularité, c'est en supplantant toutes ses thématiques dans l'auscultation à la fois intime, nuancée et naturelle d'un jeune couple attachant (superbe tandem Vicky Luengo et Pol López), en passe d'être parents et qui se lance dans l'exploitation de chênes-lièges, le cinéaste scrutant la moindre des fêlures qui les déchirent au fur et à mesure de leur dur apprentissage d'une réalité bien moins idéaliste (les affres du capitalisme) et d'une nature in fine plus hostile que prévu (qui ne fait qu'accentuer le stress et la tension au quotidien..
Gurrea frappe tout du long juste et fort, que ce soit en terme de ton et de rythme (malgré un penchant contemplatif un poil trop prononcé), parle de l'amour avec une maturité rugueuse et brutale, sans la moindre idealisation romantico-sirupeuse, tant tout ici n'est un regard honnête, jamais inquisiteur, sur la lente paralysie d'une relation brisée par ses contradictions et vouée à s'embraser, laissant ses personnages empoisonnés par leur choix, tiraillés par un dilemme incroyablement dévastateur et humain (doit-on vraiment tenter de défendre une maison en flamme - un mariage -, alors que les fondations ne sont plus que des cendres ?).
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Sans manichéisme ni moralisme facile (d'autant qu'il ne prend jamais parti pour l'un où pour l'autre), Suro confronte son auditoire - et ses personnages - aux contradictions et aux dérives de la société contemporaine, dans un drame aussi tendu et authentique que profondément amer, qui grate durement sous l'écorce apparente d'un amour loin d'être parfait, pour laisser poindre sa sève vénéneuse dans une Catalogne bouillonnante.
Un sacré premier effort.
Jonathan Chevrier