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[CRITIQUE] : Les Promesses


Réalisatrice : Amanda Sthers
Avec : Pierfrancesco Favino, Kelly Reilly, Jean Reno, Cara Theobold,...
Distributeur : Madeleine films
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français, Italien.
Durée : 1h54min

Synopsis :
La vie, en général, n’en finit pas de faire des promesses qu’elle prend plaisir, ensuite, à ne pas tenir. L’histoire d’amour inachevée entre Alexander et Laura...



Critique :


On avait laissé le pendant cinéaste d'Amanda Sthers sur une belle note il y a un tout petit peu plus de quatre ans : Holy Land, modeste petit bout de cinéma jonglant entre le drame familial à New-York et la comédie cocasse et universelle en Israël, dont la narration ne visait certes pas toujours juste mais restait tout du long porté par une simplicité et une émotion joliment sincères, cachées sous les traits fatigués d'un brillant feu James Caan.

C'est vers un penchant sensiblement plus romantique et en terres conquises qu'elle nous revient, entre deux blockbusters aoûtiens, avec Les Promesses, adaptation de son propre roman éponyme, qui se veut comme un bon gros mélodrame des familles sirupeux et riche en émotions faciles (pas un défaut en soi, si l'enrobage n'est pas trop sucré), façon plongée mélancolique et au montage fragmentée - sur plusieurs décennies, entre flashbacks et flashforwards -, dans les méandres cotonneux d'une passion inachevée, d'un amour frustrant puisque jamais réellement vécu.

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Soit celui qui fait vibrer les cœurs et valser les certitudes d'Alexandre/Sandro (un Pierfrancesco Favino définitivement omniprésent ces temps-ci, et dans un rôle sensiblement similaire à celui qu'il tient dans Le Colibri de Francesca Archibugi, en salles depuis mercredi dernier), un mari/père de famille marchand de livres anciens qui, après une enfance difficile, à quitté son Italie natale et ses fantômes pour Londres.
Capitale anglaise où il rencontrera, au détour d'une soirée, la belle Laura (la définitivement trop rare Kelly Reilly), une galeriste sur le point de se marier à son tour.
Bien qu'il soit conscient qu'elle soit l'amour de sa vie, Sandro est comme frappée d'une paralysie/immobilité sentimentale qui le conduit à soit ne pas agir, ou soit à le faire trop tard, le rendant à la fois infiniment attachant et incroyablement insaisissable - dans le mauvais sens du terme.

Et c'est, sans doute, au-delà de la structure littéraire (sur-explicative) et non linéaire (des sauts temporels continus entre le passé et le présent, qui fonctionne aisément sur le papier où un personnage peut dialoguer avec différents moments de la/sa vie, moins sur un grand écran où une progression concentrique, déjouant les vérités de la physique et du temps, devient vite brouillonne voire redondante) avancée par Sthers, le point noir d'une histoire faite d'occasions manquées et des promesses non tenues - d'où le titre -, dont la révérence au À la recherche du temps perdu de Proust, est des plus évidentes.

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Mais l'artifice majeur de la cinéaste, le saut temporel continu motivé par la madeleine Proustienne de Sandro (les livres), se voit lentement mais sûrement user jusqu'à ce qu'il perde de sa sophistication, de son intérêt, fluctuant entre les différentes versions imprécises d'un personnage pour lequel, finalement, l'empathie est trop sporadiquement suscitée.
Dommage, tant Les Promesses en avait justement plein la besace, mais le charme tendre qu'il veut poussivement distiller n'opère jamais vraiment, et ce malgré le fait que le tandem Pierfrancesco Favino et Kelly Reilly, à l'alchimie folle, se soient parfaitement immergés dans ce voyage romantico-tumultueux, pour délivrer deux jolies partitions.

Si le feu de la passion brûle entre eux, Amanda Sthers échoue à le rendre pleinement palpable à l'écran.


Jonathan Chevrier


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