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[CRITIQUE] : Sparta


Réalisateur : Ulrich Seidl
Avec : Georg Friedrich, Florentina Elena Pop, Hans-Michael Rehberg,...
Distributeur : Damned Distribution
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Autrichien, Allemand, Français.
Durée : 1h39min

Synopsis :
Ewald s'est installé en Roumanie il y a plusieurs années. La quarantaine passée, il cherche un nouveau départ. Il quitte alors sa petite amie et part vivre dans l'arrière-pays où il ouvre un centre de judo pour jeunes garçons. Si les enfants profitent d'une nouvelle existence insouciante, la méfiance des villageois, elle, s'éveille rapidement. Ewald est alors obligé d'affronter une vérité qu'il a longtemps refoulée.



Critique :


Tout part d'une polémique bien réelle, celle lancée par le magazine Spiegel en septembre dernier, qui annonçait que sur le tournage du dernier long-métrage en date du cinéaste autrichien Ulrich Seidl, habitué d'être un véritable poil à gratter du septième art européen (pas dans le sens d'un Ruben Östlund, un vrai) montrant au spectateur ce qu'il n'a décemment pas l'habitude - ni l'envie parfois - de voir, Sparta, plusieurs enfants auraient maltraités, alors que leurs propres parents n'auraient pas été mis au courant du sujet du film - la pédophilie fantasmée d'un quadragénaire.

Bien que les procédures judiciaires menées à la fois en Allemagne et en Roumanie, n'ait rien données, le TIFF avait déprogrammé le film de sa sélection - mais point le festival de San Sebastian...

Copyright Damned Films

Ambiance donc pour un cinéaste qui, après nous avoir catapulté avec cynisme au plus près du tourisme sexuel en Afrique (Paradise : Love) et de la chasse d'espèces protégées (Safari), nous confronte dans l'intimité d'un homme doux qui se bat continuellement contre une pédophilie latente, contre un penchant malsain qui le ronge même s'il ne passe jamais à l'acte - face caméra tout du moins -, quand bien même il n'a aucun mal à se doucher nu face à une poignée de gamins qu'il accueille chaque jour dans ce qui aurait uniquement dû être une académie de judo pour mineurs, mais prend vite des atouts de cours de fantasmes idéologuement douteux.

Si la particularité du regard acéré et cynique de Seidl sur les faiblesses de l'humanité occidentale s'est toujours exprimé au coeur de cadres extrêmes et anachroniques, lieux propices à pointer nos travers autant que nos vices jamais réellement cachés, il y a quelque chose de profondément malsain et malaisant dans ce qui est vendu comme une suite du récent Rimini (le personnage de Richie Bravo, est censé être le frangin d'Ewald), où le bonhomme rend plus empathique le prédateur (qui souffre de sa condition) et profondément caricaturaux ceux qui le réprime (des parents violents et alcooliques, qui cognent leur enfants et les fait boire pour qu'ils deviennent de vrais hommes).

Copyright Damned Films

Dans sa quête de compréhension des contradictions de l'humanité, le cinéaste passe un point de retour tant il ne semble n'avoir rien à dire de pertinent sur le sujet, ni même être porté par l'envie de réellement développer/théoriser la pathologie de son protagoniste (dont la psychologie troublée est à peine survolée), au-delà de pointer - habilement cela dit - une jeunesse paumée dans une nation (un continent ?) bouffée par la solitude et la précarité, n'ayant que pour seul choix que de subir la violence quasi-militaire et aveugle de leurs géniteurs, où la bienveillance ambiguë d'un marginal qui ne voit en eux que des fantasmes ambulants.
Il y avait, évidemment, d'autres chemins pour en venir à un tel constat...


Jonathan Chevrier