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[CRITIQUE] : Francesca et l'amour


Réalisatrice : Alba Sotorra
Acteurs : Francesca Llopis.
Distributeur : Urban Distribution
Budget : -
Genre : Documentaire.
Nationalité : Espagnol, Français.
Durée : 1h25min.

Synopsis :
À 60 ans, Francesca, se retrouve sans enfant chez elle et décide de trouver un compagnon. Mais où le trouver ? Encouragée par ses amis, elle s’inscrit sur un site de rencontre. Aventures sexuelles, situations uniques, sentiment de vide… À travers ce voyage intérieur, Francesca apprendra surtout à renouer avec elle-même.



Critique :



Bien qu'elle soit une réalisatrice de documentaire émérite, squattant régulièrement les festivals avec des œuvres vendues comme coup de poing, la cinéaste espagnole Alba Sotorra n'avait jamais vraiment eu les honneurs jusqu'à aujourd'hui, d'être invitée dans nos salles obscures.
Francesca et l'amour vient, justement, rompre cet incompréhensible désamour autant que les habitudes d'un cinéma célébrant jusqu'ici, les femmes au cœur de zones de conflit.

Tourné sur ses propres terres espagnoles, le film, résolument plus léger et terre à terre, est tout du long cloué aux talons de la célèbre artiste plasticienne (et amie de la cinéaste) Francesca Llopis, alors qu'elle est à un carrefour important de sa vie : une séparation actée avec sa fille, Djuna, qui va prochainement quitter le cocon familial (et dont le séjour au Brésil s'éternise et ébranle émotionnellement sa mère), et sa volonté, à l'aube de ses soixante ans, de se trouver une nouvelle personne avec qui partager sa vie - tout en gardant sa propre indépendance -, en arpentant le terrain sinueux des rencontres Tinder.
La double signification du titre est donc là, un amour fusionnel qui va subir les affres de la distance, et un autre, recherché et espéré, qui ne demande qu'à épouser son quotidien.

© ALBA SOTORRA / ALBA SOTORRA CINÉMA PRODUCTIONS / URBAN FACTORY

Et si c'est cette seconde signification qui prend le plus de place au coeur de ce portrait rafraîchissant et plein de vie (dans une première partie qui dresse un peu, le bilan de la recherche sentimentale pour un/une sexagénaire aujourd'hui), c'est véritablement la première qui captive le plus l'intention, malgré qu'elle soit brossée en quelques coups de pinceau plus ou moins grossiers, puisque c'est dans cette représentation d'un amour fusionnel que se dresse la double peinture identitaire et rebelle de son héroïne.
Celle d'une femme ayant rompu avec sa famille bourgeoise catalane, pour pleinement laisser s'exprimer ses talents et sa vision artistique, mais également celle d'une mère célibataire et courage, déterminée et passionnée, dont l'optimisme joliment contagieux est fièrement accroché à la peau.

Sans doute trop anecdotique pour tout spectateur cynique (ou stupide), Francesca et l'amour n'en est pas moins belle ode aux femmes qui veulent vivre selon leurs propres règles, qui veulent autant aimer qu'être aimées.
Une rafraîchissante et naturelle invitation dans le quotidien vivant d'une sexagénaire sincère et indépendante qui continue d'espérer un avenir joyeux, même si la société contemporaine est de plus en plus désespérante avec les femmes de son âge.


Jonathan Chevrier