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[CRITIQUE] : Equalizer 3


Réalisateur : Antoine Fuqua
Acteurs : Denzel Washington, Dakota Fanning, Andrea Scarduzio, David Denman, Sonia Ben Ammar, Eugenio Mastrandrea, Gaia Scodellaro, Remo Girone,...
Distributeur : Sony Pictures Releasing France
Budget : -
Genre : Action, Thriller.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h50min.

Synopsis :
Depuis qu'il a renoncé à sa vie d'assassin au service du gouvernement, Robert McCall peine à faire la paix avec ses démons du passé et trouve un étrange réconfort en défendant les opprimés. Alors qu'il a trouvé son havre de paix dans le sud de l'Italie, il découvre que ses amis sont sous le contrôle de la mafia locale. Quand les événements prennent une tournure mortelle, McCall sait ce qu'il doit faire : protéger ses amis en s'attaquant à la mafia.




Critique :


Dans la catégorie, assez limitée finalement, des cops shows cultes made in 80s qui méritaient de se voir offrir un rafraîchissement moderne sur le grand écran, la série Equalizer, au même titre que 21 Jump Street, était décemment tout en haut de notre wishlist, petit bijou de polar rugueux qui citait avec malice les vigilante flicks majeurs des années 70 (Un Justicier dans la Ville en tête), tout en dénotant fortement avec ces petits camarades de l'époque - Hooker, Starsky & Hutch and Co.

De la bonne télévision bien régressive à la magie nostalgique, que le duo Antoine Fuqua/Denzel Washington avait su se réapproprier avec intelligence, en faisant des aventures de l'ancien agent secret solitaire Robert McCall, deux thrillers certes simplistes mais solides (entre le polar libre et noir des 70s, et l'actionner bourrin des 80s/90s), qui prenaient leur temps autant pour installer leurs - maigres, il est vrai - enjeux, que pour croquer des personnages avec un peu plus de mordant que la majorité des caricatures familières.
Le tout emballé avec énergie par un Fuqua se la jouant - un brin - feu Tony Scott style.

Copyright 2023 CTMG, Inc. All Rights Reserved./Stefano Montesi

De la bisserie comme on les aime, qui se permet tous les excès, même les plus kitsch (les effets ralentis et accélérés façon clip MTV, infâme ailleurs mais bizarrement fun ici), des fights (très) bien chorégraphiés et une gestion du suspense plutôt habile sur plus de deux heures - jamais trop longue -, dont la violence excessive et frontale (une radiographie radicale de la criminalité outre-Atlantique), presque tout droit sortie des plus belles heures du western US, évoque même joliment le cinéma du maitre Sam Peckinpah.

L'espoir était donc de mise pour que cette troisième (et dernière ?) aventure soit dans le même esprit, d'autant qu'il incarnait sur le papier, les retrouvailles entre Washington et Dakota Fanning, dix-neuf ans après le génial Man on Fire.
Au-delà de la grosse suspension d'incrédulité qu'exige le fait de voir McCall, donner une leçon à la mafia italienne sur ses propres terres, Equalizer 3 enfonce le clou en assumant pleinement ses contours de western spaghettis au moins autant que sa brutalité excessive et ses meurtres savoureusement créatifs, rapprochant encore un petit peu plus son anti-héros, comme un cousin pas si lointain du Punisher de Marvel, un ange de la destruction/justicier autoproclamé et ambiguë, venant apporter la justice à ceux qui n'ont plus aucun espoir.

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Passé une - fausse - retraite dans le sud de l'Italie, où un McCall convalescent (à la suite d'une introduction encore plus hardcore que celle du train dans le second opus), reprend des forces avant d'attirer dans ses filets le genre de vilains qu'il affectionne - rien de moins que la Camorra -, le film, qui joue pleinement des contrastes qu'offre le vigilante flick (tout va bien, avec un premier tiers d'une retenue incroyable, jusqu'à ce que tout aille mal, et donc un déchaînement de violence furieux) intime très vite de ne pas trop faire attention aux coutures de sa narration (en gros, McCall sauve un village italien des griffes d'une mafia aux protagonistes furieusement génériques, voulant en faire un piège à touristes), pour mieux en apprécier la substantielle moelle : pur B movie généreux et à l'ancienne, dans lequel king Denzel, encore en mode Man on Fire 2.0, donne corps avec puissance et émotion à l'itinéraire bienveillant dans la noirceur de l'âme humaine, d'un " égaliseur ", d'un homme qui aime profondément les gens au moins autant que se lancer dans des vendetta délirantes.

Fuqua, qui connaît mieux que personne le bonhomme depuis que le plus jeune des frangins Scott nous a quittés, le laisse porter toute la force humaine et émotionnelle du métrage, le laisse s'épanouir dans la peau d'un pénitent auquel il donne son juste dosage de colère, de lassitude du monde, de gentillesse et d'humanité.

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Incarnation du flingueur cool et old school, il est le cœur vibrant et létal de cet excellent Equalizer 3, à la fois l'opus le plus court et violent (voire même réellement hardcore) de la trilogie, qui remplit pleinement son contrat de divertissement rythmé, burné et décomplexé, même si une petite note douce-amère se fait ressentir au moment du générique de fin : jamais, au fond, McCall n'a rencontré d'adversaires à sa taille, à la différence d'un John Wick à l'efficacité certes moins sanglante, mais toute aussi démente.


Jonathan Chevrier