[TOUCHE PAS À MES 80ϟs] : #175. Lifeforce
Nous sommes tous un peu nostalgique de ce que l'on considère, parfois à raison, comme l'une des plus plaisantes époques de l'industrie cinématographique : le cinéma béni des 80's, avec ses petits bijoux, ses séries B burnées et ses savoureux (si...) nanars.
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
#175. Lifeforce, L'Étoile du mal de Tobe Hooper (1985)
C'est lorsque les cinéastes ne sont plus parmi nous, qu'ils nous manquent décemment le plus.
Cette vérité générale foutrement évidente et digne d'être dégueuler par un Captain Obvious du pauvre, n'a pourtant jamais été aussi vraie que lorsqu'on la juxtapose sur la disparition de quelques-uns des plus grands maîtres de l'horreur.
Que ce soit feu Wes Craven, George Romero ou encore Tobe Hooper, si l'on avait vraiment du mal à soutenir leurs dernières péloches en salles ou directement dans les bacs (ce qui ajoute une tristesse encore plus douloureuse à leurs fins de carrières), il est aujourd'hui bien plus difficile de ne pas les regarder, tout comme leurs plus indéfendables bandes, avec une certaine mélancolie voire même une bienveillance assez étonnante.
Impossible aujourd'hui donc, de ne pas ressentir une certaine tendresse à la vision d'un Massacre à la Tronçonneuse 2 (gros trip baroque et outrancier avec un Dennis Hopper sous-coke et avec des putains de tronçonneuses !), d'un L'invasion vient de Mars (remake un poil suranné des Envahisseurs de la Planète Rouge, entre la parodie assumée et le revival des péloches SF fauchées made in 50s/60s) ou meme d'un Le Crocodile de la Mort (honnête petit bout d'horreur cultivant une horreur bien inconfortable), d'autant plus que Hooper a toujours incarné une figure à la fois puissante et attachante, aussi vite avalée que recrachée par la machine Hollywoodienne, et qui ne s'est jamais vraiment remis de sa longue traversée du désert amorcée après la fin de son association avec une Cannon ayant déjà plus d'un pied dans la tombe, à la fin des 80s.
Même Lifeforce vaut désormais son petit pesant de pop-corn (lui qui était un temps promis à Michael Winner, heureusement occupé sur le démentiel Death Wish 3), melting-pot foutraque, gore et sexy comme jamais, un petit spectacle accouché dans la douleur (tellement qu'on ne dénombre plus ses montages tronqués), certes inégal et coincé le cul entre les deux fauteuils du blockbuster généreux et la série B décomplexée, mais qui fleure tellement bon la VHS qu'il est impossible de ne pas se laisser emporter par sa nostalgie et sa folie pure.
Sa folie pure oui, comme celle de Hooper de jouer la spiritualité tout en titillant les fantasmes prépubères avec une gratuité so 80s - Mathilda May, au sommet de son charme.
Une intrigue surchargée signée par les têtes pensantes Dan " Alien " O'Bannon et Ronald " Arachnophobie " Shusett (qui ont adaptés le roman éponyme de Colin Wilson), entre le space opera foutraque avec des vampires de l'espace à poil, et le thriller spiritualo-philosophico-horrifique avec un doigt d'Invasion des profanateurs de sépultures, de film catastrophe et de film de zombies (!); la péloche et sa tension sexuelle omniprésente, pas même plombée par le score fantasy-esque de Don Mancini, est un bordel sans nom qui, contre toute attente, trouve une cohérence dans ses incohérences, de la grandeur dans sa décadence.
De la mise en scène fluide de Hooper à la photographie léchée d'Alan Hume, en passant par des effets spéciaux pas si vieillot de John Dyskstra (dans leur jus 80s, mais quand-même), où même son sous-texte subtilement dévastateur (la possession véhiculée comme un virus que l'on se transmet, très 80s là encore, mais qui a une signification toute particulière avec l'épidémie de Sida), Lifeforce mérite infiniment bien plus que son statut de gentil nanar Cannonien, tout comme Hooper mérite qu'on se penche avec plus de sérieux et moins de cynisme sur son œuvre...
Jonathan Chevrier
Une époque de tous les possibles où les héros étaient des humains qui ne se balladaient pas tous en collants, qui ne réalisaient pas leurs prouesses à coups d'effets spéciaux et de fonds verts, une époque où les petits studios (Cannon ❤) venaient jouer dans la même cour que les grosses majors légendaires, où les enfants et l'imaginaire avaient leurs mots à dire,...
Bref, les 80's c'était bien, voilà pourquoi on se fait le petit plaisir de créer une section où l'on ne parle QUE de ça et ce, sans la moindre modération.
Alors attachez bien vos ceintures, mettez votre overboard dans le coffre, votre fouet d'Indiana Jones et la carte au trésor de Willy Le Borgne sur le siège arrière : on se replonge illico dans les années 80 !
#175. Lifeforce, L'Étoile du mal de Tobe Hooper (1985)
C'est lorsque les cinéastes ne sont plus parmi nous, qu'ils nous manquent décemment le plus.
Cette vérité générale foutrement évidente et digne d'être dégueuler par un Captain Obvious du pauvre, n'a pourtant jamais été aussi vraie que lorsqu'on la juxtapose sur la disparition de quelques-uns des plus grands maîtres de l'horreur.
Que ce soit feu Wes Craven, George Romero ou encore Tobe Hooper, si l'on avait vraiment du mal à soutenir leurs dernières péloches en salles ou directement dans les bacs (ce qui ajoute une tristesse encore plus douloureuse à leurs fins de carrières), il est aujourd'hui bien plus difficile de ne pas les regarder, tout comme leurs plus indéfendables bandes, avec une certaine mélancolie voire même une bienveillance assez étonnante.
© 1985 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved. |
Impossible aujourd'hui donc, de ne pas ressentir une certaine tendresse à la vision d'un Massacre à la Tronçonneuse 2 (gros trip baroque et outrancier avec un Dennis Hopper sous-coke et avec des putains de tronçonneuses !), d'un L'invasion vient de Mars (remake un poil suranné des Envahisseurs de la Planète Rouge, entre la parodie assumée et le revival des péloches SF fauchées made in 50s/60s) ou meme d'un Le Crocodile de la Mort (honnête petit bout d'horreur cultivant une horreur bien inconfortable), d'autant plus que Hooper a toujours incarné une figure à la fois puissante et attachante, aussi vite avalée que recrachée par la machine Hollywoodienne, et qui ne s'est jamais vraiment remis de sa longue traversée du désert amorcée après la fin de son association avec une Cannon ayant déjà plus d'un pied dans la tombe, à la fin des 80s.
Même Lifeforce vaut désormais son petit pesant de pop-corn (lui qui était un temps promis à Michael Winner, heureusement occupé sur le démentiel Death Wish 3), melting-pot foutraque, gore et sexy comme jamais, un petit spectacle accouché dans la douleur (tellement qu'on ne dénombre plus ses montages tronqués), certes inégal et coincé le cul entre les deux fauteuils du blockbuster généreux et la série B décomplexée, mais qui fleure tellement bon la VHS qu'il est impossible de ne pas se laisser emporter par sa nostalgie et sa folie pure.
Sa folie pure oui, comme celle de Hooper de jouer la spiritualité tout en titillant les fantasmes prépubères avec une gratuité so 80s - Mathilda May, au sommet de son charme.
© 1985 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All Rights Reserved. |
Une intrigue surchargée signée par les têtes pensantes Dan " Alien " O'Bannon et Ronald " Arachnophobie " Shusett (qui ont adaptés le roman éponyme de Colin Wilson), entre le space opera foutraque avec des vampires de l'espace à poil, et le thriller spiritualo-philosophico-horrifique avec un doigt d'Invasion des profanateurs de sépultures, de film catastrophe et de film de zombies (!); la péloche et sa tension sexuelle omniprésente, pas même plombée par le score fantasy-esque de Don Mancini, est un bordel sans nom qui, contre toute attente, trouve une cohérence dans ses incohérences, de la grandeur dans sa décadence.
De la mise en scène fluide de Hooper à la photographie léchée d'Alan Hume, en passant par des effets spéciaux pas si vieillot de John Dyskstra (dans leur jus 80s, mais quand-même), où même son sous-texte subtilement dévastateur (la possession véhiculée comme un virus que l'on se transmet, très 80s là encore, mais qui a une signification toute particulière avec l'épidémie de Sida), Lifeforce mérite infiniment bien plus que son statut de gentil nanar Cannonien, tout comme Hooper mérite qu'on se penche avec plus de sérieux et moins de cynisme sur son œuvre...
Jonathan Chevrier