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[CRITIQUE] : The Covenant


Réalisateur : Guy Ritchie
Acteurs : Jake Gyllenhaal, Dal Salim, Alexander Ludwig, Antony Starr, Emily Beecham,...
Distributeur : Amazon Prime Vidéo France
Budget : -
Genre : Action, Thriller, Guerre.
Nationalité : Américain, Britannique.
Durée : 2h03min

Synopsis :
Lors de sa dernière mission en Afghanistan, le sergent John Kinley fait équipe avec l'interprète Ahmed pour arpenter la région. Lorsque leur unité tombe dans une embuscade au cours d'une patrouille, Kinley et Ahmed sont les seuls survivants. Alors que des combattants ennemis les poursuivent, Ahmed risque sa vie pour transporter Kinley, blessé, en sécurité. De retour sur le sol américain, Kinley apprend qu'Ahmed et sa famille n'ont pas obtenu la possibilité d'entrer aux Etats-Unis comme promis. Déterminé à protéger son ami et à rembourser sa dette, Kinley retourne dans la zone de guerre pour récupérer Ahmed et les siens...



Critique :


Depuis qu'il a - un temps - abandonné les super-productions plus où moins défendables du côté des grands studios, Guy Ritchie semble être revenu un brin aux sources de son cinéma, pour preuve sa propension à renouer avec son comédien chouchou Jason Statham (avec qui il n'avait plus tourné - à raison - depuis le four Revolver en 2007), où celle à concocter des œuvres presque brevetées par sa formule comico-violente et extravagante.

Coup sur coup, il est passé de l'auto-référentiel plutôt séduisant The Gentlemen au nerveux et méchant Un Homme en Colère (excellent remake du Convoyeur de Nicolas Boukhrief), avant de bifurquer vers l'espionnage volubile et Ocean-esque Operation Fortune : Ruse de guerre (également dispo sur Prime Vidéo).
Des variations plus cool, presque libres, de ses efforts passés, comme s'il révisait ses gammes avant de passer véritablement la seconde.

CREDIT: EVERETT COLLECTION

En attendant de le voir se perdre à nouveau du côté de la firme aux grandes oreilles Disney (Aladdin 2, Hercule), le bonhomme enchaîne les péloches comme un Woody Allen sous-extas, et sort véritablement de sa zone de confort avec The Covenant, sorte de vestige du film de guerre du milieu des années 2000, visant à fustiger l'ingérence autant que la face sombre de la politique ultra-libérale et du pays de l'oncle Sam (avec une critique frontale envers fustige la décision de Joe Biden de se retirer d'Afghanistan en 2021).
Objet cinématographique hybride - presque deux films en un - entre le thriller, le drame de guerre et le film de (double) sauvetage en deux temps, sur deux hommes/soldats déterminés à s'entraider pour sortir d'Afghanistan.

Soit l'exigeant et rigoureux sergent ricain John Kinley, et le courageux et téméraire interprète afghan Ahmed, qui forment une alliance à contrecœur avant que les deux hommes ne gagnent le respect de l'autre.
Ahmed a accepté ce travail dangereux de collaboration avec la promesse que lui et sa famille obtiendront des visas américains et l'asile une fois la série de mission terminée.
Lorsque l'une des missions de leur escouade visant à localiser et à arrêter les points chauds de l'armement taliban tourne mal, Ahmed risque sa vie pour sauver celle de Kinley.

De retour aux États-Unis en vie, Kinley découvre que son gouvernement n'a - évidemment - pas tenu ses promesses envers Ahmed, dont la famille est maintenant en fuite face aux talibans.
Exaspéré par l'injustice et ravagé autant par le SSPT que son sentiment de culpabilité, Kinley se fait un devoir de retourner par des propres moyens en Afghanistan, pour mettre Ahmed et les siens en sécurité, pour rembourser sa dette morale même si cela signifie remettre à nouveau, sa vie en danger...

CREDIT: EVERETT COLLECTION

Remettant les notions d'humanité, de loyauté, de courage et d'honneur au cœur des débats, tout en exprimant avec rigueur la frustration derrière les mensonges politiques, le sacrifice humain face aux traitements gouvernementaux inhumains (et sa fameuse bureaucratie à deux vitesses, voire à aucune vitesse du tout même), Ritchie, moins intéressé par les angoisses viriles d'un Berg (Lone Survivor) où d'un Bay (13 Hours), sans pour autant les laisser de côté (il forge d'une manière joliment cinématographique les liens qui unissent ses deux héros), ancre comme rarement son cinéma dans la dure politique du réel, laissant sa caméra capturer sobrement et limpidement l'action (autant que les performances de son exceptionnel duo Jake Gyllenhaal/Dar Salim, aussi touchant que convaincant), expurgé de tout sur-découpage où de tout montage survolté qui lui est propre, mais emporté par une tension souvent insoutenable.

Sans doute son meilleur film depuis longtemps, la première fois de sa carrière où il s'attaque ouvertement à un sujet politique (en attendant, peut-être, son The Ministry of Ungentlemanly Warfare, actuellement en tournage et pour lequel il retrouve Henry Cavill et Henry Golding).
Le sérieux et la gravité lui vont très bien.


Jonathan Chevrier