[CRITIQUE] : Passages
Réalisateur : Ira Sachs
Avec : Franz Rogowski, Ben Whishaw, Adèle Exarchopoulos, Erwan Kepoa Falé,...
Distributeur : Paname Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français, Britannique.
Durée : 1h31min
Synopsis :
L'histoire de deux hommes qui sont ensemble depuis quinze ans et ce qui se passe quand l'un d'eux a une liaison avec une femme.
Critique :
Figure silencieuse mais furieusement importante d'un cinéma indépendant ricain qu'il a su sublimer avec des bandes aussi délicates et humaines qu'elles sont franchement ancrées dans une réalité sociale salvatrice (Keep the Lights On, Love is Strange ou encore Brooklyn Village), Ira Sachs continue gentiment mais sûrement son petit bonhomme de chemin, lui que l'on avait laissé en 2019, sur la Croisette cannoise, avec le mitigé Frankie, où il restait un poil trop en surface dans sa volonté presque Rohmerienne de décortiquer les relations humaines autant que la banalité du quotidien.
Exit le papa du Genou de Claire, c'est à l'autre figure tutélaire française qui irrigue son cinéma, Maurice Pialat, que son fantastique Passages rend honneur - avec même une forte consonance Fassbinderienne -, tout comme son Keep The Lights On auquel le film nous renvoie continuellement, de son ambiance à sa propension à construire son récit autour du passionnel, vissé sur un triangle amoureux malade.
Le film est tout du long vissé sur le personnage de Tomas, un réalisateur de cinéma profondément égocentrique et toxique qui sait exactement ce qu'il veut, et c'est, purement et simplement, tout à la fois, que ce soit son quotidien rangé avec son mari Martin, où sa relation adultère physique et passionnelle avec Agathe, dont le premier ébat sert d'introduction furieusement évocatrice à une histoire où le sexe et l'abandon à l'autre n'a rien de gratuit : il est le moteur féroce du récit, l'expression de la jouissance chaotique d'un homme incarnant lui-même le chaos, qui se nourrit de ses pulsions primaires, fait uniquement ce qu'il lui chante - avec qui il veut - et n'a aucun égard pour les autres qu'il ne veut que contrôler.
Un sale gosse qui n'assume jamais les conséquences de ses actes, narcissique et vulnérable à la fois, détestable et pourtant irrésistible, incarné avec une prestance folle par un Franz Rogowski intense et bestial (devenu, en l'espace d'une poignée d'années, l'un des meilleurs comédiens du moment), qui réalise la prouesse de ne jamais totalement le rendre malveillant, malgré ses actes dévastateurs.
D'autant que Sachs ne le juge jamais et ne fait que pointer sa confusion chaotique, sa brutalité et son impulsivité, notamment au travers des performances tout en intériorité de Ben Whishaw (comme d'habitude, époustouflant) et Adèle Exarchopoulos.
Exploration magnifiquement féroce et naturaliste des voies incompréhensibles du cœur et de la chair, de l'amour et de l'attirance sexuelle, où les réponses données ne sont pas toujours celles que l'on attend, Passages se fait un formidable drame intime et charnel, humain et doux-amer à la fois, sur un narcissisme profond qui dévore la beauté et ronge la passion.
Sans doute le meilleur film de son cinéaste.
Jonathan Chevrier
Avec : Franz Rogowski, Ben Whishaw, Adèle Exarchopoulos, Erwan Kepoa Falé,...
Distributeur : Paname Distribution
Budget : -
Genre : Drame, Romance.
Nationalité : Français, Britannique.
Durée : 1h31min
Synopsis :
L'histoire de deux hommes qui sont ensemble depuis quinze ans et ce qui se passe quand l'un d'eux a une liaison avec une femme.
Critique :
Exploration féroce et naturaliste des voies incompréhensibles du cœur et de la chair, où les réponses données ne sont pas toujours celles que l'on attend, #Passages se fait un formidable drame intime et charnel sur un narcissisme profond qui dévore la beauté et ronge la passion. pic.twitter.com/xBcOcBcz83
— Fucking Cinephiles (@FuckCinephiles) June 21, 2023
Figure silencieuse mais furieusement importante d'un cinéma indépendant ricain qu'il a su sublimer avec des bandes aussi délicates et humaines qu'elles sont franchement ancrées dans une réalité sociale salvatrice (Keep the Lights On, Love is Strange ou encore Brooklyn Village), Ira Sachs continue gentiment mais sûrement son petit bonhomme de chemin, lui que l'on avait laissé en 2019, sur la Croisette cannoise, avec le mitigé Frankie, où il restait un poil trop en surface dans sa volonté presque Rohmerienne de décortiquer les relations humaines autant que la banalité du quotidien.
Exit le papa du Genou de Claire, c'est à l'autre figure tutélaire française qui irrigue son cinéma, Maurice Pialat, que son fantastique Passages rend honneur - avec même une forte consonance Fassbinderienne -, tout comme son Keep The Lights On auquel le film nous renvoie continuellement, de son ambiance à sa propension à construire son récit autour du passionnel, vissé sur un triangle amoureux malade.
Copyright SBS Distribution |
Le film est tout du long vissé sur le personnage de Tomas, un réalisateur de cinéma profondément égocentrique et toxique qui sait exactement ce qu'il veut, et c'est, purement et simplement, tout à la fois, que ce soit son quotidien rangé avec son mari Martin, où sa relation adultère physique et passionnelle avec Agathe, dont le premier ébat sert d'introduction furieusement évocatrice à une histoire où le sexe et l'abandon à l'autre n'a rien de gratuit : il est le moteur féroce du récit, l'expression de la jouissance chaotique d'un homme incarnant lui-même le chaos, qui se nourrit de ses pulsions primaires, fait uniquement ce qu'il lui chante - avec qui il veut - et n'a aucun égard pour les autres qu'il ne veut que contrôler.
Un sale gosse qui n'assume jamais les conséquences de ses actes, narcissique et vulnérable à la fois, détestable et pourtant irrésistible, incarné avec une prestance folle par un Franz Rogowski intense et bestial (devenu, en l'espace d'une poignée d'années, l'un des meilleurs comédiens du moment), qui réalise la prouesse de ne jamais totalement le rendre malveillant, malgré ses actes dévastateurs.
D'autant que Sachs ne le juge jamais et ne fait que pointer sa confusion chaotique, sa brutalité et son impulsivité, notamment au travers des performances tout en intériorité de Ben Whishaw (comme d'habitude, époustouflant) et Adèle Exarchopoulos.
Copyright SBS Distribution |
Exploration magnifiquement féroce et naturaliste des voies incompréhensibles du cœur et de la chair, de l'amour et de l'attirance sexuelle, où les réponses données ne sont pas toujours celles que l'on attend, Passages se fait un formidable drame intime et charnel, humain et doux-amer à la fois, sur un narcissisme profond qui dévore la beauté et ronge la passion.
Sans doute le meilleur film de son cinéaste.
Jonathan Chevrier