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[CRITIQUE] : Blanquita


Réalisateur : Fernando Guzzoni
Actrice : Laura Lopez Campbell, Alejandro Goic, Amparo Noguera,...
Distributeur : ASC Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Chilien, Mexicain, Français, Polonais, Luxembourgeois.
Durée : 1h34min

Synopsis :
Blanca (18 ans) vit à Santiago dans un foyer pour mineurs dirigé par le prêtre Manuel Cura (50 ans). Témoin clé d’une affaire de scandale sexuel impliquant des politiciens chiliens, Blanca se retrouve poussée par Manuel au centre de l’attention médiatique. Elle devient une héroïne féministe pour certains, mais plus l’enquête avance, moins le rôle de Blanca semble clair.



Critique :


On ne dénombre plus les drames inspirés de faits réels, qui se font justement vampiriser par les événements qu'ils comptent, que leurs narrations n'ont presque plus de sens autre que de jouer la carte artificielle de la simple exposition des faits, sans le moindre regard critique derrière, sans la moindre observation un tant soit peu personnelle et/où originale.

Trouver l'équilibre entre l'importance requise au sujet et à l'histoire qui doit pousser le spectateur à s'y plonger, est un exercice aussi délicat que précaire, mais il est trouvé avec un certain brio par le cinéaste chilien Fernando Guzzoni avec Blanquita, vraie expérience de cinéma immersive et intense revenant sur l'enquête entourant sur l’affaire Spiniak (l'une des plus importantes et controversées de l‘histoire judiciaire, politique et journaliste de récente mémoire, ayant bousculée le " Jaguar de l'Amérique du Sud "), qui avait mise à jour un réseau de prostitution enfantine et de pédophilie dirigé par un puissant homme d'affaires chilien.

Copyright Benjamín Echazarreta / Quijote Films / ASC Distribution

Vissé sur une jeune femme, Blanca/Blanquita, vivant dans un foyer pour mineurs dirigé par le généreux mais pragmatique prêtre Manuel Cura, et qui par la force des choses (et la force de persuasion du dit prêtre, surtout), deviendra un témoin clé dans le scandale même si au fil du temps, les évidences de son témoignage semble de plus en plus nébuleux (Est-elle réellement la victime qu'elle prétend être ? Est-elle manipulée où manipulatrice ?); Guzzoni construit organiquement son récit, mettant autant en lumière les zones grises d'une vérité ambivalente que la complicité latente entre l'État, l'Église et les médias pour discréditer la parole des victimes - et encore plus celle des femmes -, dans une société chilienne qui n'est pas si lointaine des nôtres.

Sensiblement complexe et passionnant dans son auscultation tendue et désespérée à la fois, du scandale, tout en ayant la franchise assez culotté de jouer avec la dichotomie héroïne/victime, avec un personnage in fine imprévisible, pas toujours fiable et dont les véritables intentions restent ambiguës (et cela sans jamais dénigrer la parole des victimes); Blanquita n'est ni moralisateur, ni accusateur et encore moins voyeuriste (aucune scène de violence n'est montrée à l'écran).

Copyright Benjamín Echazarreta / Quijote Films / ASC Distribution

Sans prendre de gants, le film se fait une séance sombre et bouleversante qui pointe les recoins sordides d'une société contemporaine où pour atteindre une once de justice, il faut parfois la puissance d'un hypothétique (bon) mensonge pour faire éclater la vérité, pour faire tomber de sa tour d'ivoire une élite perverse et inhumaine qui avilit son prochain, et est protégée de tout.


Jonathan Chevrier


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