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[CRITIQUE] : Àma Gloria


Réalisatrice : Marie Amachoukeli
Avec : Louise Mauroy-Panzani, Ilça Moreno ZegoArnaud Rebotini,...
Distributeur : Pyramide Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h24min

Synopsis :
Ce film est présenté à la Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2023 et en fait l'ouverture.

Cléo a tout juste six ans. Elle aime follement Gloria, sa nounou qui l’élève depuis sa naissance. Mais Gloria doit retourner d'urgence au Cap-Vert, auprès de ses enfants. Avant son départ, Cléo lui demande de tenir une promesse: la revoir au plus vite. Gloria l’invite à venir dans sa famille et sur son île, passer un dernier été ensemble.



Critique :


La délicatesse, c'est ainsi que l'on pourrait définir, d'une manière un brin simpliste il est vrai, le cinéma de la cinéaste française Marie Amachouleki, une impression qui embaumait déjà ses premiers courts-métrages mais aussi son premier long-métrage, Party Girl, co-réalisé avec Claire Burger et Samuel Theis, belle chronique au naturalisme Kechichien sur les errances d'une sexagénaire Gena Rowlandesque (magnifique Angélique Litzenburger), très justement primé par une Caméra d'or à Cannes, en 2014.

Son premier effort en solo - et à forte tendance autobiographique -, Àma Gloria, ne déjoue absolument pas cette règle, il la confirme, la sublime même (même dans ces petites insertions animées), vissé qu'il est sur la relation intime et tendre qui unit une nounou, Gloria, et la petite fille dont elle s'occupe depuis la naissance, Cléo; une union bousculée alors que la première doit rentrer chez elle, au Cap-Vert, pour s'occuper de ses enfants.

Copyright Pyramide Distribution

Petit bout de gamine intelligente et vive, Chloé, après la perte de sa mère (d'un cancer, alors qu'elle n'avait qu'une poignée de semaines), avait instinctivement fait de Gloria, sa nouvelle figure maternelle (alors que, paradoxalement, celle-ci ne l'est plus réellement pour ses propres enfants), et c'est tout un monde qui s'effondre si elle s'en va (elle aussi, après la mort d'un cancer de sa propre mère).
Il y a une merveilleuse et intense affection qui les unit, presque instinctive, qui transcende la barrière des liens du sang et les liens culturels pour incarner quelque chose de plus puissant et unique, dictée par le cœur, faites de petits moments précieux et charnières.

Mais si leur séparation est inévitablement douloureusement - pour les deux -, Cléo se voit offrir la permission par son père, de pouvoir arracher en douceur le pansement de cette plaie atroce, en passant un dernier été avec sa nounou chez elle, au Cap-Vert.
Un dernier été pour découvrir le monde de Gloria, pour profiter d'une union fusionnelle et complice, tout en regards et en caresses, une physicalité maternelle et magnétique qui panse les douleurs les plus profondes, bâtit les piliers essentiels de l'enfance, fait franchir les capes déchirant de ce que l'on appelle " grandir ".

Copyright Pyramide Distribution

Dans cette dimension pure et intime les plans se rétrécissent, la caméra fusionne avec les corps et les visages dans un acte délicat et jamais intrusif, comme pour mieux, elle aussi, reproduire la tendresse touchante qu'on ses deux âmes unies par un amour entier et réciproque
Un équilibre certes précaire mais grandiose, qui s'appuie autant sur une écriture sèche et ciselée, rendant extraordinaire le commun, incandescent le famllier, que sur une interprétation formidable de son duo vedette complémentaire Ilça Moreno Zego/Louise Mauroy-Panzani; surtout la seconde absolument incroyable, dont le langage corporel autant que les regards désarmants de vérité, transmettent avec force la complexité des pensées et sentiments de l'enfance.

S'il ne masque jamais la réalité de la dynamique économique et émotionnelle complexe du lien enfant-nounou (l'exil de certaines femmes courageuses, abandonnant leurs familles pour subvenir à leurs besoins, en s'occupant de celles des autres), Àma Gloria se fait le portrait déchirant qui respire l'honnêteté et la chaleur, de deux petits cœurs battants l'un pour l'autre à l'unisson.
L'humanité dans ce qu'elle a de plus vraie et renversante.


Jonathan Chevrier


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