[CRITIQUE] : Yannick
Réalisateur : Quentin Dupieux
Acteurs : Raphaël Quenard, Pio Marmaï, Blanche Gardin, Sébastien Chassagne, Agnès Hurstel,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h05min
Synopsis :
En pleine représentation de la pièce « Le Cocu », un très mauvais boulevard, Yannick se lève et interrompt le spectacle pour reprendre la soirée en main...
Critique :
Une année ciné sans un cannevas de la douce bizzarerie du cinéma de Quentin Dupieux n'est pas totalement une année ciné française, un peu comme si nous n'avions pas notre double dose de douceur made in Hong Sang-soo : décemment pas une bonne année.
Et si 2021 a été sevrée de ses délires en salles, 2022 avait gentiment corriger le tir avec pas moins de deux péloches, Incroyable mais vrai tout d'abord et Fumer fait tousser par la suite, adoubé par la Croisette - en séance de minuit.
Vingt-deux ans déjà que le bonhomme hante le septième art par son génie absurde, une oeuvre démarré tout en nuance avec Nonfilm - tout est dans le titre -, sorte de mise en abyme où le film, tout comme Dupieux, réfléchissait à son propre processus de création.
C'est, étonnamment, vers l'inverse que tant à voguer son onzième long-métrage, Yannick, dont la sortie fut presque aussi inattendue que rafraîchissante (une campagne promotionnelle tout simplement géniale), puisque ce n'est pas Dupieux qui réfléchit cette fois sur son propre processus artistique, via un concept dont lui seul a le secret, mais bien lui qui intime son spectateur à réfléchir sur son rapport avec l'art, à une heure où il est acquis qu'il n'est plus " essentiel ".
Tourné en deux temps, trois mouvements (à peine six jours, et monté en autant de temps), Yannick est décemment le plus épuré des films du cinéaste depuis longtemps - 1h05 au compteur, générique compris -, sans doute parce qu'il est peut-être, aussi, son plus urgent.
Linéaire comme rarement, il déroule une histoire en apparence simpliste (lors de la représentation d'une piètre comédie de boulevard affreusement surjouée, un spectateur se lève et fait connaître son mécontentement aux comédiens présents sur scène) pour mieux enfermer son (ses) auditoire dans un huis clos à la fois drôle et malaisant, où la question du rapport et de ce que signifie l'art selon le spectateur, est imposée par l'inattendu : une interruption spontanée, un rejet, un coup de gueule, l'expression publique d'une frustration par l'interruption, par l'irruption du réel dans la fiction.
Acteurs : Raphaël Quenard, Pio Marmaï, Blanche Gardin, Sébastien Chassagne, Agnès Hurstel,...
Distributeur : Diaphana Distribution
Budget : -
Genre : Comédie.
Nationalité : Français.
Durée : 1h05min
Synopsis :
En pleine représentation de la pièce « Le Cocu », un très mauvais boulevard, Yannick se lève et interrompt le spectacle pour reprendre la soirée en main...
Critique :
Avec le génial #Yannick, Dupieux déroule une narration en apparence simpliste pour mieux enfermer son (ses) auditoire dans un huis clos à la fois drôle et malaisant, pour mieux questionner son rapport et la signification qu'il a de l'art, à une heure où il n'est plus "essentiel". pic.twitter.com/B0EzPJ8uxg
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 30, 2023
Une année ciné sans un cannevas de la douce bizzarerie du cinéma de Quentin Dupieux n'est pas totalement une année ciné française, un peu comme si nous n'avions pas notre double dose de douceur made in Hong Sang-soo : décemment pas une bonne année.
Et si 2021 a été sevrée de ses délires en salles, 2022 avait gentiment corriger le tir avec pas moins de deux péloches, Incroyable mais vrai tout d'abord et Fumer fait tousser par la suite, adoubé par la Croisette - en séance de minuit.
Vingt-deux ans déjà que le bonhomme hante le septième art par son génie absurde, une oeuvre démarré tout en nuance avec Nonfilm - tout est dans le titre -, sorte de mise en abyme où le film, tout comme Dupieux, réfléchissait à son propre processus de création.
Copyright ATELIER DE PRODUCTION/CHI-FOU-MI PRODUCTIONS/QUENTIN DUPIEUX 2023 |
C'est, étonnamment, vers l'inverse que tant à voguer son onzième long-métrage, Yannick, dont la sortie fut presque aussi inattendue que rafraîchissante (une campagne promotionnelle tout simplement géniale), puisque ce n'est pas Dupieux qui réfléchit cette fois sur son propre processus artistique, via un concept dont lui seul a le secret, mais bien lui qui intime son spectateur à réfléchir sur son rapport avec l'art, à une heure où il est acquis qu'il n'est plus " essentiel ".
Tourné en deux temps, trois mouvements (à peine six jours, et monté en autant de temps), Yannick est décemment le plus épuré des films du cinéaste depuis longtemps - 1h05 au compteur, générique compris -, sans doute parce qu'il est peut-être, aussi, son plus urgent.
Linéaire comme rarement, il déroule une histoire en apparence simpliste (lors de la représentation d'une piètre comédie de boulevard affreusement surjouée, un spectateur se lève et fait connaître son mécontentement aux comédiens présents sur scène) pour mieux enfermer son (ses) auditoire dans un huis clos à la fois drôle et malaisant, où la question du rapport et de ce que signifie l'art selon le spectateur, est imposée par l'inattendu : une interruption spontanée, un rejet, un coup de gueule, l'expression publique d'une frustration par l'interruption, par l'irruption du réel dans la fiction.
Une frontière censée être infranchissable, par le pacte tacite liant le spectateur et la scène et qui, une fois qu'il est rompu, ne peut décemment pas se régler sans heurts.
Absurde sans réellement l'être, pur vaudeville qui, ironiquement, vient lui-même interrompre un vaudeville lui aussi fictionnel, Yannick, c'est le cri du cœur d'un auditoire qui n'en peut plus, opprimé par une société de plus en plus répressive et oppressante, à la fois amusant et désespéré, émouvant et lunaire, et qui ne demande qu'à jouir d'une petite évasion créative, pour décompresser, pour ne plus subir, pour se sentir à nouveau vivant avant de replonger dans la (notre) réalité.
Dominé de la tête et des épaules par un Raphaël Quenard des grands soirs, le Dupieux nouveau, à une heure où l'on pensait que sa mécanique se grippait de plus en plus, profite de sa courte durée pour aller strictement à l'essentiel.
Peut-être le début d'un second souffle d'une carrière qui, jusqu'à présent, ne manquait pas de toupet... comme Yannick.
Verdict avec Daaaaaali !, pour lequel il s'essayera, à sa manière, aux codes conventionnels du biopic.
Jonathan Chevrier
Copyright ATELIER DE PRODUCTION/CHI-FOU-MI PRODUCTIONS/QUENTIN DUPIEUX 2023 |
Absurde sans réellement l'être, pur vaudeville qui, ironiquement, vient lui-même interrompre un vaudeville lui aussi fictionnel, Yannick, c'est le cri du cœur d'un auditoire qui n'en peut plus, opprimé par une société de plus en plus répressive et oppressante, à la fois amusant et désespéré, émouvant et lunaire, et qui ne demande qu'à jouir d'une petite évasion créative, pour décompresser, pour ne plus subir, pour se sentir à nouveau vivant avant de replonger dans la (notre) réalité.
Dominé de la tête et des épaules par un Raphaël Quenard des grands soirs, le Dupieux nouveau, à une heure où l'on pensait que sa mécanique se grippait de plus en plus, profite de sa courte durée pour aller strictement à l'essentiel.
Peut-être le début d'un second souffle d'une carrière qui, jusqu'à présent, ne manquait pas de toupet... comme Yannick.
Verdict avec Daaaaaali !, pour lequel il s'essayera, à sa manière, aux codes conventionnels du biopic.
Jonathan Chevrier