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[CRITIQUE] : Fifi


Réalisateur•ice : Jeanne Aslan et Paul Saintillan
Acteurs : Céleste Brunnquell, Quentin Dolmaire, Ilan Schermann,...
Distributeur : New Story
Budget : -
Genre : Comédie Dramatique.
Nationalité : Français.
Durée : 1h48min.

Synopsis :
Nancy, début de l’été... et Sophie, dite Fifi, 15 ans, est coincée dans son HLM dans une ambiance familiale chaotique. Quand elle croise par hasard son ancienne amie Jade, sur le point de partir en vacances, Fifi prend en douce les clefs de sa jolie maison du centre-ville désertée pour l’été. Alors qu’elle s’installe, elle tombe sur Stéphane, 23 ans, le frère aîné de Jade, rentré de manière inattendue. Au lieu de la chasser, Stéphane lui laisse porte ouverte et l’autorise à venir se réfugier là quand elle veut...



Critique :


Au-delà des évasions légères de Cédric Klapisch, on ne peut pas réellement dire que le septième art hexagonal c'était montré sensiblement habile dans ses incursions au cœur d'un teen movie dominé de la tête et des épaules par nos camarades de l'autre côté de la Manche et de l'Atlantique.
Reste que quelques irréductibles gaulois ont tentés avec brio, de corriger le tir avec des péloches hautement recommandables (on pense instinctivement à Les Magnétiques de Vincent Maël Cardona, À l'Abordage de Guillaume Brac, le magnifique Falcon Lake de Charlotte Le Bon où même Les Météorites de Romain Laguna et Stella est amoureuse de Sylvie Verheyde).

On peut décemment ajouter à cette petite liste le très beau premier - et autobiographique - long-métrage du tandem Jeanne Aslan et Paul Saintillan, Fifi, petit morceau de chronique socialo-adolescente bienveillante et tendre sur une ado en quête d'ailleurs, dont on capture les atermoiements au cœur d'un été pas totalement comme les autres.

Copyright New Story

Soit la fameuse Fifi/Sophie du titre, petit bout de femme de quinze ans au cœur d'une famille aussi nombreuses qu'un poil dysfonctionnelle, vivant dans une précarité agrémentée d'alcool et de petits larcins, qui n'entâche en rien l'amour qui unit toute cette petite tribu dont elle est l'un des membres essentiels - elle veille sur les plus jeunes.
Tout bascule lorsqu'elle s'empare des clés de maison d'une de ses camarades de classe, qui part en vacances pour l'été, sa porte de sortie pour quitter la cacophonie de son quotidien et goûter à la quiétude des beaux quartiers.
Mais tout bascule lorsqu'après avoir investit les lieux, elle se retrouve face au fils aîné des maîtres des lieux, Stéphane, bien décidé à profiter du pavillon sans ses parents...

Sauf que l'affrontement dramatique entre ses deux pôles contraires n'aura jamais réellement lieu, tant dénué de tout misérabilisme putassier qu'aurait pu laisser présager ses prémisses sensiblement Dardenniens (où son cadre nancéiens), le récit nuancé privilégie la carte de la fable estivale et solidaire, vissé sur l'apprivoisement de deux âmes solitaires et peu sûres d'elles - mais étonnamment complémentaires -, qui peinent à sensiblement donner un sens à leur vie tout autant qu'ils tentent de déjouer les cartes que celles-ci leur à donner.

Copyright New Story

Drôle et charmant, tout en ayant de surcroît le bon goût de ne pas jouer béatement des codes de la romance sirupeuse (dont il en detourne quelques-uns avec une certaine malice), Fifi se fait une jolie découverte pleine de naturel et de tendresse, une petite bulle estivale simple mais jamais simpliste, portée par un solide tandem Céleste Brunnquell/Quentin Dolmaire.


Jonathan Chevrier