[CRITIQUE] : Les Avantages de voyager en train
Réalisateur : Aritz Moreno
Avec : Luis Tosar, Pilar Castro, Ernesto Alterio, Gilbert Melki,…
Distributeur : Damned Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Espagnol, Français.
Durée : 1h43min
Synopsis :
Helga, éditrice madrilène, vient de faire interner son mari en clinique psychiatrique. Dans le train du retour, elle fait la connaissance du Dr Angel Sanagustín qui lui fait part de ses expériences les plus fascinantes, sordides et obsédantes. Cette rencontre bouleverse Helga et la plonge dans une profonde introspection. Et ce sont bien là quelques-uns des avantages de voyager en train.
Critique :
Il y a quelque chose de profondément fantastique dans le fait de découvrir un nouveau cinéaste qui, dès son premier effort, semble avoir totalement assimilé le sel du cinéma de sa propre nation, l'essence d'un ton qui, au fil des décennies, s'est gentiment endurci, assombrit, laissant transparaître des notes amères voire même profondément désabusée, sans pour autant dénaturer les genres qu'il met en avant avec une acuité rare - d'un fantastique baroque à une comédie burlesque, en passant par un drame social épuré et percutant.
Profondément obscur et pourtant délicieusement délirant, Les Avantages de voyager en train d'Aritz Moreno, adapté du roman éponyme d'Antonio Orejudo, se fait presque un artefact, le rejeton mal luné et déglingué des cinémas de Ferreri et de la Iglesia, une sorte de labyrinthe terrifiant et obsédant composé d'histoires hilarantes et brutales, qui a lui-même conscience d'être dans l'incapacité de pouvoir ordonner convenablement son contenu cinématographique.
Un délire donc, fou et inégal, halluciné et hallucinant, peut-être trop audacieux pour son bien (mais qu'importe), trop éreintant pour un auditoire non-avertit, mais incroyable dans sa volonté de constamment repousser ses propres limites, sans lisser toutes ses aspérités déglinguées, tant Moreno préférera foncer droit dans le mur avec ses idées, pour ne pas les compromettre.
Un geste cinématographique rare et fougeux, qui déforme les lignes littéraires originales pour incarner une expérience baroque, somptueusement grotesque et à l'étrange logique interne (cohérente même dans ses incohérences, aussi paradoxale que cela puisse paraître), qui appuie la où ça fait mal, qui n'a jamais peur de déranger tout en laissant constamment poindre derrière l'ombre violente et absurde du malaise, une tendresse désarmante.
Sauvage et éprouvant, d'une horreur aussi viscérale que désespérée, Les Avantages de voyager en train est une œuvre aussi inattendue que radicale, jonglant constamment sur le fil tenu du risque perpétuel, le (nouveau) cri du cœur d'un cinéma espagnol (et, plus directement, hispanique) qui n'a de cesse de surprendre et bousculer le diktat écrasant des cases et des genres.
Bordel, quel sacré début de mois d'août, après Animalia de Sofia Alaoui et The Wastetown d'Ahmad Bahrani...
Jonathan Chevrier
Avec : Luis Tosar, Pilar Castro, Ernesto Alterio, Gilbert Melki,…
Distributeur : Damned Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Comédie.
Nationalité : Espagnol, Français.
Durée : 1h43min
Synopsis :
Helga, éditrice madrilène, vient de faire interner son mari en clinique psychiatrique. Dans le train du retour, elle fait la connaissance du Dr Angel Sanagustín qui lui fait part de ses expériences les plus fascinantes, sordides et obsédantes. Cette rencontre bouleverse Helga et la plonge dans une profonde introspection. Et ce sont bien là quelques-uns des avantages de voyager en train.
Critique :
#LesAvantagesDeVoyagerEnTrain est une œuvre inattendue, viscérale et radicale, jonglant constamment sur le fil tenu du risque perpétuel, qui n'a jamais peur de déranger tout en laissant constamment poindre derrière l'ombre violente et absurde du malaise, une tendresse désarmante. pic.twitter.com/FhjrIddwva
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) August 10, 2023
Il y a quelque chose de profondément fantastique dans le fait de découvrir un nouveau cinéaste qui, dès son premier effort, semble avoir totalement assimilé le sel du cinéma de sa propre nation, l'essence d'un ton qui, au fil des décennies, s'est gentiment endurci, assombrit, laissant transparaître des notes amères voire même profondément désabusée, sans pour autant dénaturer les genres qu'il met en avant avec une acuité rare - d'un fantastique baroque à une comédie burlesque, en passant par un drame social épuré et percutant.
Profondément obscur et pourtant délicieusement délirant, Les Avantages de voyager en train d'Aritz Moreno, adapté du roman éponyme d'Antonio Orejudo, se fait presque un artefact, le rejeton mal luné et déglingué des cinémas de Ferreri et de la Iglesia, une sorte de labyrinthe terrifiant et obsédant composé d'histoires hilarantes et brutales, qui a lui-même conscience d'être dans l'incapacité de pouvoir ordonner convenablement son contenu cinématographique.
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Un délire donc, fou et inégal, halluciné et hallucinant, peut-être trop audacieux pour son bien (mais qu'importe), trop éreintant pour un auditoire non-avertit, mais incroyable dans sa volonté de constamment repousser ses propres limites, sans lisser toutes ses aspérités déglinguées, tant Moreno préférera foncer droit dans le mur avec ses idées, pour ne pas les compromettre.
Un geste cinématographique rare et fougeux, qui déforme les lignes littéraires originales pour incarner une expérience baroque, somptueusement grotesque et à l'étrange logique interne (cohérente même dans ses incohérences, aussi paradoxale que cela puisse paraître), qui appuie la où ça fait mal, qui n'a jamais peur de déranger tout en laissant constamment poindre derrière l'ombre violente et absurde du malaise, une tendresse désarmante.
Sauvage et éprouvant, d'une horreur aussi viscérale que désespérée, Les Avantages de voyager en train est une œuvre aussi inattendue que radicale, jonglant constamment sur le fil tenu du risque perpétuel, le (nouveau) cri du cœur d'un cinéma espagnol (et, plus directement, hispanique) qui n'a de cesse de surprendre et bousculer le diktat écrasant des cases et des genres.
Bordel, quel sacré début de mois d'août, après Animalia de Sofia Alaoui et The Wastetown d'Ahmad Bahrani...
Jonathan Chevrier