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[CRITIQUE] : American Carnage


Réalisateur : Diego Hallivis
Acteurs : Jorge Lendeborg Jr., Jenna Ortega, Allen Maldonado, Eric Dane,...
Distributeur : -
Budget : -
Genre : Thriller, Comédie, Epouvante-horreur.
Nationalité : Américain.
Durée : 1h41min.

Synopsis :
Après la déclaration d'un décret d'un gouverneur visant à arrêter les enfants d'immigrants sans papiers, les nouveaux détenus se voient offrir la possibilité de faire annuler les charges qui pèsent sur eux en se portant volontaires pour s'occuper des personnes âgées.



Critique :


Il n'y a, sensiblement, aucune place au doute dès la première bobine du bien nommé American Carnage de Diego Hallivis (également au scénario, avec son frangin Julio) : le film s'impose de lui-même autant comme une comédie satirique qu'un bout d'horreur horrifico-politique, qui fustige le racisme banalisé et institutionnalisé des États-Unis, tout autant que leur politique d'immigration désastreuse (pour ne pas dire affligeante et inhumaine).

Fin comme du gros sel, quand bien même il se rêve comme un héritier du cinéma de Jordan Peele, la péloche annonce donc très vite la couleur, avec une introduction façon montage clipesque montrant les camps de détention et les invectives déshumanisantes de la droite républicaine sur la communauté latino-américaine, culminant sur un extrait du discours d'investiture de Donald Trump.

Copyright Tiberius Film GmbH

La haine raciale n'est jamais masquée, comme au quotidien dans un pays de l'oncle Sam où les extrémistes paradent sans complexe (comme en France, à un degré moindre il est vrai, mais quand même), et elle sert de contexte palpable à cette comédie satirico-horrifique qui exacerbe que très légèrement la réalité, articulant son récit autour d'une application extrême d'une loi sur l'immigration, déclarant que tous les membres d'une famille d'immigrants sans papiers - même les enfants nés sur le sol américain - qui aident et encouragent un criminel, devra être incarcéré dans des centres de détention.

Ce qui arrive à JP et Lily, deux frère et soeur qui sont chacun incarcérés dans un centre de détention et confrontés à un choix : soit il essaye de retrouver leur vie d'avant via les affres d'un système juridique lent et complexe, soit faire du bénévolat dans un nouvel établissement de soins pour personnes âgées géré par le gouvernement, et vivre dans des conditions un peu plus confortable.
C'est cette seconde option qui est choisi par JP, qui va vite comprendre que rien ne va dans cet établissement, avec ses résidents qui l'avertissent de fuir pendant des instants de lucidité terrifiants, eux qui semblent affligés d'une condition mystique, qui les fait mourir en se contorsionnant d'une manière incontrôlable...

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S'inscrivant pleinement dans la sous-exploitation horrifique actuelle, citant avec plus où moins de malice les papes Wes Craven, John Carpenter et George A. Romero, en louchant sur une actualité douloureusement réaliste (les principes de l'Amérique néo-colonialiste n'ont jamais paru aussi proches d'un comeback depuis l'élection de Trump) pour démontrer que le racisme est plus que profondément ancré dans les moeurs du pays de l'Oncle Sam - mais pas que -, American Carnage se veut comme une oeuvre certes confuse mais militante, un miroir probant et terrifiant de la société contemporaine et du racisme ordinaire, bien qu'il est moins la finesse d'un Get Out que celle d'un The Purge.

Dommage, d'autant qu'il semblait graver sur sa bifurcation ludique des codes du teen movie, au-delà de son propos sur la dégradation/dépravation de la politique d'immigration nord-américaine, une constatation parallèle sur le traitement tout aussi négligé du troisième âge (malheureusement plus accessoire au sein de l'intrigue).
Pas subtil pour un sou donc (logique tant il considère la parodie/satire comme le seul moyen de dépeindre cette cruauté systémique) et un poil grossier voire inconsistant sur les bords, mais pertinent dans sa manière de sonder la désillusion et les fausses promesses d'un rêve américain qui n'est pas permis à tous.

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Avec leurs moyens - limités -,  les frangins Hallivis sensibilisent et questionnent avec mordant et brutalité son auditoire, sur les problèmes sociaux et raciaux auxquels sont confrontés les latino-américains (et une bonne chiquette sur le capitalisme rampant), tout en tentant de le divertir.
Pas toujours adroit donc, mais qui mérite pleinement notre attention.


Jonathan Chevrier


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