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[CRITIQUE] : Le Dernier voyage du Demeter


Réalisateur : André Øvredal
Avec : Corey HawkinsAisling FranciosiLiam CunninghamDavid Dastmalchian,...
Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Épouvante-horreur, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h58min

Synopsis :
Un chapitre glaçant du classique de la littérature fantastique Dracula de Bram Stoker, Le Dernier Voyage du Demeter relate le destin tragique d’un navire marchand, le Demeter, affrété pour transporter une cargaison privée, composée de 50 caisses en bois, des Carpates à Londres. Accablé par d’étranges événements, l’équipage du Demeter tente de repousser une présence impitoyable qui les assaille chaque nuit. Quand le navire atteint enfin la côte anglaise, ce n’est plus qu’une épave délabrée et calcinée, sans un seul survivant à bord.



Critique :


Il y a une propension assez géniale (enfin... on se comprend) dans la manière de voir qu'Hollywood capitalise encore et encore, sur une figure aussi familière que Dracula, comme si le spectateur le plus lambda, n'avait (volontairement) aucune connaissance de plus d'un siècle de cultures populaires ressassées jusqu'à l'indigestion (on ne dénombre plus le nombre d'œuvres le mettant en scène, le citant ou le convoquant même de loin), et qu'il fallait corriger cet obstacle culturel par une nouvelle production opportuniste.

Dernier projet en date sur le plus célèbre des suceurs de sang né de la plume de Bram Stocker, Le Dernier Voyage du Demeter d'André Øvredal, laissait à espérer qu'avec un auteur un tant soit peu intelligent/malin (ce qu'est Øvredal), la tambouille serait si ce n'est délicieuse, au minimum moins désagréable au palais que la majorité de ses camarades pelliculées récentes (coucou Renfield).
Monumentale erreur, comme le dirait si bien Jack Slater...

Copyright 2023 Universal Studios and Amblin Entertainment. All Rights Reserved.

Vague adaptation du Chapitre VIII du roman de Stocker (la dernière traversée du Demeter, des Carpates à l'Angleterre, pure morceau d'horreur épistolaire entraperçue à travers le journal de bord du Capitaine), qui contait déjà brièvement comment le Drac débarquait secrètement outre-Manche, tout en dégustant/massacrant tout l'équipage du Demeter, jusqu'à ce qu'il soit retrouvé naufragé sur les côtes rocheuses de Whitby; le film imagine donc, implicitement, ce que Stoker laisse sous-entendre dans une extension de deux (très longues) heures, vissé sur le voyage funestement sanglant qui réservait, sur le papier tout du moins, quelques mystères bien croustillants.

À l'écran en revanche, la limonade est bien différente donc, tant Le Dernier Voyage du Demeter, produit dans la douleur (plus de dix-sept ans de gestation et de réécritures diverses), peut se voir non pas comme une petite bisserie d'épouvante gothique qui cherche à tromper son issue prévisible (tout est annoncé dans le prologue), mais bien plus comme un cocktail périmé entre le thriller/survival paranoïaque sans paranoïa ni tension, la fiction historique sèche comme un coup de trique, le mélodrame dénué de toute subtilité et une resucée bâtarde du Alien de tonton Scott, avec un Drac qui a des crocs plus tendre que du beurre.

Copyright 2023 Universal Studios and Amblin Entertainment. All Rights Reserved.

Un vrai rendez-vous manqué sans âme ni vision, qui semble éviter tous les genres au moment même où il les effleure, histoire de mieux se perdre dans un océan de séquences amorphes et volubiles, fruit d'une narration qui cherche fébrilement (stupidement) à flatter l'esprit plutôt qu'à se laisser aller à ses relents horrifico-camp, ou à une quelconque exploration de son pendant surnaturel (et que dire du manque de vertige claustrophobique de son unique cadre où presque).
Frustrant et redondant, d'autant qu'il ne se donne même pas la peine à brosser plus que de raison ses personnages, rendant encore plus ridicule le mélange de déni et de stupidité qui caractérisent leurs actes incohérents, au sein même d'une histoire qui les aligne à la pelle.

Reste quelques plans somptueux tout droit sortie des plus belles heures de la Hammer, qui viennent offrir quelques soubresauts à une mise en scène manquant cruellement de flair stylistique, et un montage ne rompant jamais vraiment le rythme boursouflé par le vide de la monotonie maritime.
Preuve cruelle que Coppola avait peut-être raison de garder l'horreur du Demeter hors écran, aussi prometteuse était-elle...


Jonathan Chevrier