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[CRITIQUE] : Hypnotic


Réalisateur : Robert Rodriguez
Avec : Ben Affleck, Alice Braga, William Fichtner, JD Pardo, Hala Finlay,...
Distributeur : SND
Budget : -
Genre : Thriller, Action.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h30min

Synopsis :
Déterminé à retrouver sa fille, le détective Danny Rourke enquête sur une série de braquages qui pourraient être liés à sa disparition. Mais les criminels qu’il poursuit sont bien plus machiavéliques qu’il ne l’imaginait : ils hypnotisent des innocents pour qu’ils commettent des crimes contre leur volonté. Personne ne semble à l’abri. Pour les déjouer, Rourke va devoir se méfier de tout le monde...



Critique :


Parle à mes cultes, mon cinéma est malade...
Voilà ce que pourrait décemment dire aujourd'hui le sympathique et attachant cinéaste mexicain - mais surtout texan - Robert Rodriguez, dont sa dernière décennie de péloches ne nous aura émoustiller que sporadiquement - oui, Alita : Battle Angel était chouette et vieillit plutôt bien -, ne pesant finalement pas des masses face à la floppée de déceptions pondues par le lascars (Machete Kills, Wd Can Be Heroes et la franchise Spy Kids, pour ne citer que).

Un triste constat pour le papa d'Une Nuit en Enfer et de (surtout) The Faculty, qui n'aura su faire que, volontairement ou non, continuellement nourrir son statut de metteur en scène qui divise salement la communauté cinéphile depuis plusieurs décennies maintenant.

Copyright 2023 Hypnotic Film Holdings LLC

Paresseux et impatient pour les uns (ce qui n'est pas entièrement faux), généreux et amoureux inconditionnel du septième art bricolé pour d'autres - dont nous -, le bonhomme a au moins pour lui, le mérite de pouvoir encore faire déplacer son spectateur dans les salles sur son propre nom, même s'il est plus où moins acquis que sa présence future se fera du côté de la plateforme au Tudum.
S'il n'est jamais aussi bon que lorsqu'il cornaque le script d'un auteur, c'est par la porte infiniment casse-gueule du scénario foutraque et fait maison, co-signé avec Max " saga MonsterVerse " Borenstein, que le Robert nous revient avec Hypnotic, pur morceau de science-fiction déséquilibré et absurde porté par un Ben Affleck tout droit sortie du Paycheck de tonton Woo, plus proche d'un catastrophique Solace/Prémonitions d'Afonso Poyart que du proto-rejeton des cinémas de Christopher Nolan, des sœurs Wachowski et David Fincher, qu'il se rêve d'être.

Et dire qu'il a été adoubé par la réunion cannoise (en Séance de Minuit certes, mais ça fait quand-même bien sur le dossier de presse), en mai dernier...
Sorte de sous-Inception Matrixé sauce Trance/The Game, embourbé dans une approche trop premier degré pour son bien, et une narration alambiquée expurgée de tout enthousiasme béat, l'idée que Rodriguez plonge tête la première dans le giron des thrillers psychologiques stimulants était, en théorie, passionnante sur la papier, mais comme souvent avec le texan depuis une bonne quinzaine d'années, la réalité est tout autre, comme celle fragile au cœur de son film.

Copyright 2023 Hypnotic Film Holdings LLC

Vissé sur les atermoiements d'un flic désabusé d'Austin, Danny Rourke, à la recherche de sa fille disparue - kidnappée sous sa surveillance - tout en traquant un braqueur de banques capable d'hypnotiser son prochain pour mener à bien ses méfaits (un " hypnotique ", membre d'une société secrète d'hypnotiseurs - La Division - pouvant contrôler les actions des autres, en manipulant leur perception du monde, par le biais d'un contact visuel ou d'une série de commandes vocales), Hypnotic dégaine dans tous les recoins des rebondissements réels et/où fabriqués fragilisant le peu d'espoir de cohérence d'un récit réchauffé et aux dialogues pachydermiques.

Pire, dans sa folie incontrôlée, il n'hésite même pas à jouer la carte du conspirationnisme faisandé au cœur d'un dernier acte lunaire (la gamine, finalement retrouvée comme la mémoire du papa héros, qui était hypnotisé et avait effacé tous ses souvenirs, contredit dans ses actes tous les enjeux dramatiques de la narration : elle est une hypnotique alpha, qui devient une arme de destruction massive là où toute l'intrigue est construite sur l'idée de tout faire pour empêcher qu'elle en devienne une), dont la scène mi-générique s'avère encore plus déglinguée et stupide (sorte de cliffhanger rabattant inutilement les cartes - une nouvelle fois de trop -, en vue d'une suite qui n'arrivera jamais).

Copyright 2023 Hypnotic Film Holdings LLC

Mais ce qui fait, sans doute, le plus de peine à la vision du film, au-delà de la partition monolithique de Ben Affleck, dont l'alchimie avec Alice Braga frise le zéro, où de celle menaçante d'un Willlam Fichtner affreusement sous-utilisé à Hollywood (et qui aurait pu s'offrir ici, un micro-retour sympathique), c'est que Rodriguez n'arrive jamais à distiller la touche artistique et artisanal qui lui est si chère, n'arrive jamais à alterner ludisme et tension comme à ses grandes heures, écrasé qu'il est sous le poids d'une volonté absurde de vouloir reprendre des standards qui ne sont pas les siens.

Un film de Robert Rodriguez ne vaut pas toujours son pesant de pop-corn, c'est vrai, mais un film de Robert Rodriguez qui ne résolument pas ressemble pas à un film de Robert Rodriguez (soit un bout de cinéma qui transpire la bisserie qui tâche avec une authenticité attachante), c'est décemment le genre de séance frustrante qui reste en travers de la gorge.
Et Hypnotic est clairement de cette séance-là...


Jonathan Chevrier


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