[CRITIQUE] : Tinnitus
Réalisateur : Gregório Graziosi
Avec : Joana de Verona, Andre Guerreiro Lopes, Indira Nascimento, Antonio Pitanga,…
Distributeur : Wayna Pitch
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Brésilien.
Durée : 1h45min
Synopsis :
Marina, 30 ans, est une ancienne plongeuse professionnelle qui souffre de bourdonnements dans les oreilles affectant son équilibre physique et mental. Éloignée des bassins depuis un terrible accident, elle décide de reprendre la compétition dans l'espoir de remporter une médaille olympique.
Critique :
Sur le papier, et avant même de se rendre dans une salle obscure, le second long-métrage du réalisateur brésilien Gregório Graziosi (Obra), Tinnitus, rappellait, sur de nombreux points, l'excellent Nadia, Butterfly sorti justement à la même époque estivale l'an dernier, film qui lui aussi se voulait comme une approche sensorielle et même presque anthropologique, sur les atermoiements d'une nageuse professionnelle - ici la discipline très exigeante du plongeon synchronisé féminin.
Mais si le film de Pascal Plante explorait l'isolement progressif et la crise existentielle d'une athlète ayant pris la décision de raccrocher le bonnet de bain, celui de Graziozi lui, qui adopte la même approche sensorielle mais à des fins résolument plus sociale et politique, à travers le handicap (les acouphènes, un tourment lancinant et incurable pour ceux qui en souffrent) et le portrait psychologique aussi singulier que captivant d'une femme aussi puissante que vulnérable, obligée de se battre pour son indépendance et sa liberté de choix dans une nation réactionnaire et traditionaliste.
Soit Marina, 30 ans au compteur et ancienne plongeuse professionnelle qui souffre d'acouphène, un mal qui affecte autant son équilibre physique et mental, que sa vie de couple.
Une femme rongée par sa frustration de ne plus pouvoir faire ce qu'elle aime, d'être dépossédé de sa passion et même de son propre corps, par un mal qu'elle seul peut entendre, par un mal qui la ronge de l'intérieur et qu'elle ne peut pas pleinement combattre.
Et pourtant, elle décide de reprendre la compétition dans un formidable acte de résilience, dans l'espoir de remporter une médaille olympique...
Tout en inconfort furieux, constamment enlacé entre le thriller psychologique et le fantastique onirique (avec un doigt de réalisme documentaire dans la réalité de la compétition), avec une héroïne triplement opprimée (par le régime politique, les bruits oppressant de São Paulo et par son propre corps), Tinnitus privilégie pleinement le vertige viscéral - plus visuel que sonore - à toute exploration narrative de son sujet (complètement relégué au second plan), ce qui est en fait une expérience à la fois minutieuse mais terriblement incomplète tant elle semble, au-delà d'un rythme flottant (voire même redondant dans ses actions), ne jamais vraiment savoir où aller.
Un vrai cinéma de sensation qui repousse autant qu'il attire (comme ses personnages entre eux, finalement), bouscule mais manque cruellement de profondeur dans son approche, quand bien même il effleure le questionnement fascinant du rapport entre les habitants de São Paulo et leur nation, tout en apportant une exploration plutôt subtil du sentiment amoureux et de ses nombreuses ambiguïté.
Enivrant donc mais pas (totalement) transcendant.
Jonathan Chevrier
Avec : Joana de Verona, Andre Guerreiro Lopes, Indira Nascimento, Antonio Pitanga,…
Distributeur : Wayna Pitch
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Brésilien.
Durée : 1h45min
Synopsis :
Marina, 30 ans, est une ancienne plongeuse professionnelle qui souffre de bourdonnements dans les oreilles affectant son équilibre physique et mental. Éloignée des bassins depuis un terrible accident, elle décide de reprendre la compétition dans l'espoir de remporter une médaille olympique.
Critique :
Tout en inconfort comme son héroïne opprimée, constamment entre le thriller psychologique et le fantastique onirique, #Tinnitus privilégie pleinement le vertige viscéral à toute exploration narrative de son sujet, et incarne une expérience à la fois captivante mais incomplète. pic.twitter.com/SRA0urEL9B
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) July 6, 2023
Sur le papier, et avant même de se rendre dans une salle obscure, le second long-métrage du réalisateur brésilien Gregório Graziosi (Obra), Tinnitus, rappellait, sur de nombreux points, l'excellent Nadia, Butterfly sorti justement à la même époque estivale l'an dernier, film qui lui aussi se voulait comme une approche sensorielle et même presque anthropologique, sur les atermoiements d'une nageuse professionnelle - ici la discipline très exigeante du plongeon synchronisé féminin.
Mais si le film de Pascal Plante explorait l'isolement progressif et la crise existentielle d'une athlète ayant pris la décision de raccrocher le bonnet de bain, celui de Graziozi lui, qui adopte la même approche sensorielle mais à des fins résolument plus sociale et politique, à travers le handicap (les acouphènes, un tourment lancinant et incurable pour ceux qui en souffrent) et le portrait psychologique aussi singulier que captivant d'une femme aussi puissante que vulnérable, obligée de se battre pour son indépendance et sa liberté de choix dans une nation réactionnaire et traditionaliste.
Copyright Wayna Pitch |
Soit Marina, 30 ans au compteur et ancienne plongeuse professionnelle qui souffre d'acouphène, un mal qui affecte autant son équilibre physique et mental, que sa vie de couple.
Une femme rongée par sa frustration de ne plus pouvoir faire ce qu'elle aime, d'être dépossédé de sa passion et même de son propre corps, par un mal qu'elle seul peut entendre, par un mal qui la ronge de l'intérieur et qu'elle ne peut pas pleinement combattre.
Et pourtant, elle décide de reprendre la compétition dans un formidable acte de résilience, dans l'espoir de remporter une médaille olympique...
Tout en inconfort furieux, constamment enlacé entre le thriller psychologique et le fantastique onirique (avec un doigt de réalisme documentaire dans la réalité de la compétition), avec une héroïne triplement opprimée (par le régime politique, les bruits oppressant de São Paulo et par son propre corps), Tinnitus privilégie pleinement le vertige viscéral - plus visuel que sonore - à toute exploration narrative de son sujet (complètement relégué au second plan), ce qui est en fait une expérience à la fois minutieuse mais terriblement incomplète tant elle semble, au-delà d'un rythme flottant (voire même redondant dans ses actions), ne jamais vraiment savoir où aller.
Copyright Wayna Pitch |
Un vrai cinéma de sensation qui repousse autant qu'il attire (comme ses personnages entre eux, finalement), bouscule mais manque cruellement de profondeur dans son approche, quand bien même il effleure le questionnement fascinant du rapport entre les habitants de São Paulo et leur nation, tout en apportant une exploration plutôt subtil du sentiment amoureux et de ses nombreuses ambiguïté.
Enivrant donc mais pas (totalement) transcendant.
Jonathan Chevrier