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[CRITIQUE] : Un Hiver en été


Réalisatrice : Laetitia Masson
Acteurs : Nicolas Duvauchelle, Clémence Poésy, Élodie Bouchez, Judith Chemla, Cédric Kahn, Benjamin Biolay, Nora Hamzawi, Hélène Fillières, Laurent Stocker, Pablo Pauly,...
Distributeur : Jour2Fête
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Français.
Durée : 1h50min.

Synopsis :
Dix personnages surpris par un froid glacial en plein été. Des rencontres, de la solitude, de l’espoir, de la peur, de l’amour, une chanson, la lutte des classes, et des rêves. Dix fragments d’humanité qui forment un tableau impressionniste de la France, aujourd’hui. Un hommage aux Nymphéas.



Critique :


Il y a quelque chose de profondément terrifiant à l'idée que le point de départ du nouveau long-métrage de la cinéaste Laetitia Masson, Un Hiver en été, qui s'appuie frontalement sur un dérèglement climatique qui est déjà bien ancré dans nos quotidiens, soit plus que plausible : un mois de juin glaciale, où les températures froleraient plus avec un zéro pointé que la canicule irrespirable.
Après tout, les hivers deviennent tellement plus doux, avec un soleil qui s'affirme sans complexe, qu'il n'est pas si dissonant d'imaginer une inversion des rôles entre les deux saisons aux antipodes l'une de l'autre, tant tout nous apparaît désormais possible - surtout le pire.

De ce constat dystopique/apocalyptique réaliste, la cinéaste en tire une comédie dramatico-romantique chorale prenante même si un brin décousue, sensiblement dans l'ombre du maître Alain Resnais, où une poignée de personnages s'assemblent et se bousculent au coeur d'un été définitivement pas comme les autres.

© CHRISTMAS IN JULY - LES FILMS DU KIOSQUE

Forte d'une distribution résolument impressionnante (Nicolas Duvauchelle, Clémence Poésy, Élodie Bouchez, Judith Chemla, Cédric Kahn, Benjamin Biolay, Nora Hamzawi, Hélène Fillières, Laurent Stocker et Pablo Pauly), la cinéaste dresse une fresque humaine douce-amère sur une impression de fin du monde douloureusement persistante (et faisant cruellement écho à la récente pandémie du Covid-19), où les cœurs ne savent plus véritablement s'il faut s'unir où se déchirer.
Une vraie chronique humaine donc (avec Les Nymphéas de Claude Monnet en totem symbolique), tant Laetitia Masson s'échine à dresser un canevas disparate de multiples personnages aux traits suffisamment diversifiés (et au traitement suffisamment homogène, histoire de ne rien gâcher), pour ne pas paraître trop redondant, dont elle tricote les liens avec minutie.

Où comment retranscrire chaos de la vie au cœur d'un chaos universel, certes pas toujours juste ni adroit dans sa volonté de croquer un instantané de la France actuelle sous fond de quasi-apocalypse, mais intéressant dans sa manière de retranscrire avec sensibilité une angoisse, un malaise choral et palpable, qui nous ramène à un passé tellement proche qu'il n'en est pas encore complément un.


Jonathan Chevrier